Tourisme durable

Iran : retour en Perse

06 Janvier 2017 - Actualité / Culture

En dépit d’une actualité rarement rassurante, le pouvoir d’attraction de l’antique Perse, ses joyaux archéologiques et architecturaux, mais aussi la culture et l’hospitalité de son peuple, font accourir en masse les voyageurs vers cette étape incontournable et unique en son genre de la Route de la Soie. Petit aperçu apéritif…

Le fabuleux site archéologique de Persépolis, de nuit
 Le fabuleux site archéologique de Persépolis, de nuit

 

  
Lorsqu’en 1990, à l’issue de la guerre Iran-Irak, Changuiz Gholizadeh quitte le Ministère du Tourisme pour fonder la première agence de voyages privée du pays et qu’il contacte les tour-opérateurs occidentaux, ceux-ci lui demandent, incrédules : « Vous avez quelque chose à montrer, en Iran ?... ». « Juste 10% du patrimoine archéologique mondial selon l’Unesco » leur répond-il. Cette année-là, 60 touristes retrouvent le chemin de la Perse.
Ils sont désormais plus de 5 millions chaque année à remonter le fil de l’Histoire dans ce pays paradoxal.
 
 

Plongée antique

 

Autant de visiteurs qui ne s’attardent guère à Téhéran, capitale champignonnesque à la circulation démente, le temps de visiter le superbe musée archéologique (l’autre perle étant le musée de la céramique, du verre et du tapis) pour réviser ses 5000 ans d’histoire locale et se souvenir de qui était Darius et Cyrus. Et en route ! Une première étape fera admirer à Suse et Tepe Sialk, à la fois la plus ancienne ville et la plus ancienne forme d’écriture (cunéiforme) humaines. Puis on reprendra la route, car on fait beaucoup de route en Iran, même si certains sauts de puce peuvent s’effectuer en avion, pour rejoindre Ispahan par exemple. Une route, elle aussi millénaire, qui traverse de vastes horizons désertiques ou multicolores, plats ou montagneux. Souvent somptueuse, offrant régulièrement la surprise de vergers de pistachiers, d’un désert de sel, de citadelles et caravansérails innombrables surgissant de nulle part.
 
 
 La forteresse et la ville pétrifiées de Bam
 La forteresse et la ville pétrifiées de Bam

 

 

De surprise en merveille

 

A Yazd, importante étape sur la Route de la Soie, on admirera les fameuses tours du silence où les Zoroastriens livraient la dépouille de leurs morts aux charognards avant de pointer la boussole vers le triangle des merveilles : Bam, Shiraz et Ispahan. Bam d’abord, forteresse et ville pétrifiée envoûtante veillant inlassablement aux portes du désert et qui inspira à Dino Buzzati son célèbre « Désert des Tartares ». Mais c’est Shiraz et ses jardins de roses (250 variétés en fleur au printemps) qui a le plus inspiré les grands poètes locaux. Hafez, par exemple, dont le mausolée est visité, chaque jour, par des centaines de personnes qui, dans l’accueillante maison de thé attenante, vous récitent toutes ses vers par cœur. A quelques kilomètres de là, le site de Persépolis, ancien palais d’été de Darius avec colonnes, statues, bas-reliefs, jouxté par une très ancienne nécropole, est un régal. Il y a aussi les ruines de Parsagades et le palais des rois de Bishapur, vraiment intéressants, mais le meilleur reste à venir…  
  

Le miracle d’Ispahan

 

Ispahan : le miracle de sa rivière, de ses ponts aux cent arcades abritant chacune une mini maison de thé où le soir, les gens s’assemblent pour parler dans la nuit. Ispahan dont l’hôtel le plus connu, l’Abassi, est lui-même un ancien caravansérail enchanteur. Ispahan dont la place Royale est un pur chef d’œuvre où l’on se sent comme « au centre du monde » avec l’immense portail du souk (gorgé de miniatures, tissus imprimés, épices, céramiques…) d’un côté et les sublimes dômes de la mosquée des femmes (crème, unique au monde) et des hommes (turquoise) de l’autre, art de la coupole, des alvéoles, de la faïence, des « mandalas » graphiques et des perspectives sublim... une beauté absolue, surgie d’un art et de savoir-faire infiniment complexes et pourtant, pour l’œil, immédiatement parlante, saisissante, même pour les non-initiés.
 
 
La mosquée des hommes d'Ispahan
La mosquée des hommes d'Ispahan

 

  
Grâce à la gentillesse, la culture et le sens de l’accueil des Iraniens, on oublie vite les portraits mosaïqués des derniers imams en date installés à chaque carrefour, l’absence de toute image féminine sur les murs (ou même de voix féminine à la radio), des tchadors omniprésents, et on succombe au charme de l’Iran. Le soir, en assistant, dans une Maison de Force, au spectacle de l’un des plus antiques arts martiaux (les Perses faisaient du pain en -2000 et du vin en –6000 ! av JC), en voyant ces athlètes manier des massues de 50 kg comme une majorette son bâton, on comprend que ce pays essaie depuis toujours de marier la puissance et la grâce. Et on commence à saisir l’âme perse, avide avant tout d’élévation.
 
 
PRATIQUE
 
Formalités administratives : Visa + passeport valable 6 mois et comportant au moins 2 pages vierges accolées
 
Décalage horaire : +2h30 été comme hiver et +1h30 automne et printemps
Monnaie : 1 euro = 34.000 rials iraniens environ
Tenue vestimentaire : jambes masquées pour les hommes dans les lieux saints.
Pour les femmes : jambes, cou, bras + foulard "à la Audrey Hepburn"…
Voyagistes : essentiellement des circuits (en auto-tour, attention : les Iraniens conduisent anarchiquement).
 
Egalement des randonnées magnifiques alternant montagnes et désert autour du centre de gravité qu’est Ispahan. Chez La Balaguère par exemple.