23 Mars 2018 - Biodiversité / Patrimoine / Préservation
Fin 2017, le gouvernement russe a signé un décret portant sur la création du nouveau parc naturel des Ladoga Skerries en République de Carélie, qui s’inscrira parmi les grands Parcs Nationaux d’Europe. Une belle initiative qui donne l’occasion de mettre en lumière cette région méconnue de Russie et les trésors naturels et culturels qu’elle abrite.
La Carélie… Un nom qui évoque des contrées sauvages et lointaines, qui ne figurent pas sur la carte des grands circuits touristiques. Située dans la partie nord-ouest de la fédération de Russie, elle occupe une position intermédiaire entre les bassins de la mer Blanche et de la mer Baltique. S’étendant sur une superficie de 180 000 km2 dont la plus grande partie est composée de forêts, on y trouve plus de 60 000 lacs dont les deux plus grands lacs d’Europe, les lacs Ladoga et Onega.
Marquée par une histoire tumultueuse au cours des siècles, elle retrouve une certaine stabilité le 14 octobre 1920 avec la signature du traité de paix entre la Finlande et la Russie. La Finlande reçoit la plus grande partie de la Carélie et la partie orientale devient la République socialiste soviétique autonome de Carélie. Cette région est un couloir stratégique de premier plan entre Saint Pétersbourg et Mourmansk.
Le futur parc national comprendra une superficie de 122 000 km2 au niveau des districts de Lakhdenpokhsky, Sortavalsky et Pitkyarantsky, sur les côtes nord et nord-ouest du lac Ladoga. On peut y contempler des paysages de grandes îles boisées aux rochers magnifiquement polis par les vagues.
La raison de la création de ce nouveau parc est la volonté de préserver l’écosystème unique des Ladoga Skerries, sans équivalent en Russie et en Europe, de maintenir la biodiversité et la présence de nombreuses plantes et espèces endémiques, tels lichens, algues, champignons et le rare phoque annelé, une espèce en voie de disparition figurant sur la Liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
Les intérêts touristiques du parc ne seront pas seulement d’ordre naturel mais ce dernier inclut également un patrimoine culturel de tout premier plan. 63 sites d’importance historique sont ainsi répertoriés : cimetières, anciens lieux de peuplement datant de -4000 avant Jésus-Christ et de la période du Moyen-Âge, monastères dont le joyau qu’est celui de Valaam délicatement posé au milieu d’une petite île sur le lac Ladoga, centre historique de Sortavala et ses bâtiments en bois…
Les possibilités de visites sont nombreuses. Le nouveau parc sera progressivement aménagé au cours de ces prochaines années pour en permettre une meilleure gestion, et des sentiers de randonnée y seront tracés.
L’association Greenpeace Russie a activement contribué à la création du parc et à la protection des îles Ladoga. Des négociations ont également été menées avec les bûcherons locaux, préconisant la création de réserves et la lutte contre les incendies de forêt et l’abattage illégal. Depuis 2008, Greenpeace Russie patrouille ainsi dans la région avec les pompiers forestiers volontaires.
En 2016, plusieurs entreprises ont exercé des pressions pour que certaines zones restent en dehors des limites prévues. Mais sous la pression de nombreux locaux, scientifiques et organisations, les limites du parc n’ont finalement pas été modifiées. Une belle victoire de remportée ! Désormais, de grands espoirs sont placés dans la création de ce parc, qui permettra de donner une impulsion au tourisme vert et pédagogique, à la fois au coeur du Parc National et en République de Carélie dans son ensemble.