Tourisme durable

Laurent Baheux, photographe du vivant

04 Février 2022 - Actualité / Biodiversité / Entretien / Nature / Portrait / Préservation

Il y a des destinées qui se passent de mots, celle de Laurent Baheux s’écrit en photos. Cet homme aux cheveux poivre et sel, comme pour rappeler la couleur de ses clichés, a grandi au milieu de la nature poitevine. Poneys, chèvres, poules, lapins, oiseaux, poissons, chiens et chats, la basse-cour était bien remplie et le rapport aux animaux déjà une évidence. Pourtant ce jeune reporter a débuté sa carrière en tant que photographe sportif aux quatre coins du monde avant d’avoir le déclic pour la beauté animale… Récit de ce passionné militant.

 
Les cochons en liberté ©Laurent Baheux
Les cochons en liberté ©Laurent Baheux

 

 
Pour les natifs des années 1970, l'argentique et le noir et blanc était la panacée et l'ambiance du petit laboratoire avec sa lampe rouge un univers rempli de rêves d’aventures. Laurent, lui le provincial, se voyait en haut de l’affiche à Paris et vivre de sa passion, le sport. “Shooter” les héros de sa jeunesse sur tous les terrains de France, telle était sa mission. Professionnel qu’il est devenu, il a touché du doigt son rêve et même au-delà ! Les Coupes du monde de football et de rugby, les Jeux Olympiques d’Athènes, les tournois de Rolland Garros, il a parcouru et couvert pour différents médias tous les grands évènements sportifs à travers le monde durant des années de manière effrénée jusqu’à... saturation. Saturation de la foule, de la vie citadine, du temps passé dans les transports, de la futilité parfois de son quotidien.
 
 
 
Laurent Baheux dans un 4x4 en Afrique ©Laurent Baheux
Laurent Baheux dans un 4x4 en Afrique ©Laurent Baheux


 

Un besoin urgent de prendre une respiration se fait sentir et il part, l’appareil photo en bandoulière en Afrique pour retrouver sa chère nature. Et là, le choc, l’évidence, le coup de foudre. Il a trente-deux ans et réalise son rêve de gosse... marcher avec les girafes, partager le quotidien des animaux sauvages, dormir sous les étoiles, prendre son temps pour être en harmonie avec le vivant, son nouveau flambeau.
 
“A partir de ce moment-là, qui avait dépassé mes espérances les plus folles, je suis allé une à deux fois par an en Afrique pour mon plaisir. C’était une parenthèse nécessaire pour aller à la rencontre des animaux sauvages, comme une thérapie”.
 
 
Sa majesté l’éléphant d’Afrique ©Laurent Baheux
Sa majesté l’éléphant d’Afrique ©Laurent Baheux

 

 
Durant des années, il avait été missionné par des agences pour des commandes particulières. Mais en Afrique, Laurent travaille et photographie ce qu’il souhaite, personne n’attend ses images. Un luxe pour cet homme qui n'avait de cesse de courir derrière les sportifs.
 
“Ça m'a pris dix ans pour fermer la page du sport. Et je me souviens précisément du moment qui l’a déclenché. Un ami m’a invité à présenter mes photos animalières lors d’une exposition au château de Collioures et là, il s’est passé un truc incroyable... J’ai vu le regard des gens sur mes images ! Ils étaient touchés par procuration”.
 
 
Le zèbre, l’animal enchanteur ©Laurent Baheux
Le zèbre, l’animal enchanteur ©Laurent Baheux

 

 
Depuis, Laurent n’a de cesse de sublimer le monde animal en Afrique, mais aussi en Amérique et même en France car au plaisir s’est ajouté une mission militante : défendre la cause du vivant. À travers l’œilleton de son appareil, il met en lumière la pureté des animaux pour sensibiliser le spectateur à la condition qui leur est réservée. Pas de misérabilisme à travers ses clichés en noir et blanc mais juste du beau, du très beau. À chacun de comprendre ses propos car l’éducation est une priorité et la seule solution à la protection de la nature.
 

 

Scène câline d’ours polaires ©Laurent Baheux
Scène câline d’ours polaires ©Laurent Baheux

 

 
“Je suis un relai sur ce que me disent les scientifiques. Il faut revoir notre relation au monde du vivant, il est temps de changer de comportement avant qu’il ne soit trop tard !”
 
Alors, quand vient la question du tourisme, il répond que c’est un mal pour un bien car sans l’affluence des touristes en Afrique et sans safari photo, il n’y aurait pas autant d’animaux sauvages. 
“Il faut juste accepter de leur laisser une partie du territoire car ils sont là depuis toujours.” 
 
Et de conclure par cette interrogation philosophique :
 
“De quel droit pouvons-nous décider de l’avenir des prédateurs ?”
 
 
Le lion, le roi de la savane ©Laurent Baheux
Le lion, roi de la savane ©Laurent Baheux
 
 
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