Terre de glace et de feu, l’Islande est un paradis pour tous les amoureux de nature et de grands espaces. Destination longtemps réservée à quelques voyageurs aventuriers n’ayant pas peur de braver ses conditions météo capricieuses, l’Islande voit en 2010 son destin bouleversé, comme cela a souvent été le cas dans son histoire, par une éruption volcanique.
Au mois de mars de cette même année, un massif volcanique sous glacier en sommeil depuis 187 ans, l’Eyafjöll, entre en activité et projette dans le ciel un gigantesque nuage de cendres et de roches qui paralyse une partie du trafic aérien mondial pendant plusieurs jours. Bien que cette éruption n’ait eu quasi aucune conséquence pour la population de l’île, elle a braqué les projecteurs du monde entier sur ce magnifique caillou de 103 000 kilomètres carrés perdu au milieu de l’Atlantique Nord.
Dès lors, le nombre de visiteurs se pressant pour admirer les beautés de l’île n’a cessé d’augmenter de façon exponentielle pour atteindre 2,2 millions en 2017 alors qu’ils étaient moins de 500 000 en 2009 à venir visiter ce pays qui compte un peu moins de 340 000 habitants.
Alors est-il encore possible de se balader loin de la foule en Islande ? Fort heureusement, la réponse est oui. Il y a encore des lieux où l’on peut profiter d’une nature sauvage et préservée sans avoir à jouer des coudes avec les touristes venus du monde entier. Voici 5 pépites, hors des sentiers battus, qui méritent bien un petit détour.
La plus belle plage d’Islande n’est peut-être pas celle que l’on croit…Tandis que des dizaines de cars débarquent chaque jour des centaines de personnes sur les sables noirs de Reynisfjara, plage du sud de l’île, classée il y a quelques années parmi les dix plus belles plages du monde par une revue américaine, la plage de sable rose de Rauðisandur, située dans les fjords du Nord-Ouest, reste un secret jalousement gardé. Accessible par une route non goudronnée mais que l’on peut emprunter avec une voiture normale, la plage de Rauðisandur s’étire sur 10 kilomètres de long.
Les derniers lacets de la piste 614 qui mènent à ce joyau des fjords du Nord-Ouest peuvent paraître un peu éprouvants. La pente est forte, les virages serrés mais dès lors que la vue s’ouvre sur cet écrin de sables orangés traversés de méandres argentés et entourés de sublimes falaises, on ne peut être qu’ébahi par le spectacle. À proximité immédiate de la plage, une seule ferme, une petite église noire et quelques dizaines de moutons en liberté pour vous tenir compagnie.
De prime abord, rien ne distingue ce petit village tranquille des fjords de l’Est, autrefois nommé Búðir, de tous les autres villages de cette partie du pays. Et pourtant, pendant près de 400 ans, ce hameau au bord du fjord fut l’un des principaux port d’attache des pêcheurs français d’Islande. Du 16ème siècle jusqu’à la Première guerre mondiale, des milliers de marins bretons et de toute la côte nord de la France sont venus pêcher la morue dans les eaux islandaises. À Fáskrúðsfjörður, en 1896, les Français ont construit le premier hôpital d’Islande.
Au fil des campagnes de pêche, des liens très étroits se sont constitués entre les équipages et les habitants qui ont à de nombreuses reprises porté secours aux marins naufragés. Le village dispose d’ailleurs d’un cimetière de 49 tombes de marins français. Aujourd’hui jumelé avec la commune de Gravelines, Fáskrúðsfjörður cultive ce lien particulier avec la France. Les anciens bâtiments de Búðir liés à l’époque de la grande pêche ont été rénovés et déplacés et forment à présent une “enclave” française au sein du village.
L’ancienne maison du docteur a été transformée en musée. Vous y découvrirez la vie ô combien difficile de ces hommes qui quittaient femmes et enfants pendant plus de 6 mois pour venir travailler dans des conditions misérables. Après une visite passionnante, Fjála, la conservatrice du musée, vous mènera peut-être dans l’ancienne chapelle et entonnera de sa voix puissante un air d’Édith Piaf, sa chanteuse préférée… de quoi vous donner des frissons d’émotion.
