Tourisme durable

Kusuma, mémoire du projet Guayapi au Sri Lanka

05 Janvier 2018 - Initiatives / Portrait
Originaire d’Halpola, le village qui jouxte la forêt-jardin de Guayapi Lanka, Kusuma est aujourd’hui la chef de produit de la société sri-lankaise exportatrice de produits bio. Elle est le témoin de la transformation des lieux et de son impact sur les habitants du village voisin.

 

Les cheveux cendrés ramassés en chignon bas, Kusuma vous accueille dans son atelier avec un large sourire. Elle a l’hospitalité propre aux Sri-lankais qui vous reçoivent dans leur pays. Âgée de 62 ans, elle est aujourd’hui chef de produit chez Guayapi Lanka, une entreprise d’exportation de produits bio issus de la cueillette
 
Lancée par la Française Claudie Ravel, la société prélève sa production sur une forêt-jardin développée selon les principes de la foresterie analogue, c’est-à-dire en s’inspirant de la composition de la nature et en respectant les principes de biodiversité.
 
« Je suis née à Halpula, le village qui se trouve à côté de la forêt de Guayapi Lanka », raconte Kusuma. Elle est un peu la mémoire de ce lieu de l’État du Maussawa, dans les montagnes du centre-sud de l’île. Ici pas de monoculture donc, les plantes et fruits utilisés pour la production sont cultivés à l’état quasi-naturel.
 
 
 
Kusuma, chef de produit de Guayapi Lanka © Chloé Goudenhooft
Kusuma, chef de produit de Guayapi Lanka © Chloé Goudenhooft
 


 

Du bio à la biodiversité

 
« Il y avait autrefois une petite plantation de thé, poursuit l’experte en produits sri-lankais. Ma mère y a travaillé et moi aussi. » 
 
C’est vers le milieu des années 1990 que les propriétaires de la plantation quittent les lieux, laissant le terrain à l’abandon et les employés du village sans leur emploi. Une fabrique de vêtements avait toutefois aménagé un établi dans le cœur de ce qui est aujourd’hui la forêt-jardin de Guayapi Lanka. 
 
Mais le destin de Kusuma et d’autres habitants du village allait prendre une autre tournure. En 1999, le terrain est racheté par Claudie Ravel. Pour développer la forêt-jardin, la future manager et les nouveaux employés de l’entreprise sont formés par l’équipe de l’entrepreneuse et de sa première société, Guayapi, spécialisée dans les produits d’Amérique latine, notamment avec l’aide de Shelley Abeyagoonesekera, directeur général du site sri-lankais et responsable Achats et Logistique de l’entreprise à Paris.
 
Le concepteur de la foresterie analogue, le docteur en Écologie des Systèmes Ranil Senanayake, a aussi accompagné l’aménagement de l’ancienne plantation. 
 
« On nous a expliqué comment cultiver et maintenir une production bio sans pesticide », confirme Kusuma. 
 
Néanmoins, cette manière de procéder n’était pas nouvelle pour les habitants d’Halpola. La plantation de thé de petite taille était, elle aussi, biologique
 
 
 
Un des employés de Guayapi Lanka © Chloé Goudenhooft
Un des employés de Guayapi Lanka © Chloé Goudenhooft
 

 

« Les propriétaires n’utilisaient que du compost. Ils avaient une petite ferme avec quelques volailles et du bétail et cultivaient d’autres produits comme le café et le poivre. Ce qui était nouveau, avec Guayapi Lanka, c’est ce que nous avons appris sur l’interaction des espèces et la biodiversité. On nous a aussi enseigné comment éviter l’érosion et maintenir le terrain en bon état. »

Le respect des règles de foresterie analogue a permis aux produits de Guayapi Lanka d’être certifiés Forest Garden Product.


 

Un travail difficile mais noble

 
En tant que manager, Kusuma est responsable de la transformation des produits. 
 
« Je tiens les recettes utilisées de mes parents et du savoir-faire du village, comme pour la recette du kitul, sirop issu d’un palmier et produit phare de la marque, souligne-t-elle avec fierté. Tout ce que je sais, je le partage. » 
 
Quelques recettes viennent toutefois de l’entrepreneuse française, comme la fabrication de la confiture. Les locaux de l’ancienne fabrique de vêtements servent aujourd’hui d’entrepôt et d’atelier de transformation des produits. Kusuma reconnaît que le travail est difficile. La présence d’animaux et d’insectes de toutes sortes, du fait de la biodiversité végétale et de la complémentarité des espèces, a un impact sur la cueillette. 
 
« La production serait sûrement plus importante en ayant recours aux pesticides. Avec le procédé de foresterie analogue, cela prend plus de temps. Mais je me sens bénie d’avoir rencontré Madame Claudie. Je vis très bien aujourd’hui. » 
 
 
 
Kusuma, dans l’atelier sri-lankais, présente le produit phare de la marque : le sirop de kitul © Chloé Goudenhooft
Kusuma, dans l’atelier sri-lankais, présente le produit phare de la marque : le sirop de kitul 
© Chloé Goudenhooft
 

 

Au-delà de l’aspect strictement économique, elle reconnaît le bénéfice pour la région de l’ensemble du projet Guayapi Lanka. Pour arrondir ses fins de mois, elle possède de toute façon sa propre petite plantation de thé qu’elle entretient avec l’un de ses fils. Mais elle aime aussi l’idée de préserver l’environnement et de laisser à ses enfants l’héritage de ce territoire restauré. 

 
« Les touristes viennent acheter les produits vendus par les fermiers des environs et les villageois, souligne-t-elle enfin. L’hôtel d’Ecolanka, un site éco-touristique développé à partir de la maison familiale des anciens propriétaires, fait aussi travailler des gens du village. »
 
 
 
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