Tourisme durable

La Grande Muraille verte, une utopie devenue source d’espoir pour le Sahel

12 Novembre 2023 - Actualité / Biodiversité / Entretien / Initiatives / Nature

Traversant onze pays d’Afrique, la Grande Muraille verte est l’un des plus ambitieux projets écologiques au monde. Découverte !

 

La Grande Muraille verte © Philippe Blondel
La Grande Muraille verte © Philippe Blondel


 

Un projet d’envergure


Planter des arbres et reverdir le Sahel sur plusieurs milliers de kilomètres : voilà l’objectif de la Grande Muraille verte depuis 2007. Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Éthiopie, Érythrée et Djibouti : elle traverse onze pays sur plus de 8 000 km. Pour l’ONU, cette muraille permettra de "promouvoir la paix et restaurer la nature dans la région du Sahel." Elle vise à restaurer, d'ici à 2030, 100 millions d'hectares de terres, à séquestrer 250 millions de tonnes de carbone et à créer 10 millions d'emplois.

 

© Philippe Blondel
© Philippe Blondel


 

Une Muraille contrainte par la réalité


Entre difficultés économiques et menaces terroristes, la Muraille verte ne se développe pas au rythme espéré : quinze ans après son lancement, seuls 5% du projet auraient été réalisés. Mais il reste complexe à quantifier, la Muraille n’est plus une bande de 15 km de large comme initialement prévue, mais un assemblage d’écosystèmes verts.

Les acteurs du projet souhaitent étendre la Muraille plus largement entre le Sahel et le Sahara pour freiner l’avancée du désert vers les savanes. Elle a aussi intégré des enjeux économiques et sociaux majeurs, où les coopératives de femmes sont motrices dans l’agroforesterie.

Ces résultats ne découragent en rien Élodie Arrault.

 

Ce qui compte, c’est l’appropriation que chacun se fait du sujet. Il faut persévérer, continuer les actions déjà entreprises et qui feront tâche d’huile. - Elodie Arrault


Après une rupture de vie, cette sportive souhaite réaliser une traversée de l’Afrique avec un projet porteur de sens. Elle découvre par hasard un article sur la Grande Muraille verte. Élodie raconte : "mon fil rouge était là. J’allais relier deux océans sur le tracé de cette frange verte ! Sur le principe d’une méharée d’autrefois, j’imaginais une caravane de graines. Je dus renoncer aux chameaux pour partie, mais j’allais voyager léger, sans moteur. Créer du lien comme une plante qui marcotte, mutualiser les bonnes pratiques…"

 

© Élodie Arrault
© Élodie Arrault


 

Élodie Arrault, une utopie en marche


Après une formation en solidarité internationale, Elodie démarre en vélo sa "grande caravane de graines", DADJi, de Dakar à Djibouti. Elle poursuit : "le périple démarre en septembre 2022. Je rejoins Nouakchott en covoiturage. Je renonce à tout faire à pied, sinon je devrai y passer ma vie. Sur les routes du Sud avec un ami, nous découvrons différents projets : fixations de dunes, fermes communautaires intégrées, préservation de forêts..."

Puis Dakar, où elle rencontre Haïdar El Ali, figure de la lutte pour la préservation des écosystèmes et ancien ministre de l’Environnement. En pirogue, Élodie rejoint la pépinière de palétuviers, l’arbre emblématique reliant terre et océan. Elle commente : "pendant ce mois au Sénégal, je roule des centaines de kilomètres sous la chaleur écrasante. Je croise des gens extraordinaires, animés par cette envie de lutter contre la désertification, de préserver des espèces endémiques, de revaloriser des cultures ancestrales..."

Ensuite, le Mali et de nombreux projets et rencontres aux alentours de Bamako. Se rendre au Burkina Faso en bus est une gageure, mais elle y parvient. Elle est accueillie par plusieurs associations qui l’impressionnent.
 

Quel amour de la terre, quel engagement malgré l’épée des djihadistes au-dessus de leur tête ! - Elodie Arrault 

 

Pour le Niger, sécurité avant tout, ce sera l’avion. Puis l’attendent au Tchad 1000 km à pied pour traverser le Sahara. Six semaines de "marche de forçats" dans le désert, à la rencontre des oasis qui subsistent dans le Djourab. "Des îlots d’une grande préciosité". 

Elle découvre la culture du palmier dattier et l’agroforesterie du désert.
"En avril 2023, la chaleur et le Soudan déclarent la guerre. Il est temps de faire une pause."

 

© Hervé Depardieu
© Hervé Depardieu



Elodie recueille une poignée de terre dans chaque pays. A Djibouti, elle plantera un arbre dans le mélange des terres traversées. Un symbole superbe pour cette utopie en marche…

 

En savoir plus :
Les activités d’Élodie Arrault
La Grande Muraille verte sur TV5MONDE