Serait-ce la plus belle cascade d’Islande ? Le concours est ouvert et sur l’île, les prétendantes au titre sont très nombreuses. Située un peu à l’écart des circuits traditionnels, cette fabuleuse cascade n’est pourtant qu’à une heure de route de la très fréquentée région de Mývatn dans le nord de l’île. Tout comme sa voisine Goðafoss, Aldeyjarfoss est située le long de la rivière Skjálfandafljót.
Ici les eaux blanches de la rivière ont creusé un magnifique canyon dans une ancienne coulée de lave. Après une chute d’une vingtaine de mètres, la rivière s’écoule dans un splendide cirque bordé d’orgues basaltiques. Les formes et couleurs de la roche offrent un spectacle saisissant et semblent avoir été agencées par un peintre de génie.
Avec ses petites maisons de tôles colorées, ses jardins proprets et ses vues imprenables sur les montagnes du fjord d’Eyafjörður, l’île de Hrísey fait figure de petit eden à moins de 40 kilomètres d’Akureyri, la deuxième ville du pays. Plusieurs liaisons quotidiennes (en été) permettent de rallier Árskógsströnd à Hrísey en 15 minutes de ferry. Vous embarquerez sans voiture car l’île se parcourt à pied – ou en tracteur ! Une grosse demi-journée est nécessaire pour profiter pleinement des charmes de ce territoire de 7,5 kilomètres de long pour 2,5 kilomètres de large.
Les amateurs d’observation ornithologique seront comblés car chaque printemps, près de 40 espèces d’oiseaux viennent nicher sur l’île. On peut notamment y rencontrer très facilement le Lagopède alpin, la Sterne arctique ou bien encore le Courlis corlieu. Trois sentiers de randonnées faciles et balisés permettent de découvrir tous les trésors de ce petit coin d’Islande où le temps semble s’être arrêté. Attention, à force de contemplation, il se pourrait bien que vous ratiez le dernier ferry pour rentrer…
Marcher sur un sol vieux de 4 années seulement ! Voici une expérience peu ordinaire comme seules les Hautes Terres islandaises peuvent en offrir aux visiteurs qui prennent le temps d’arriver jusque-là. Fin août 2014, l’un des plus puissants volcans de l’île, le Bárðarbunga, système volcanique situé sous le glacier du Vatnajökull, est entré en éruption et a déversé pendant six mois près d’1,4 km3 de lave, de quoi recouvrir 80% de la superficie de la ville de Paris. L’Islande n’avait pas connu d’éruption de lave de cette ampleur depuis l’éruption du Laki, il y a 230 ans !
Une partie de cette impressionnante coulée est accessible aux visiteurs depuis Askja en empruntant la piste 910. Les gardiens du parc national du Vatnajökull ont balisé avec des piquets quelques sentiers de randonnée afin que chacun puisse faire l’incroyable expérience de marcher sur cette terre âpre, d’un noir profond et totalement vierge.
Et pour ceux qui auraient envie de prolonger le voyage sur la lune, il est possible de poursuivre la route en empruntant la totalité de la piste F910 qui rejoint Nýdalur. Une des pistes réputées comme les plus difficiles, mais aussi une des plus belles d’Islande. Il vous faudra 8 à 10 heures de route pour parcourir 110 kilomètres. En chemin, il n’y aura pas de réseau téléphonique, aucune construction humaine, trois immenses champs de lave à traverser et pour finir, cinq gués à traverser mais vous aurez vécu la véritable vie sauvage à l’Islandaise.
Voici donc une petite sélection de lieux qu’il est possible de parcourir en toute autonomie, loin des foules pour peu qu’on ait la curiosité et l’envie d’emprunter quelques chemins de traverse. Si, une irrépressible envie de partir vous gagnait, rendez-vous sur le site de Guide to Iceland, proposant une large sélection de voyages à réaliser en toute indépendance.
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