
Vous connaissez le Québec pour sûr mais le Nouveau-Brunswick ? C'est au Canada, juste de l'autre côté du Saint-Laurent. Ici les premiers Français se sont installés en Amérique pour établir l'Acadie.
Sur ces terres à la frontière des États-Unis, tout est plus grand, plus gros, plus haut. La baie de Fundy est réputée pour recevoir les plus fortes marées du monde. À chaque cycle, elle déplace un volume d'eau équivalent au rejet quotidien de tous les fleuves et de toutes les rivières du monde soit 100 milliards de tonnes d'eau. Qui dit mieux ? C'est au fond de cette baie, sur l'île Sainte-Croix, que des Français sous la direction de Pierre Dugua de Mons s'établissent en 1604, créant ainsi la première colonie française en Amérique du Nord, nommée Acadie.
Au Nouveau-Brunswick, particulièrement dans le sud-est, on parle le chiac, un mélange de français plus ou moins vieux et d'anglais. Cela peut donner : « je park mon car dans le garage quand je reviens des movies » délicieux sabir. À Shédiac, Radio Beauséjour émet depuis 1994, elle contribue avec neuf autres radios communautaires à la francisation ou à la refrancisation des populations.
« Dans les années 70, on se cachait pour parler français dans la région. Des Leblanc qui sont parmi les familles fondatrices de l'Acadie ont dû changer leur nom en White pour travailler à Moncton, gagner de l'argent et espérer s'élever dans la société. Quand le gouvernement voulait nous éliminer, on s'est battus. Et de rajouter : Y' a pas si longtemps, c'était ringard de parler français, mais depuis la tenue du premier Congrès mondial des Acadiens à Moncton en 1994, on ressent une nouvelle fierté, un nouvel élan nous porte. » explique Serge Parent, le directeur de Radio Beauséjour. L'été 2019 se tiendra le prochain Congrès Mondial Acadien qui attend plus de 200 000 Acadiens du monde entier.
Shédiac est aussi la capitale mondiale du homard. Irène, une habitante, se rappelle que dans les années 50, il n'y avait que les pauvres pour mettre du homard dans leurs sandwichs. De nos jours, fini l'ostracisme, les riches mangent aussi du homard sans éprouver de honte. Et comme le prix au kilo est inférieur à celui du poulet, tout le monde communie dans la dégustation du fameux crustacé de préférence. Et puisqu'on est au Nouveau-Brunswick, la plus grande statue de homard du monde trône sur un terre-plein à l'entrée de la ville. 5 mètres de haut, 11 mètres de long, le bestiau a fière allure.
Du bleu, donc, bleu homard, c'est selon les goûts, du blanc et du rouge. Trois couleurs, trois bandes verticales, assemblées pour composer le drapeau acadien. Comme un air de déjà-vu, sauf qu'une petite étoile jaune, Stella Maris, brille sur le fond bleu. Elle représente Marie et doit guider la petite colonie acadienne à travers les orages et les écueils.
« On a embelli le drapeau français » plaisante, Clovis Jabob, professeur à la retraite et, au risque du pléonasme, fervent Acadien.
Ah on allait oublier de vous parler de l'ours noir. Si par hasard, dans la forêt épaisse, vous en croisez un, gardez votre sang-froid. Si l'animal courbe le dos et baisse les oreilles, c'est qu'il va certainement attaquer. Pas question de vous laisser impressionner. Vous lui foncez dessus en lui criant : va-t’en ! Généralement ça marche.