05 Juillet 2023 - Conservation / Culture / Patrimoine
Situé sur une plage du débarquement en Normandie, le Centre Juno Beach rend hommage aux Canadiens morts pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus qu’un lieu de mémoire, c’est un laboratoire d’idées écoresponsables, qui pourrait inspirer bien des professionnels…
Un lieu de mémoire unique au monde
Planté sur la plage du débarquement anglo-canadien, le Centre Juno Beach (CJB) est un lieu de mémoire et d’histoire qui rend hommage aux 45 000 Canadiens ayant perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce musée est né de l’envie des vétérans de créer un lieu de mémoire, pour raconter le rôle des Canadiens pendant la Seconde Guerre mondiale et pour témoigner sur le Canada d’aujourd’hui. C’est le seul musée canadien situé sur un lieu historique, le CJB étant en bord de mer, sur une dune réhabilitée.
Loin d’être un musée classique présentant des collections, c’est un centre d’interprétation avec un travail de médiation important. Le visiteur est invité à passer par plusieurs états : émotionnel avec un film historique, cérébral avec une partie explicative, et enfin réflexif avec un retour sur les temps présent et à venir. L’ambition du centre est claire : "Se souvenir d’hier pour comprendre aujourd’hui."
La Directrice, Nathalie Worthington, explicite le lien entre tourisme de mémoire et tourisme durable. La médiation spécifique du musée invite les visiteurs à s’interroger sur les valeurs que les Alliés défendraient aujourd’hui : "La menace principale contre la paix dans le monde, ce sont les désordres climatiques ! C’est d’autant plus évident pour nous que le CJB est dans un lieu naturel, entouré d’eau… Le tourisme de mémoire valorise des valeurs nécessaires aujourd’hui plus que jamais. Ces Canadiens ont mené un combat pour nous confier le monde dans lequel nous vivons, c’est à nous d’agir pour que ce monde puisse continuer à être en paix !"
Favoriser les mobilités douces
Le CJB est un établissement soutenu par le gouvernement canadien et reste privé dans sa gestion ; cette structure permet une grande liberté. Les équipes se sont basées sur le bilan carbone annuel du musée pour élaborer une stratégie ambitieuse.
Sans surprise, la plus grande partie des émissions est liée aux transports des visiteurs, précisément 81%, versus 77% en moyenne pour le tourisme en France selon le bilan ADEME tourisme, de nombreux visiteurs étant originaires du Canada. Le CJB a décidé de développer un plan d’actions pour favoriser les mobilités douces.
Nathalie explique : "Nous avons décidé de faire venir plus de gens par des mobilités douces, pour mathématiquement réduire l’impact carbone au niveau global. Nous avons créé un tarif bas carbone. Si le visiteur vient en mobilité douce, le tarif est encore plus bas que le tarif réduit."
Cette idée de tarif bas carbone a plu : la SNCF le soutient en promouvant l’opération, tout comme l’entreprise gestionnaire de bus locale. Grâce à l’attribution d’un fonds européen, un abri vélo a aussi été créé. "Au-delà du nombre de visiteurs concernés par ce tarif bas carbone, qui peut encore progresser, ce dernier amène des discussions passionnantes !" ajoute la Directrice.
En adossant le bilan carbone au plan RSE de la structure, bien des idées sont exploitées : de l’écogeste, tel le remplacement des ampoules, au réemploi du matériel d’une exposition à l’autre en passant par le recyclage de bouchons en plastique en porte-clés souvenir…
Nathalie commente : "C’est un réel travail d’équipe, les salariés ont été formés, notre plan ne pourra se réaliser que si toute l’équipe est au même niveau d’investissement."
Un objectif qu’on ne peut que souhaiter au Centre Juno Beach, en espérant que d’autres structures s’inspirent de leurs idées pour avoir un réel impact sur le climat.