Tourisme durable

Le calvaire des éléphants “à touristes”

05 Octobre 2017 - Actualité / Initiatives / Préservation

Si les vaches sont sacrées en Inde, c’est loin d’être le cas des pachydermes : là-bas comme dans les pays voisins, Thaïlande, Laos, Népal, Cambodge, Sri Lanka, les éléphants constituent avant tout une attraction touristique, et sont considérés comme une source de revenus. Derrière l’image si exotique du touriste qui monte à dos d’éléphant se cache un décor bien moins reluisant, où l’animal ne connaît que souffrances et privations.
 

 

Une source de revenus touristiques tout sauf éthique

 

Faisant généralement partie d’une “offre globale”, les animaux s’intègrent au tourisme de masse comme de simples attractions au milieu des visites de musées ou des balades sur la plage…

Les touristes se rendant en Asie du Sud-Est sont ainsi environ 40% à programmer une virée à dos d’éléphant durant leur voyage, correspondant à 12,8 millions de promenades par an rien qu’en Thaïlande, pays qui rassemble à lui seul la moitié des éléphants captifs d’Asie. Autant dire que le filon est rentable, et que les tour-opérateurs comme les compagnies locales ont tout intérêt à ne pas le voir disparaître…

 

 

Éléphants en groupe
À l’instar de son cousin d’Afrique, l’éléphant d’Asie vit naturellement en groupe

 

 

Ce que les touristes ne voient pas, c’est la partie immergée du tourisme lié aux éléphants : arrachés bébés à leur mère, ils sont “dressés” à coups de bâtons et de fouets, vivent dans des conditions déplorables, sont mal et peu nourris, se retrouvent enchaînés ou évoluent dans des cages, meurent prématurément et sont séparés de leurs congénères.

 

Quand on sait que l’éléphant est l’un des animaux les plus intelligents et sensibles qui soient et qu’il vit naturellement en groupe, on comprend facilement la souffrance infligée à ceux capturés en Asie ; ils seraient plusieurs milliers dans chaque pays cité précédemment. Réduits à accueillir les voyageurs sur leur dos, généralement via des selles en bois ou en métal, à faire les clowns ou des tours de pistes, les éléphants sont utilisés sans aucune pitié, à des fins purement lucratives.

 

Petite parenthèse : ne nous leurrons pas, nous rencontrons le même drame au sein de nos frontières… Non, un éléphant dans un cirque n’est pas un éléphant heureux, et une fois de plus, nous ne voyons pas ce qui se passe en coulisses. Un éléphant qui s’assoit a été torturé pour parvenir à se mettre dans cette position tout sauf naturelle, qui lui procure généralement des douleurs et compressions de la colonne vertébrale, et qui, pour conclure, peut constituer un véritable calvaire pour lui.
 

Associations et voyagistes se mobilisent

 


Plus d’une centaine de compagnies à travers le monde ont décidé l’an dernier de supprimer de leurs offres toute attraction entraînant un spectacle ou une balade à dos d’éléphant. Parmi les grandes entreprises touristiques qui ont choisi de regarder le problème en face, citons TripAdvisor et TUI.

Le premier a, en 2016, stoppé la vente d’attractions touristiques entraînant un contact direct avec les éléphants (balades sur leur dos, baignades…). Quant à TUI, il s’est associé à l’ONG World Animal Protection pour éveiller les consciences et tenter d’enrayer la capture des éléphants sauvages. Un travail bien difficile quand on sait que la demande augmente… “Il est urgent et nécessaire d’éduquer les touristes, ainsi que de réguler les attractions liées aux animaux sauvages à travers le monde”, explique le docteur Jan Schmidt-Burbach, vétérinaire chez World Animal Protection.

 


Les éléphants sont dressés pour satisfaire les envies des touristes
Les éléphants sont dressés pour satisfaire les envies des touristes, au détriment de leur bien-être

 

 

L’ONG croit en la création de sanctuaires dans lesquels les éléphants évolueraient librement et en groupe, tout en étant visibles des touristes. À défaut de leur rendre leur liberté, les animaux seraient au moins traités avec soin et leurs besoins essentiels seraient respectés. Leur objectif à court terme est de sauver 1 500 éléphants captifs utilisés à des fins touristiques et commerciales à l’horizon 2020. Ils souhaitent également créer un texte de référence permettant aux organisations touristiques de la région de mettre en place les “bonnes pratiques” et de se tourner vers une autre forme de tourisme, respectueux de l’animal.

Espérons que des initiatives sauront germer et que les consciences des touristes occidentaux s’éveilleront, car ils ont le pouvoir de mettre fin à ce trafic profondément cruel.