Tourisme durable

La découverte du pays des pharaons peut-elle être responsable ?

23 Octobre 2023 - Actualité / Culture / Hébergement / Patrimoine / Préservation / Voyagistes

Avec 11,7 millions d’arrivées en 2022, l’Égypte est une des nations qui attirent le plus de visiteurs au monde. Si ses atouts sont nombreux, le pays n’est pas à la pointe du tourisme durable. Pourtant des alternatives plus responsables existent !

 

Temple de Louxor © Aurélie Croiziers
Temple de Louxor © Aurélie Croiziers


 

Un pays qui attire


Pyramides uniques,
superbe vallée du Nil, vestiges impeccablement conservés : la culture pharaonique charme les visiteurs de toute la planète faisant du tourisme le deuxième secteur économique du pays. Son ralentissement dans les années 2010, conséquence indirecte du Printemps Arabe et des attentats islamistes, a eu un fort impact sur la population vivant de près ou de loin de cette industrie ainsi que sur la préservation des sites. Mais la reprise est au rendez-vous : l’Égypte est un des pays qui a connu la plus grande relance post-Covid.  

La volonté du gouvernement est annoncée : stimuler le tourisme de 30% par an et viser 30 millions d’arrivées pour 2028

 

Détail d’un temple, vallée du Nil © Aurélie Croiziers
Détail d’un temple, vallée du Nil © Aurélie Croiziers


 

Des pratiques peu respectueuses


Malgré ces ambitions, la pratiqu
e du tourisme n’est pas encore assez responsable. Côté hôtellerie, peu d’offres durables existent, obligeant souvent les voyageurs à loger dans de grandes chaînes internationales

Le respect du bien-être animal semble oublié. En 2022, l’association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) faisait part d’enquêtes sur sites témoignant des "mauvais traitements infligés aux chevaux forcés de tirer des chariots ou des calèches remplis de touristes dans une chaleur étouffante, sans ombre, nourriture ni eau."

Du côté d’Assouan, si dans les villages nubiens l'élevage des reptiles est une tradition, des crocodiles enfermés dans des espaces minuscules sont photographiés par des voyageurs peu scrupuleux… Sur la mer Rouge aussi, coraux et autres animaux aquatiques sont loin d’être respectés, les fonds marins abîmés de Charm el-Cheikh étant la triste conséquence de ce phénomène.

Les monuments pourtant superbes ne sont pas toujours protégés comme ils devraient l’être. Vu leur nombre, la difficulté de préservation à l’échelle du pays est évidente, mais on ne comprend pas comment des guides officiels peuvent toucher de leurs doigts des bas-reliefs quatre fois millénaires… 
 

 

Chevaux maltraités en Egypte © PETA Asia
Dur d'être un cheval en Egypte © PETA Asia


 

Vers un tourisme plus responsable ?


Ces dernières années, des améliorations sont en cours. Sur le Nil, les croisiéristes ont désormais obligation de stocker les déchets à bord, les lourdes amendes encourues les inci
tent à respecter cette récente loi. Au Caire, l’offre des musées se développe pour prolonger le temps passé par les visiteurs dans la capitale, avec notamment l’ouverture attendue du Grand Musée Égyptien.  

À Nuweiba dans le Sinaï, Basata, le premier ecolodge du pays, fait des émules : Sherif El-Ghamrawy, son fondateur visionnaire, collabore avec le gouvernement pour créer une réglementation sur le tourisme responsable. Il explique son engagement :

“Nous faisons partie intégrante de la nature, nous ne sommes pas au-dessus du vivant, et je suis heureux d’aider à faire avancer la législation égyptienne dans la bonne direction.” 

 

L’ecolodge Basata, réalisé en matériaux 100% égyptiens © Aurélie Croiziers
L’ecolodge Basata, réalisé en matériaux 100% égyptiens © Aurélie Croiziers


 

Le voyageur engagé peut agir. Il favorisera le slow-travel, en préférant le train comme les autres mobilités douces, voiliers, vélo, etc… Face à des actions peu responsables, il sensibilisera ses guides et hôtes : refuser un selfie avec un animal, afficher son mécontentement face à l’irrespect d’un monument, rester loin des mammifères marins… Ces gestes feront peu à peu changer les mentalités et accélérer le développement d’une offre durable. 

Préférer des acteurs du tourisme locaux et engagés est aussi une solution. Car certains se sont emparés du sujet, comme Cheops Travel, une agence francophone créée en 1981. Cherif El Mohdar, son directeur, explique :

"On avance pas à pas, certaines choses sont déjà en place, d'autres sont prévues pour le futur. On compense l’impact carbone des séjours en soutenant des associations de plantations d’arbres et de collecte de plastique. Sur le Nil, nous encourageons les croisières en voiliers, dahabeyas, sandals ou felouque, moins polluants que les grands bateaux. On soutient aussi des associations d’artisanat durable qui emploient des Égyptiennes."

Ici, pas de greenwashing, mais une réelle volonté de faire changer les choses.

C’est aussi entre les mains de chaque voyageur de pousser l’Égypte vers sa nécessaire transition pour un tourisme plus responsable – à nous de jouer ! 

 

Sur le Nil en felouque © Cheops Travel
Sur le Nil en felouque © Cheops Travel