Tourisme durable

La Toscane des jardins Renaissance

08 Mai 2022 - Culture / Histoire / Patrimoine

Les villas bâties à la campagne par les riches familles toscanes de la Renaissance s’ornent de parcs qui font la part belle à la géométrie comme aux alcôves secrètes. Un art qui a influencé toutes les cours d’Europe. 

 

À la Renaissance, l’espace du jardin s’ouvre vers le paysage ©S.Grandadam
À la Renaissance, l’espace du jardin s’ouvre vers le paysage ©S.Grandadam

 

 
Non loin de Florence sur les collines du fleuve Arno, à Sienne, à Lucques et dans les environs de Pise, les splendeurs Renaissance de la Toscane se découvrent aussi au jardin, objet de toutes les attentions autour des belles demeures de campagne édifiées par les riches familles toscanes. Très vite, l’art du jardin influencera toutes les cours d’Europe à partir du XVème siècle. Plusieurs de ces jardins des Médicis sont aujourd’hui classés au Patrimoine mondial de l’Unesco. 

 

Le jardin, élément d’apparat

 
À l’époque des Médicis, entre le XVème et le XVIIème siècle, le jardin, comme l’architecture, change du tout au tout. Alors que les moines du Moyen-Âge cultivaient leurs plantes médicinales dans des enclos fermés et que le jardin exerçait un rôle utilitaire, les nobles de la Renaissance italienne attribuent au jardin une fonction d’apparat qui s’offre aux fêtes élégantes, et aux opéras chantés sur de petits théâtres de plein air.
 
 
La Villa Médicis di Castello, l’une des plus anciennes demeures Renaissance près de Florence ©Hortibus
La Villa Médicis di Castello, l’une des plus anciennes demeures Renaissance près de Florence ©Hortibus

 

Mais l’objectif est plus ambitieux encore, comme on le constate à la Villa di Castello qui surplombe Florence et où fut peinte La Naissance de Vénus de Boticelli en 1485. Le jardin épouse l’esprit de l’époque, tourné vers l’humanisme, le savoir et les techniques nouvelles, l’ode à la nature et une inclination pour l’Antiquité. 
 

 

Plan codifié mais ouvert sur le monde

 
Au premier abord, le jardin à l’Italienne apparaît comme une succession de parcelles en terrasse structurées avec une parfaite symétrie par des rangées de buis. Cyprès, oliviers et plate-bandes d’arbustes taillés animent cette géométrie. À la Villa di Castello, comme à la Villa di Pratolino proche de Florence ou à celle de Torrigiani près de Lucques, ce tracé codifié joue avec la perspective et magnifie le paysage de collines alentour, donnant l’impression que le parc n’est pas clôturé. Cet ordonnancement évoque l’ouverture vers le monde, la posture humaniste de la Renaissance. 
 
 
Le jardin Renaissance apprécie les statues s’inspirant de l’Antiquité ©S.Grandadam
Le jardin Renaissance apprécie les statues s’inspirant de l’Antiquité ©S.Grandadam

 

 
L’eau est omniprésente avec des fontaines et des bassins ponctuant l’espace. Un peu à l’écart s’ouvre une dimension plus mystique. Le jardin se pare de grottes artificielles, d’un labyrinthe ; entre les hauts arbres, des recoins sont habités par des divinités, des faunes et des monstres de pierre, comme ce Colosse de l’Apennin de la Villa di Pratolino, qui du haut de ses quatorze mètres médite au-dessus de l’étang. 
 
Sensibles aux progrès des techniques, les maîtres des lieux faisaient installer dans les grottes des automates capables de créer des jeux aquatiques ou de reproduire des chants d’oiseaux, comme le rapporta le philosophe Montaigne qui visita Pratolino vers 1580.  

 
Le colosse de l’Apennin à la Villa di Pratolino, un géant de quatorze mètres ©Hortibus
Le colosse de l’Apennin à la Villa di Pratolino, un géant de quatorze mètres ©Hortibus



 

La Foce, une passerelle entre les âges

 
Le domaine de la Foce, non loin de Sienne, est perché sur les hauteurs de Montepulciano. Son jardin, longuement revisité par ses propriétaires anglo-saxons au XXème siècle, offre une parfaite conclusion à la promenade. Tandis que subsiste le jardin Renaissance d’origine, l’inspiration romantique du jardin anglais a ajouté la couleur de massifs fleuris, les pergolas de roses, les prairies de fleurs sauvages, les cerisiers… Il est étonnant de constater à quel point on peut traverser les siècles au jardin, ce morceau de nature que la main des hommes façonne au gré des modes.
 
 
La Villa La Foce, dont le jardin réalise une symbiose entre les styles depuis la Renaissance jusqu’au XXème siècle. ©S.Grandadam
La Villa La Foce dont le jardin réalise une symbiose entre les styles depuis la Renaissance jusqu’au XXème siècle. ©Hortibus

 

Un voyage sur le thème du jardin toscan :