Tourisme durable

L’Akagera, fierté du Rwanda

22 Mars 2022 - Biodiversité / Nature / Préservation

Lorsque l’on part en safari au Rwanda à la rencontre des « Big Five », on a du mal à réaliser qu’il y a seulement 20 ans, le parc national de l’Akagera était sur le point de disparaître à jamais. Sa superficie avait été tellement réduite que la biodiversité de la région était pratiquement éteinte. Aujourd’hui pourtant, tel le Phoenix qui renaît de ses cendres, l’Akagera a repris du poil de la bête ! 

 

L’entrée du Parc national de l'Akagera se trouve à un peu plus de deux heures de route de Kigali, la capitale rwandaise ©Sophie Squillace
L’entrée du Parc national de l'Akagera se trouve à un peu plus de deux heures de route de Kigali, la capitale rwandaise ©Sophie Squillace
 
 
Dans l’Est du Rwanda, les collines font place aux plaines et la savane remplace les cultures en terrasses et les forêts verdoyantes de la région des volcans. Baptisé du nom de la rivière Kagera qui longe la frontière avec la Tanzanie, le parc national de l’Akagera abrite toute la grande faune sauvage africaine. Mais s’il est devenu un site incontournable à explorer, ce sanctuaire revient de loin…
 
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De l'oubli à l'espoir

L’Akagera est l’un des trois parcs nationaux du pays, avec le parc des Volcans et celui de la forêt de Nyungwe. Territoire de savane herbeuse, de lacs et de marais, il est aussi l’un des plus anciens d’Afrique, créé en en 1934 par l’administration coloniale belge. Après le génocide des Tutsi de 1994, la superficie de l’Akagera, initialement de 2 700 km², est réduite à 1 100 km² pour offrir aux milliers de réfugiés de retour des pays voisins des terres cultivables.
 
Ces éleveurs Tutsi, ayant parfois quitté le Rwanda depuis plusieurs décennies pour fuir les persécutions, reviennent avec leurs troupeaux et s’installent dans la réserve. Œuvrant à leur propre subsistance, ils abattent les arbres pour le bois et leur bétail investit les savanes sauvages. Le parc de l’Akagera connaît alors ses heures les plus sombres. 

 
En raison de sa grande variété d'habitats, l’Akagera est un site ornithologique exceptionnel ! ©Flickr CC - Visit Rwanda
En raison de sa grande variété d'habitats, l’Akagera est un site ornithologique exceptionnel ! ©Flickr CC - Visit Rwanda

 

 
La faune sauvage est progressivement évincée par des dizaines de milliers de vaches à longues cornes. Les éleveurs empoisonnent un à un les centaines de lions du parc. La plupart des autres espèces sont braconnées ; les rhinocéros disparaissent à leur tour. Les quelques animaux restants se rassemblent vers les derniers espaces de liberté, toujours plus loin vers la frontière tanzanienne.
 
En 2010 seulement, les choses commencent à changer. Cette année-là, la gestion de l’Akagera est déléguée à African Parks, une ONG internationale qui agit face au déclin de plusieurs parcs africains, tels que celui de la Pendjari au Bénin. La démarche innovante d’African Parks tient à un partenariat public-privé, un lien fort avec les communautés locales, une réglementation stricte et une volonté de rendre le parc rentable grâce au développement touristique. 
 
 
Membre du fameux Big 5, le buffle est considéré comme l’animal le plus dangereux de la savane africaine ©Flickr CC - Visit Rwanda
Légende sous phMembre du fameux Big 5, le buffle est considéré comme l’animal le plus dangereux de la savane africaine ©Flickr CC - Visit Rwandaoto


 

Un engagement pour la renaissance du parc     


Les premières actions voient le jour. La construction d’une clôture électrique de 120 km de long réduit nettement les conflits homme/animal. Grâce à la formation de rangers et de brigades canines, renforcée par un cadre juridique strict, le braconnage diminue considérablement dans la même décennie. Ensuite, il faut construire des hébergements et tracer de nouvelles pistes pour accueillir les visiteurs en safari. Mais pour les attirer, il faut qu’ils puissent y voir des animaux !
 
 
L’équipe d’African Parks à l’œuvre ©Flickr CC - Visit Rwanda
L’équipe d’African Parks à l’œuvre ©Flickr CC - Visit Rwanda

 

 
African Parks lance alors un vaste programme pour repeupler le parc. Après vingt ans d’absence, ce sont sept lions en provenance d’Afrique du Sud qui sont réintroduits en 2015. Au printemps 2017, l'Afrique du Sud encore offre dix-huit rhinocéros noirs, un don qui permet à l’espèce de réapparaître dix ans après sa disparition dans la région.
 
Deux ans plus tard, ce sont cinq autres rhinocéros noirs qui sont introduits avec succès dans le parc, après un long voyage en provenance d'un zoo européen. Comme le précise l’équipe d’African Parks, "d’un peu moins de 5 000 individus en 2010 dans le parc, ce sont aujourd’hui plus de 13 000 animaux qui déambulent librement dans cette aire protégée."
 
 
Le Ruzizi Tented Lodge situé au bord du lac Ihema ©Flickr CC - Visit Rwanda
Le Ruzizi Tented Lodge situé au bord du lac Ihema ©Flickr CC - Visit Rwanda


 

Il n’y a pas que les gorilles au Rwanda !


S’il ne peut rivaliser avec les grands espaces sauvages du Kenya et de Tanzanie, le parc national de l’Akagera est un sanctuaire aux écosystèmes variés où la nature reprend petit à petit ses droits. Entre lacs, marécages et collines recouvertes de savane arborée, les paysages y sont d’une rare beauté et d’une sérénité absolue. Aujourd’hui, le parc peut se targuer d’abriter les fameux « Big Five » (lions, léopards, buffles, rhinocéros et éléphants), sans oublier les nombreux zèbres, antilopes, girafes, hippopotames ou phacochères, ainsi que plus de 500 espèces d’oiseaux, tant résidents que migrateurs. 
 
 
Rencontre émouvante avec quelques girafes - twiga en swahili ©Sophie Squillace
Rencontre émouvante avec quelques girafes - twiga en swahili ©Sophie Squillace


 

À l’Akagera, on s’aventure loin du tourisme de masse, des embouteillages de jeeps et des chemins tout tracés. Toutefois, les infrastructures se développent rapidement, avec de nouveaux lodges en bordure du parc notamment, et les visiteurs affluent chaque année un peu plus nombreux. Le beau parc de l’Akagera est la preuve qu’une volonté politique associée aux compétences de différentes organisations permet de réaliser de très grands rêves !