Ce premier Géoparc du monde labellisé UNESCO préserve des sites géologiques remarquables… mais pas seulement. Découverte.
Brève histoire des Géoparcs
Le mot "Géoparc" n’évoquera peut-être rien au voyageur, même curieux. Et pour cause, ce terme a vu le jour en 2000 seulement ! Un Géoparc mondial UNESCO se définit comme un territoire où le patrimoine géologique est mis au service du développement durable en l’associant aux autres composantes naturelles, culturelles, matérielles ou immatérielles qui fondent l’identité du lieu. Même si la valeur du patrimoine géologique doit être reconnue par des experts internationaux, son intérêt n’est pas seulement géologique. Les différents patrimoines, géologique mais aussi écologique, archéologique, historique ou culturel, sont mis en relation pour permettre un développement durable du site.
Les missions d’un Géoparc sont ainsi variées : préserver les géosites, cultiver une conscience géologique auprès des publics, impulser une stratégie de développement économique et touristique durable, associer les locaux à ces démarches, et promouvoir une approche globale du site. Il en existe aujourd’hui 177 répartis dans 46 pays.
Le berceau provençal des Géoparcs UNESCO
C’est en 2000 que l’UNESCO reconnaît le tout premier Géoparc au monde : le Géoparc de Haute-Provence, un territoire unique situé au cœur des Alpes de Haute-Provence qui s’étend sur 1 989 km2 et sur 67 communes. Depuis 1984, la Réserve Naturelle Géologique de Haute-Provence assurait la protection de 18 sites classés sur 200 000 hectares, c’est aujourd’hui le partenaire du Géoparc.
Au sein d’un patrimoine géologique exceptionnel de plus de 300 millions d’années, la Dalle aux Ammonites de Digne-les-Bains est le site le plus remarquable avec ses 1 500 fossiles d’ammonites, nautiles ou pentacrines répartis sur 320m2. En 2023, elle a été classée parmi les 100 plus beaux sites géologiques du monde par l’Union internationale des Sciences Géologiques. Ce site unique au monde, comme de nombreux autres dans le Géoparc, s’articule dans un ensemble cohérent valorisant les patrimoines naturel et culturel, mais aussi matériel et immatériel...
Ce Géoparc s’inscrit dans son essence dans une démarche de tourisme durable. "Une des originalités du label UNESCO, c’est qu’au-delà de la géologie, les Géoparcs mettent en avant les traditions locales, l’artisanat, la gastronomie et l’histoire des communautés. Cette approche holistique permet aux visiteurs de découvrir la diversité culturelle du territoire en lien avec ses caractéristiques géologiques." explique Jérémie Subias, directeur du Géoparc de Haute-Provence.
Le Géoparc encourage un tourisme responsable dans les expériences proposées : mobilité douce, valorisation de ressources locales, circuits-courts, promotion des géopartenaires, ces acteurs économiques locaux labellisés par le Géoparc sur la base d’une charte garantissant leur engagement… - Jérémie Subias, directeur du Géoparc de Haute-Provence
L’art en montagne : une réflexion sur notre rapport au monde
Le Géoparc de Haute-Provence propose aussi un parcours d’art contemporain en plein air, où l’art dialogue avec la nature. Des artistes ont créé des œuvres révélant les spécificités du territoire. Produites par le Centre d’Art Informel de Recherche sur la Nature (CAIRN), ces œuvres ont ensuite rejoint les collections du Musée Gassendi. Parmi les plus appréciées, citons Les Hydropithèques de Joan Fontcuberta, de faux-fossiles de sirènes, Des cheveux de Vénus aux splendeurs de la nuit, Promenade transectale de Digne à Auzet et vice versa de Paul-Armand Gette, une œuvre-parcours ponctuée de curiosités géologiques qui se révèlent par la poésie ou encore Refuge d’Art d’Andy Goldsworthy qui se découvre en marchant sur d’anciens chemins, en traversant ces paysages où se lisent les bouleversements géologiques et en dormant dans des abris et fermes restaurées…
Allier art et géologie ? Une évidence pour Laurie Honoré, responsable des publics au Musée Gassendi : "ces sites géologiques époustouflants ont, depuis une trentaine d’années, inspiré des œuvres qui se déploient à l’échelle du paysage. Cette collection est intrinsèquement liée au territoire dont elle souligne les caractéristiques… Les œuvres se découvrent en marchant et en portant une attention accrue à l’environnement, ce qui fait d’elles de potentiels vecteurs d’une réflexion sur notre rapport au monde."
Pour en savoir plus :
www.geoparchauteprovence.com
Spot officiel du Réseau mondial des Géoparcs (en anglais) : https://www.youtube.com/watch?v=t-1dYnEsrvo