“L’île de l’éternel printemps”, comme elle est surnommée, se cache à deux heures d’avion de l’Australie, perdue dans le bleu du Pacifique sud, là où les baleines nagent en paix. Cet archipel est composé de la Grande Terre où vit la plupart de la population et des quatre Îles Loyauté, Maré, Lifou, Tiga et Ouvéa, sans oublier la carte postale paradisiaque de l’Île des Pins. Voilà pour la présentation vue du ciel, maintenant il est temps d’atterrir pour apprécier à sa juste valeur le plus grand lagon du monde.
La Nouvelle-Calédonie a le visage de ces coins du monde reculés découverts par les colons au XVIIème siècle qui ont su s’adapter au fil du temps au monde moderne, tout en gardant leurs identités. En l’occurrence, un panel pluriethnique dû aux innombrables venues d’immigrés et des bagnards qui se sont mélangés aux Mélanésiens, originaires de l’île, aujourd’hui appelé Kanaks. Un mélange étonnant et parfois même détonant.
À Nouméa, la capitale, la visite du Centre Culturel Tjibaou est une évidence pour mieux comprendre l’histoire kanake de cette collectivité française, mais aussi pour apprécier l’architecture de ce bâtiment réalisé par l’Italien Renzo Piano.
Cette diversité se ressent tout au long de la route qui parcourt la Grande Terre. La diversité culturelle mais aussi géographique saute aux yeux, d’autant plus que cette île ne mesure pas plus de quatre cents kilomètres de long. Un vrai concentré de couleurs, d’accents, de parfums et de reliefs. L’île est traversée dans toute sa longueur par un chapelet de montagnes qui donnent un point de vue sensationnel sur l’archipel.
C’est le moment de troquer sa voiture pour les chaussures et randonner à travers cette nature généreuse. Une douzaine de parcours balisés permettent une approche unique du terroir, le choix est vaste entre le GR1, la Réserve Botanique des chutes de la Madeleine ou le Parc provincial de la Rivière Bleue. Mais si le temps est compté pour les mollets, direction le Nord pour une expérience unique avec les Kanaks et les Caldoches, cette population néo-calédonienne d’origine européenne. Ceux-ci vous conduiront sur les sentiers des ancêtres, des endroits connus d’eux seuls au milieu d’un écosystème endémique et silencieux.
Pour les adeptes de balades à cheval, c’est l’occasion de partager le quotidien des cow-boys calédoniens, les broussards, et partager entre autres un ragoût de cerf cuit au feu de bois.
Même si le tourisme ne figure pas comme une des économies principales, à l’instar du nickel qui est la source première, les acteurs du métier souhaitent aussi le développer d’une manière éco-responsable à travers des prestations qui respectent l’environnement et les habitants. Alors certes il y a l’attrait balnéaire avec les Îles Loyauté et surtout l’Île des Pins qui attirent nombre de vacanciers, mais il y a depuis peu un intérêt pour la vie culturelle avec l’opportunité de visiter les tribus. Une expérience enrichissante où il est important néanmoins de suivre certaines règles comme “faire la coutume”, c’est-à-dire offrir au chef un petit cadeau en signe de respect. Ensuite il est possible de dormir dans une case et de profiter du “bougna”, ce plat traditionnel préparé sous vos yeux par les femmes.
Ici la question liée à l’indépendance est toujours d’actualité et, même si une petite majorité a voté pour le non, beaucoup résistent et arborent fièrement leur identité mélanésienne. C’est pourquoi et à juste titre, quatre des vingt-huit langues recensées sur ce petit territoire sont présentes à l’école pour que les enfants fassent perdurer ses traditions. Et les belles églises catholiques en bord de route prouvent l’adaptation de ce peuple qui réussit à maintenir sa manière de vivre, à l’image de ses cousins de Nouvelle-Zélande car tous deux ont les mêmes origines lointaines.
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