Tourisme durable

Le Cap, un monde haut en couleur

08 Juin 2022 - Art / Culture / Histoire

Tout au bout de l'Afrique, la beauté magnétique de la ville du Cap attire les visiteurs du monde entier. Entre la majestueuse montagne de la Table et les flots rageurs de l'océan, le quartier de Bo-Kaap permet de mieux saisir l'âme de cette cité multiculturelle, surnommée “mother city”, "cité mère".

 

L’incontournable quartier de Bo-Kaap ©Claudio Fonte - Unsplash
L’incontournable quartier de Bo-Kaap ©Claudio Fonte - Unsplash
 
 
Depuis l’épopée du navigateur portugais Bartolomeu Dias franchissant les eaux tumultueuses du cap de Bonne-Espérance en 1488, le Cap, Cape Town en anglais, n’est qu'une escale sur la route des épices. Mais en 1652, les Hollandais décident d'y établir une base de ravitaillement pour les navires. La ville du Cap voit le jour, ainsi que l'histoire d’un pays et ses multiples tourments.
 
 

Un territoire convoité

 
Lors d’une après-midi de visite avec l’organisation Cape Town Free Walking Tours, notre guide Milo tente avec beaucoup de pédagogie de nous donner les clés de l’histoire complexe de sa ville.  "D’abord les explorateurs portugais, puis les Hollandais, ajoutez les Huguenots français, les esclaves venus d’Asie du Sud, les colons anglais arrivés au XIXème siècle, et toutes les migrations qui font année après année de Cape Town un melting-pot." 
 
Voilà la fameuse "Nation arc-en-ciel" chère à Nelson Mandela, métaphore poétique pour parler d’un assemblage de populations très diverses et d’une histoire compliquée.
 
 
Musée de Bo-Kaap installé dans la première maison du quartier datant de 1760 ©David Stanley Flickr
Musée de Bo-Kaap installé dans la première maison du quartier datant de 1760 ©David Stanley Flickr
 

 

 

On se dirige vers le quartier de Bo-Kaap - au-dessus du Cap, reconnaissable à sa kyrielle de petites maisons colorées. C’est le fief des Malais, les Cape Malay, descendants d’esclaves en grande majorité de confession musulmane. "Le terme Malais est trompeur" précise tout de suite notre guide. Au XVIIème siècle, la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales, en quête de main d’œuvre, fait venir des esclaves de différents pays d’Asie, de Malaisie, mais aussi d’Indonésie et d’Inde. Mélangés aux populations locales, Européens compris, ils sont catégorisés comme les coloured, ni blancs ni noirs, et parlent l’Afrikaans, langue proche du néerlandais qui leur permet de communiquer avec l’oppresseur, aujourd’hui devenue l’une des onze langues officielles du pays. 

 
©Laurent Bonnet

©Laurent Bonnet

 
 

Bo-Kaap, cœur historique de la ville

 
Selon notre guide, les couleurs vertes, roses, bleues sur les murs des maisons sont l’expression des habitants du quartier pour symboliser leur culture et leur liberté. Même si la zone n’est pas très grande, c’est un bonheur d’y déambuler à pied, loin des larges avenues modernes du centre-ville. Dans ces ruelles pavées résonne l'appel du muezzin, qui émane de la mosquée Al Awwal, la plus ancienne du pays.
 
 
Bo-Kaap, célèbre pour les façades colorées de ses maisons, vaut bien plus que son succès sur Instagram ©Sophie Squillace
Bo-Kaap, célèbre pour les façades colorées de ses maisons, vaut bien plus que son succès sur Instagram ©Sophie Squillace

 

 
Ce qui séduit le plus dans cette enclave pittoresque, ce sont les odeurs de la cuisine Cap Malaise délicieusement parfumée, non sans rappeler les saveurs indiennes. Devant la maison violette de Faeeza, une habitante de Bo-Kaap qui nous accueille avec générosité pour un cours de cuisine, on est impatient de goûter aux samossas, curry et koeksisters, petits beignets sucrés. 
 
 
En 2019, Bo-Kaap a été classé National Heritage Site ©Sophie Squillace
En 2019, Bo-Kaap a été classé National Heritage Site ©Sophie Squillace

 

 
En continuant la balade, notre guide nous raconte la résistance actuelle des habitants de Bo-Kaap face à l’inévitable gentrification du quartier. L’esprit communautaire est bien vivant et l’a toujours été. Et les raisons de se battre sont nombreuses quand on sait que ce sont dans ses rues qu’est née la ville du Cap au XVIIème siècle, que l’islam y a été introduit et les premiers saints musulmans enterrés. C’est un héritage historique fort en mémoire des esclaves et de leurs descendants aux origines multiculturelles qui donnèrent naissance à l’Afrique du Sud moderne.