Tourisme durable

Japon : balade zen dans les jardins de Kyoto

08 Décembre 2021 - Art / Biodiversité / Culture / Gastronomie / Nature / Préservation / Récit

Pour de nombreuses civilisations, le paradis prend l’aspect d’un jardin, symbole d’art de vivre et d’harmonie entre les hommes et la nature. Chaque monument de Kyoto évoque la civilisation raffinée dont elle fut le centre. Les parcs et jardins de l’ancienne capitale incarnent à ravir l'âme de la culture japonaise. Balade inspirée dans quelques-uns des plus beaux jardins kyotoïtes.

 

kyoto-temple-or
Le Temple d'Or et son jardin ©Aurélie Croiziers
 

 

Les jardins secs

 

Kyoto abrite les plus célèbres jardins secs au monde. En japonais "jardins secs" se dit Karesansui, mot à mot "sec, montagne, eau". Ces jardins sont composés de sable, rochers, graviers et mousse, en général sans autre plante. Ils sont organisés selon l’art du mitate, littéralement "suggérer quelque chose avec tout autre chose". L’idée est de laisser libre cours à l’imagination : c’est au visiteur de donner sens à ce qu’il regarde. Les possibilités d’interprétation sont alors sans fin, où par exemple une pierre n'est pas seulement une pierre, mais peut être vue comme une montagne. Pour cette raison, les jardins secs japonais fascinent artistes et intellectuels du monde entier depuis des siècles.

 

La balade débute à l’ouest de Kyoto, où le jardin du temple Ryoan-ji est considéré comme une parfaite expression de la spiritualité zen. Branche japonaise du bouddhisme hérité du chan chinois, le zen met l'accent sur la méditation dans la posture assise dite de zazen. Créé par Soami (1472-1523), le chef-d’œuvre paysager du Ryoan-ji, le Temple du Dragon Paisible, est une étendue de sable où quinze rochers sont agencés de telle manière que, d'où que l'on regarde, l'un d'eux reste toujours invisible… A moins que le visiteur ne soit parvenu à l’Éveil !

 

 

kyoto-jardin-ryoan-ji
Le jardin du temple Ryoan-ji ©Aurélie Croiziers

 

 

D’or et d’argent

 

Quinze petites minutes de marche séparent le temple Ryoan-ji et le Kinkaku-ji, le Temple du Pavillon d’Or, construit au XIVème siècle. Même si le splendide pavillon couvert de vraies feuilles d’or capte la plupart des regards, le jardin du parc, comme le temple dans son ensemble, mérite qu’on s’intéresse à lui.

Ce temple fut au départ la demeure du clan militaire Fujiwara avant de devenir un temple zen. Incendié plusieurs fois pendant la guerre d'Ōnin (1467-1477), seul le Pavillon d'Or a survécu, le jardin, quant à lui, a été conservé dans son aspect initial.

 

Ce jardin se veut une miniaturisation du paradis du Bouddha Amida. Étangs, bosquets de forêts denses, jardins de mousse... les paysages sont variés dans ce jardin vallonné. La visite peut se terminer dans la maison de thé située au cœur du jardin. Le visiteur y dégustera un thé vert dans un décor des plus épurés - il n’y a que des nattes au sol - tout en profitant d’une vue imprenable.

 

 

kyoto-temple-or-jardin
Le jardin du Temple d'Or ©Aurélie Croiziers 

 

 

Situé plein ouest, de l’autre côté de Kyoto, le superbe temple bouddhiste Ginkaku-ji, mot à mot Pavillon d'Argent, vaut le déplacement. Datant du XVème siècle, ce temple, qui n’a finalement jamais été recouvert d'argent, est réputé pour ses jardins, l’un sec et l’autre de mousse. Son jardin sec, connu sous le nom de "Mer de sable argenté", est particulièrement célèbre et dispose d'un cône massif de sable qui symboliserait le Mont Fuji. Le jardin de mousse comprend des étangs avec des îles et des ponts, des petits ruisseaux et une grande variété de plantes. Le jardin s’apprécie en se promenant le long d'une allée dans un itinéraire circulaire.

 

 

kyoto-pavillon-argent
Le jardin sec "La Mer de sable argenté" du Pavillon d'Argent ©Aurélie Croiziers

 

 

Pour goûter à la magie des lieux et à l’esprit zen de ces jardins, il est préférable de les visiter en semaine à l’ouverture, avant l’arrivée des touristes. Ces quelques jardins ne sont qu’une infime mise en bouche des superbes sites qu’offre Kyoto… qui compte 200 jardins classés mais aussi 1 600 temples et 400 sanctuaires ! 

 

 

Le sanctuaire Fushimi Inari ©Aurélie Croiziers