Tourisme durable

Laos, escapade à Luang Prabang

19 Janvier 2018 - Culture / Patrimoine

Dans les montagnes du nord du Laos, coincée entre la Thaïlande prospère et la Chine conquérante, se trouve l’une des plus belles cités d’Asie du Sud-Est : Luang Prabang. Ici tout n’est que calme, sérénité et temples raffinés. L’ancienne capitale du « royaume du million d’éléphants » mérite que l’on s’y attarde quelques jours. À vrai dire, on y resterait bien toute la vie…

 

 

Cascade de Kuang Si à Luang Prabang
Cascade de Kuang Si à Luang Prabang

 

 

Comme une île au cœur de la jungle
 

 
Peut-on tomber amoureux d’une ville comme on tombe amoureux d’une personne ? Langoureusement étendue sur une presqu‘île formée par la rivière Nam Khan et le Mékong, Luang Prabang est à la fois exotique et familière. Entourée d’une nature luxuriante et occupée par de splendides temples et de belles demeures coloniales, elle a des allures de village. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1995, la circulation automobile y est règlementée, pas de panneaux publicitaires ni de constructions anarchiques. Elle conserve donc une unité que peu de villes peuvent se prévaloir en Asie du Sud-Est.
 
 
 
Villa coloniale transformée en hôtel © Cyril Eberle
Villa coloniale transformée en hôtel © Cyril Eberle

 

 
La richesse de l’architecture de Luang Prabang doit autant à ses temples qu’à ses villas coloniales et ses nombreuses maisons de bois sur pilotis, exemple préservé de l’habitat traditionnel lao. Parfois les genres se mélangent, comme dans la villa abritant l’Institut Français. Elle ressemble à une maison de province française, mais son escalier et sa toiture sont à l’image d’un temple bouddhique. Elle fut la maison d’enfance de Pierre Desproges, dont le père était directeur de l’école primaire de la ville.
 

 

Visite de la cité de l’aube


 
Parmi la trentaine de temples que compte la ville, s’il n’y en avait qu’un à visiter, ce serait certainement le Vat Xieng Thong. Construit au XVIe siècle, c’est l’un des plus anciens et certainement l’un des mieux conservés de la ville. Rien de clinquant, juste de la grâce et de la magie mêlées au parfum exquis des frangipaniers. La ferveur religieuse s’exprime chaque matin à 6h lors du tak bat : la procession matinale des moines auxquels les habitants distribuent leurs rations de riz. Les bonzes forment de longues files couleur safran avec leur bol à aumône en main. Dans la rue principale, la présence des touristes dégainant sans aucune délicatesse leurs appareils photos gâche quelque peu le silence et l’authenticité du rituel. Heureusement les rues secondaires sont beaucoup moins perturbées par le crépitement des flashs.
 
 
 
Rituel du Tak Bat dans les rues de Luang Prabang © Laos Tourism
Rituel du Tak Bat dans les rues de Luang Prabang © Laos Tourism

 

 
Aujourd’hui, hôtels, guesthouses, restaurants, boutiques se succèdent dans les rues pittoresques du centre historique. Les terrasses se multiplient au bord du fleuve et un grand marché de nuit occupe la rue principale chaque soir. Le tourisme se développe un peu plus chaque année, les voyageurs rêvent tour à tour de découvrir l’âme de cette envoûtante cité historique.
 


 

Luang Prabang © Cyril Eberle
Luang Prabang © Cyril Eberle

 

 

Au-delà de la nonchalance qui règne dans les rues de la ville, on apprécie particulièrement l’accueil des habitants, toujours souriants et aimables. Dans les commerces, les vendeurs ne tentent même pas de héler le chaland. On prend alors notre temps pour faire nos emplettes. Paniers en osier, soies tissées, broderies : l’artisanat des ethnies montagnardes est indéniablement plus beau et authentique que les babioles chinoises que l’on trouve dans le marché de nuit à prix cassés. Consommer responsable en voyage prend encore plus de sens, ici on sauve des traditions déjà en voie de disparition. Pour mieux comprendre la richesse de l’artisanat laotien, un tour s’impose au Centre des Arts Traditionnels et de l’Ethnologie (TAEC). Cet excellent musée montre la diversité ethnique et culturelle du pays à travers les costumes et les rites des communautés Akha, Hmong, Tai Lue ou Khmu.
 
 

Voir Luang Prabang et revenir

 
Même si le temps semble s’écouler plus lentement ici, il est déjà l’heure du coucher de soleil et du rendez-vous incontournable sur l’une des terrasses en bois bordant le Mékong, autour de la boisson nationale : la bière Lao. D’autres préfèrent traverser le fleuve pour gagner le temple perdu de Wat Chom Phet, sur la rive droite. Après quelques marches, la vue sur Luang Prabang est un cadeau de contemplation, le plus beau qui soit.
 
 
 
 
Coucher de soleil sur le Mékong à Luang Prabang © Sophie Squillace
Coucher de soleil sur le Mékong à Luang Prabang © Sophie Squillace


 

Pour ne pas rompre brutalement avec la sérénité ambiante, pourquoi ne pas continuer le voyage au fil de l’eau ?  Sur le Mékong, fréquenté par les barques des pêcheurs et les bateaux taxis, quelques sampans, des « bateaux à longue queue », emmènent les voyageurs explorer les environs. Vers les grottes de Pak Ou, pour un pique-nique sur une petite plage déserte ou bien pour voguer plus loin vers d’autres contrées laotiennes au charme presque aussi ensorcelant que Luang Prabang…