
À Mayotte, le lagon panse encore ses plaies après le passage du cyclone Chido. La culture mahoraise et les savoirs traditionnels, comme la pêche au djarifa, pourraient faire partie de la solution. Découverte !
Le cyclone Chido a frappé Mayotte de plein fouet le 14 décembre 2024, laissant des traces indélébiles sur ce 101e département français. Les écosystèmes locaux porteront longtemps les marques du passage dévastateur du cyclone, tant sur terre, où la couverture végétale a été ravagée, qu'en mer, où le récif corallien a subi de lourdes pertes.
Dans cette épreuve, la culture mahoraise et les savoirs traditionnels sont clés pour reconstruire un monde plus juste et plus durable. Parmi eux, la pêche au djarifa, un art ancestral exclusivement pratiqué par les femmes de l'île. Plus qu’une simple activité de subsistance, cette pêche est profondément ancrée dans l'identité mahoraise et constitue un véritable lien entre les femmes et le patrimoine naturel et culturel de Mayotte.
Cette activité ancestrale permet non seulement aux femmes de nourrir leurs familles, mais aussi de contribuer à l'économie locale. C'est une tradition qui se perpétue depuis des siècles, transmise de mère en fille. Les Mahoraises se réunissent en groupe pour confectionner le djarifa, un filet en tulle finement maillé, et se rendent ensuite sur les plages pour le tendre dans l'eau. Cette pêche est souvent l'occasion de moments de partage et de convivialité, renforçant ainsi les liens sociaux au sein de la communauté.
Le djarifa est un outil ingénieux, parfaitement adapté à l'environnement marin de Mayotte. Sa conception et son utilisation témoignent d'une connaissance approfondie des écosystèmes côtiers et des espèces de poissons. Les femmes qui pratiquent cette pêche traditionnelle sont de véritables expertes, capables de reconnaître les meilleurs endroits pour pêcher et de sélectionner les poissons les plus propices à être consommés.
Un enjeu pour demain
La pêche au djarifa, c’est notre identité. On ne doit pas la laisser mourir. Personne ne la préservera à part nous-mêmes - Taambati Moussa
La perpétuation de la pêche au djarifa contribue aussi à la protection de l'environnement marin, car elle ne nécessite pas d'équipements motorisés ni de produits chimiques. Cette valorisation contribue à la promotion d’une gestion durable des ressources marines.
La pêche au djarifa mérite d'être sauvegardée et partagée avec les générations futures. Avant le cyclone, des ateliers de transmission étaient organisés avec Taambati Moussa. Espérons que cette pratique, à la fois tradition ancestrale et gage d’émancipation pour les femmes, continuera à perdurer, une fois l’île remise du cyclone. En soutenant cette pêche traditionnelle, c’est la préservation de la biodiversité et les liens entre l'homme et la nature qui sont renforcés.
Découvrez un extrait du documentaire "À Mayotte, une pêche sociale et culturelle entre femmes" :
Pour en savoir plus :
- Suite au cyclone Chido, la Fondation de France a lancé un appel à don.
- La plateforme d’échange de savoirs De la Mère à la Terre en Outre-mer, portée par l’association En Terre Indigène.