Tourisme durable

Le dauphin, du mythe à la réalité

18 Octobre 2024 - Nature / Préservation

Le Parc national de Port-Cros, dans le Var, a choisi de faire un film pour sensibiliser le public au danger qu’avec des comportements inadaptés, les touristes, pêcheurs ou plaisanciers font courir aux dauphins. Des animaux que l'on croit connaître, bien à tort.  

 

Dauphin dans le sanctuaire Pelagos partagé entre la France, Monaco et l’Italie ©PNPC

 

Beaucoup ont connu l’émotion d’avoir croisé la route d’un dauphin en mer. Le spectacle de ces animaux bondissant au museau en forme de sourire, leur élégante silhouette dans les flots et leur apparente curiosité ou bienveillance nous émerveille, produit une euphorie bien compréhensible. Dans la vie courante, nous n’avons pas si souvent l’occasion de contempler la vie sauvage en liberté.

Et pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. Jusqu’au début du XXème siècle, les dauphins ont été considérés comme une espèce nuisible, et leur chair était consommée. Jusqu’à la série “Flipper le dauphin“ et le film “Le Grand Bleu“ qui ont nourri des représentations positives voire idylliques sur ces animaux, et jusqu’à, sans doute, notre désir de renouer avec un environnement naturel.

 

Excès d’amour
 

On est pasd’un excès de haine à un excès d’amour“ explique un historien dans un film documentaire réalisé par Herlé Jouon à la demande du Parc national de Port-Cros, un établissement public dédié à la recherche et à la conservation des espaces protégés en mer et sur les îles autour de la rade de Hyères, dans le Var en Méditerranée.

 

Le Parc national de Port-Cros regroupe les îles de Porquerolles, du Levant et de Port-Cros, soit 1700 hectares terrestres et 2900 ha marins.  ©PNPC

 

Le Parc a notamment la charge, pour la France, du sanctuaire Pélagos, un espace maritime de 87 500 km2 partagé entre l’Italie, Monaco et la France et destiné à protéger les cétacés, dauphins, cachalots, baleines, rorquals… qui se comptent par dizaines de milliers dans ce sanctuaire.

 

Un film pour sensibiliser le public
 

Affiche du film "Dauphins : regards d’humains" réalisé par Hervé Jouon ©grandangleproductionshoto

 

Le film “Dauphins : regards d’humains” a pour genèse une étude qui pointe précisément “l’excès d’amour” des humains à l’égard des dauphins bleu et blanc qui évoluent dans ces espaces. Depuis 2021, il est certes interdit aux navires d’approcher ces animaux à moins de 100 mètres, de nager aux côtés des dauphins, de les aborder de face, mais malgré quantité d’actions de sensibilisation, “les comportements ne se sont pas améliorés“, souligne Alain Barcelo, gestionnaire au Parc national de Port-Cros et du sanctuaire Pelagos. “Les gens ont continué à se mettre à l’eau avec les animaux, ou à foncer sur eux avec un bateau rapide…”

 

Alain Barcelo, gestionnaire au Parc national de Port-Cros, a été l’un des initiateurs du film "Dauphins : regards d’humains" ©grandangleproductions 

 

Or ces activités d’interaction forcée et brutale avec ces animaux, qui étaient d’ailleurs proposées par des agences aux touristes à des prix exorbitants, ont un impact considérable sur les dauphins, jusqu’à provoquer de sévères blessures voire la mort.

 



Un mode de fonctionnement méconnu
 

Pour illustrer son propos, Alain Barcelo explique : “pour nous humains, la mer est un univers en 2D. Mais si vous plongez, vous découvrez un monde en trois dimensions, tout autant doté d’habitats, de reliefs, de canyons et de biodiversité que sur terre. Et ce monde est celui où les cétacés se déplacent, cherchent leurs proies, se reproduisent, protègent leurs petits, communiquent, le tout par l’ouïe, le son émis par le sonar ou le sifflement, et non par la vue comme nous. Les bruits que nous provoquons perturbent fortement les dauphins, empêchent la propagation de leur communication sonore, sans parler des collisions, qui ne sont pas rares et blessent les animaux”.
 

Des fonds marins diversifiés où les dauphins s’orientent par l’ouïe ©PNPC

 

Il n’est évidemment pas question, pour les touristes, les plaisanciers, de cesser d’observer les dauphins. Mais avec respect et en connaissance de cause. C’est ainsi que le film réalisé par Herlé Jouon, qui sera sur les écrans en octobre 2024, a de grandes ambitions.

Délivrer le savoir que nous avons sur ces espèces et de se rendre compte que le dauphin est un animal sauvage qui a besoin de quiétude - Herlé Jouon.

C’est combattre les idées reçues qui nous conduisent à croire le dauphin toujours bienveillant et curieux de nous rencontrer. Alors que ses bonds et ses sifflements indiquent peut-être un stress, une alerte pour protéger des petits ou sauver le repas de poissons perturbé par le bruit d’un bateau.


Découvrez le film documentaire "Dauphins : regards d'humains" : 
 


Pour en savoir plus :
https://pelagos-sanctuary.org/fr/
https://portcros-parcnational.fr/fr