Quittant les rives de la Méditerranée, une route sinueuse, le long de la rivière, grimpe dans la vallée de la Roya. Une terre de tempérament montagnard où le visiteur trouvera quantité d’activités sportives et un bon morceau d’histoire et de culture.
La Roya est une rivière sauvage. Dopée par les neiges fondues de l’hiver, avec sa robe turquoise qui scintille au soleil, elle cascade du col de Tende vers l’Italie pour rejoindre la Méditerranée à Vintimille.
Dans le Parc du Mercantour, entre mer et montagne, la vallée de la Roya que l’on rejoint en voiture depuis Menton ou via le littoral italien, déroule un paysage de massifs rocheux et de gorges boisées où s’abritent des villages culminant autour des 800 mètres d’altitude. Bien loin des pics à 2800 mètres de la vallée des Merveilles, plus à l’ouest.
Un climat frais, des sommets escarpés, le goût des produits du terroir, du travail de la terre, de l’élevage, de la pêche, et un sympathique côté franc du collier donnent à cette région toute sa beauté et sa vivacité, à l’instar de sa rivière. Le touriste, cet étranger des temps modernes, y est bien accueilli car, comme ailleurs, il donne de l’ouvrage et se montre volontiers curieux de tout. Pendant 18 mois toutefois, ce visiteur ne pourra plus débarquer par le train des Merveilles qui relie Nice à Tende, mais doit subir des travaux de rénovation.
À Tende, il faut découvrir Nathalie la céramiste d’art qui a quitté sa région parisienne pour ouvrir boutique et atelier au cœur de ces montagnes, sans rien connaître de cette vallée. On apprend que ce bourg est devenu français en 1947 seulement, après des siècles d’appartenance à la maison de Savoie puis à l’Italie.
Avec leurs ruelles étroites, leurs hautes maisons à flanc de montagne, Tende ou, non loin de là, le village de Saorge et son monastère franciscain de style baroque déploient un voile de mystère et font reculer le temps de plusieurs siècles. Sur les hauteurs, depuis la chapelle Saint-Sauveur qui domine Tende, le regard se perd dans les plis de montagnes qui se mesurent les unes aux autres depuis la création du monde. Et pourtant.
Le visiteur découvre, au magnifique Musée des Merveilles à Tende, comment cette vallée de la Roya a, depuis le Moyen Âge, constitué un vaste corridor de circulation et de transhumance entre l’Italie toute proche au col de Tende -actuellement fermé - et Nice, pour le transport du sel puis d’autres denrées. À cette époque, “le sel est une substance fondamentale pour la conservation des aliments, la préparation des médicaments, la fabrication du savon, le tannage du cuir” et bien d’autres usages, explique Silvia Sandrome, directrice du musée. Mais les passages que les hommes se sont frayés dans ces cols et ces vallées remontent encore à bien plus loin, à l’ère du Néolithique, comme en témoignent d’énigmatiques gravures rupestres sur les roches d’altitude du Mont Bego, dans la vallée des Merveilles.
Une fois terminés son parcours d’accrobranches, sa randonnée, le canoë-kayak ou le VTT rangé, le touriste a soif de culture et d’histoire, de bonne chère et de curiosités. À La Brigue, le restaurateur Patrick Teisseire a lancé une initiative de “cucina bianca” (cuisine blanche), respectueuse de l’environnement naturel, qui renoue avec la tradition agro-pastorale : farine, pommes de terre et légumes “blancs”, produits laitiers, plantes aromatiques sauvages… Son fromage de brebis brigasque, la variété locale, accompagne des sugelli, des pâtes fraîches façon raviolis. “Tous ces produits sont issus de nos ressources locales, ils sont peu transformés et sains“, souligne le monsieur qui organise un séjour slow tourisme dans la micro-région, côté France et côté Italie.
Meurtrie par la tempête Alex d’octobre 2020, qui a laissé de profondes traces dans les esprits, la vallée de la Roya se relève. En témoignent l’installation de jeunes agriculteurs ou éleveurs, la restauration des cultures en restanques, les micro-entreprises d’artisanat…
De bon matin, nous croisons un jeune berger avec sa centaine de chèvres et de brebis. Pendant plusieurs mois, il dormira en pleine nature tout près de ses bêtes. À cause du loup…