Au milieu des géants de verre et d’acier, il existe une culture traditionnelle qui tranche avec la modernité triomphante de Hong Kong, celle des Hakkas. Un temps menacé de disparition avec la course au progrès, l’esprit hakka souffle de nouveau sur l’archipel !
Originaire du nord de la Chine, les Hakkas sont l’un des premiers groupes ethniques ayant peuplé l’archipel avec sa langue, ses traditions et ses croyances propres. Chassés de leur territoire originel au IVème siècle, les Hakkas se sont déplacés pendant des siècles dans le sud du pays, dans le Guangdong, le Fujian, le Jiangxi et le Sichuan avant de s’installer à Hong Kong au XVIIème siècle. Depuis, ils ont façonné l’histoire, la culture et le paysage de l’archipel.
C’est par vagues de migrations successives que les Hakkas sont arrivés à Hong Kong. D’ailleurs, le mot Hakka signifie littéralement “invité” en chinois. Pour contrebalancer leur instabilité géographique, le peuple hakka a construit une cohésion communautaire très forte, lui permettant ainsi de réussir par l’entraide.
Au XIXème siècle, pendant l’ère coloniale britannique, beaucoup deviennent ouvriers dans les immenses carrières de granit face au port de l’île et s’enrichissent en participant à la construction de la ville. On les surnomme alors les bâtisseurs du miracle hongkongais. Mais la modernité galopante, l’industrialisation et la population croissante de l’archipel mettent à mal leur culture traditionnelle.
A partir des années 1950, l’exode rural est massif, et les Hakkas abandonnent les villages pour commencer une nouvelle vie en ville où ils apprennent le cantonais et diluent leurs traditions dans la grande Hong Kong. Les anciens gardent quelques pratiques au quotidien : ils jouent beaucoup aux cartes et se rencontrent pour garder des interactions sociales au sein de leur communauté.
Les rites hakkas subsistent à travers le temps notamment grâce aux danses traditionnelles organisées lors de différentes festivités au cours de l’année. Un marqueur encore plus fort de la culture locale est peut-être la cuisine hakka, si particulière, salée et savoureuse. Du fait des diverses migrations, les Hakkas ont dû rapidement intégrer des techniques de conservation, telles que la salaison ou le séchage, permettant ainsi d’emporter des denrées avec eux.
Hong Kong est plus vaste que ce que l’on imagine et ne se limite pas à son port et ses gratte-ciels. Au nord de Kowloon, la partie continentale des Nouveaux Territoires forme en réalité l’essentiel du territoire de Hong Kong. Une terre surprenante de marais, de montagnes dévalant vers la mer et de villages ruraux hakkas aux allées dissimulées derrière de hautes murailles protectrices.
Dans le village muré de Lai Chi Wo, très bien conservé, quelques villageois coulent encore des jours paisibles. Yin Tin Sai, un autre petit village laissé à l’abandon où un clan Hakka catholique vivait de l'agriculture, de la pêche et de la production de sel, a su faire renaître les coutumes, le folklore et le patrimoine de la communauté locale, en relançant même l’activité des marais salants !
Pour en apprendre davantage sur la culture et le mode de vie hakka lors d’un voyage à Hong Kong, le visiteur peut se rendre au musée Sam Tung Uk, à Tsuen Wan, construit au cœur d’une ancienne maison fortifiée hakka vieille de 200 ans. Le Heritage Trail sur l’île de Kat O est également l’occasion de découvrir un village qui abritait l’une des premières colonies hakka de la région.
Aujourd’hui, à mesure que la culture chinoise envahit l’archipel, les Hongkongais hakkas renouent avec leur identité. Une histoire de famille et de migrations qui aide Hong Kong à forger sa culture locale. Et avec une population estimée à 1 250 000 habitants, les Hakkas en font partie !