Rares sont les chanceux ayant foulé l’Antarctique. Souvent confondu avec l’Arctique, le continent blanc situé dans l’hémisphère Sud est le désert le plus froid du monde. Découverte avec un guide d’exception, Matthieu Tordeur, le plus jeune explorateur à avoir atteint le pôle Sud en ski et en solitaire.
Découvert officiellement en 1819 par le navigateur britannique William Smith, l'Antarctique est l’endroit de tous les records : c’est le continent le plus froid, le plus sec, le plus venteux mais aussi celui qui a l'altitude moyenne la plus élevée de la planète. Il n’y neige pratiquement jamais, excepté sur ses parties côtières, ce qui fait de lui le plus grand désert du monde. Aucun humain n’y a jamais vécu de façon permanente et, aujourd’hui encore, les bases scientifiques y sont les uniques bâtiments.
Biberonné par les aventures de Tintin, Matthieu Tordeur a toujours rêvé de parcourir l’Antarctique, sur les traces des grands explorateurs Scott, Shackleton ou Charcot. Un peu plus de 100 ans après la découverte du pôle Sud par le Norvégien Roald Amundsen, Matthieu a vécu lui-même l’aventure polaire. Il a réussi à relier le pôle Sud géographique depuis la côte du continent Antarctique lors d’un périple de 1150 kilomètres, à la seule force de ses jambes, en ski, sans voile de traction, sans chiens de traîneau ni véhicule à moteur. Quand on lui parle d’exploit, Matthieu répond que c’était "plus une épreuve mentale que physique". Après avoir marché douze heures par jour dans le Grand Blanc 51 journées d’affilée, l’explorateur affirme que "tout se joue dans la tête".
Il est difficile de s’imaginer ce désert blanc. Sur un continent de la taille de l’Europe, l’Antarctique est en permanence recouvert par la glace et la neige, au contraire de l’Arctique qui est un océan qui gèle et dégèle. Matthieu le confie : "cet univers polaire est peut-être la terre qui recèle le plus de mystères au monde."
Le cœur de l’Antarctique est un environnement tellement extrême que rien n’y survit, là-bas le monde est non seulement vide de couleur, de faune ou de flore mais aussi d’odeur !
La péninsule de l’Antarctique, ce bras de terre qui remonte vers le continent sud-américain, offre un environnement différent. Y vivent des plantes et animaux adaptés au froid et à l'aridité, comme les manchots ou les phoques. C’est dans cette partie de l’Antarctique que s’est développé le tourisme. Cette péninsule attire en effet de plus en plus de visiteurs, passant de 10 000 en 2000 à 55 000 en 2019.
Considéré comme une réserve naturelle, le continent est heureusement protégé par divers accords internationaux. Des mesures de régulation, de protection de la biodiversité et de restriction du tourisme ont été mises en place. L’Association internationale des voyagistes antarctiques a notamment établi un code de conduite. L’association prône par ailleurs un tourisme éducatif et coopère avec les scientifiques.
Trois ans après son retour, Matthieu Tordeur tire encore parti des enseignements de son aventure antarctique. "Le seul moyen que j’avais d’avancer dans le grand continent blanc, c’était de déconstruire l’aventure, de la morceler en petites parties, de m’attacher sur ma respiration et de lâcher ce sur quoi je n’avais pas prise. Je m’en sers au quotidien : j’avance à petits pas et je ne contrôle que ce que je peux contrôler."
Enfin l’Antarctique lui a aussi donné une leçon de minimalisme : "Évoluant en ski, le matériel que j’avais avec moi avait une réelle valeur et une vraie fonction. Alors que nous sommes tous entourés d’objets pas forcément utiles, cette expérience de minimalisme volontaire me porte encore aujourd’hui."
Pour en savoir plus sur l’exploration de Matthieu Tordeur : https://matthieutordeur.com/