Tourisme durable

Indonésie : la jeune femme qui voulait sauver l’île des chats

27 Février 2020 - Biodiversité / Initiatives / Nature / Préservation

À quelques encablures de Bali, se trouve une petite île paradisiaque : Gili Trawangan. Une île tellement idéale en tous points qu’elle est devenue en quelques années LE point de rendez-vous de la jeunesse du monde entier. Au point de presque en mourir. Et puis une jeune femme française, Delphine, tombée amoureuse elle aussi de cet endroit unique, a décidé d’essayer d’arrêter le massacre. C’était il y a 15 ans...

 

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Gili Trawangan, l’île des chats ©ap

 

Lorsqu’elle arrive sur Gili Trawangan, petite île située à une heure de bateau de Bali, en 2004, Delphine Robbe découvre un véritable paradis terrestre. Non seulement l’île, qui compte alors seulement une poignée d’habitants, possède des plages superbes où les tortues marines nagent avec vous à cinq mètres du bord, mais les voitures y sont interdites et les seules motos qui circulent sont... électriques ! Ici, tout le monde se déplace à pied, à vélo ou en carriole à cheval. De plus, l’endroit n’est pas un ghetto touristique : de nombreux indonésiens y passent aussi leurs vacances. Enfin, fait remarquable pour la région, les habitants adorent les chats. Qu’ils soient blancs, noirs, gris ou tigrés, les chats règnent en maîtres sur l’île.

 

Chef d’œuvre en péril

 

Pourtant, il ne faut pas longtemps à Delphine pour se rendre compte que l’endroit est, déjà, un chef-d’œuvre en péril. D’abord parce que les pêcheurs devenus promeneurs de touristes, jettent leur ancre n’importe où et détruisent allègrement la barrière de corail. Delphine, monitrice de plongée qui passe la moitié de sa vie sous l’eau, en a le cœur brisé et décide de se consacrer en priorité à ce problème. Après quelques mois de présence seulement, en novembre 2004, elle lance, seule, un centre de restauration du récif corallien et commence très vite à enseigner les bases pour les protéger, tout en se battant avec acharnement pour sensibiliser la population et faire entendre la voix de la raison.

 

« Les débuts furent extrêmement difficiles et frustrants, se souvient-elle. Tout le monde se moquait alors complètement de l’environnement et d'un tourisme responsable. On me prenait - au mieux - pour une folle et il a fallu des années avant que les gens comprennent que, non, je ne cachais rien, non, je ne faisais pas cela pour l’argent. Juste pour ne pas vivre dans un cimetière doublé d’un dépotoir ! ».

 

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Delphine Robbe, la guerrière pacifique ©ap

 

Un combat acharné...

 

Car la destruction du récif corallien n’est pas le seul problème que rencontre « l’île des chats ». À partir de 2008, l’île paradisiaque de Gili Trawangan fait le buzz et la pression touristique explose. D’un coup. Via les réseaux sociaux, l’île devient officiellement LA plage de Bali, doublée de SA disco. En un mot LE lieu où la jeunesse du monde entier se retrouve pour faire la fête. Non-stop ! Des 50 habitants initiaux, l’ile doit désormais supporter plus d’un million de visiteurs par an, qui laissent derrière eux quelques centaines de millions de cadavres de bière. Entre autres délicatesses. Quant au reste des déchets, 15 à 20 tonnes par jour, ils sont « entreposés » dans une décharge. Alors, après la guerre des coraux (qu’elle est en train de gagner : 150 récifs biorock installés, plusieurs nurseries et centres de propagation), Delphine, en 2009, part en guerre contre les ordures.

 

Cette fois, il est un peu moins ardu de se faire entendre. La jeune-femme est là depuis quelques années à présent. Elle a tissé sur l’île un réseau de sympathisants sensibilisés à l’exemple de David, propriétaire du restaurant Egoïste chez qui les chats sont rois et qui relaie ses actions. Et puis, les ordures, contrairement aux coraux, invisibles et inodores, tout le monde les a sous le nez ! Résultat : 10 ans plus tard, Gili Trawangan dispose d’un centre de tri et d’une déchetterie : 70% des ordures organiques y sont déjà transformés en compost.

 

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Poser son sac devant le restaurant Egoïste n’est pas sans risque... ©ap

 

Non contente d’avoir, en cours de route, créé une clinique pour les chats et les chevaux (pas mieux traités ici qu’ailleurs malheureusement), Delphine se trouve aujourd’hui à la tête de deux ONG. L’une dédiée aux récifs coralliens qui dispense 6 à 7 fois par an aux plongeurs venus du monde entier l’unique formation consacrée à la restauration des récifs ; l’autre, montée en partenariat avec les autorités locales qui se consacre aux déchets. Elle a ainsi créé 32 emplois et les bureaux de Gili Ecotrust grouillent en permanence d’une bonne dizaine de stagiaires et volontaires (ils recrutent !).

 

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Delphine recrute pour un grand nettoyage des plages ©ap

 

« Pour en arriver là, se souvient-elle les yeux fixés sur le cône fumant du mont Agung, le superbe volcan voisin de Bali, j’ai tellement crié dans le vide que j’ai du mal à croire aujourd’hui que mes interlocuteurs sont sérieux lorsqu’ils m’écoutent. Je ne sais pas si je parviendrais à sauver cette île, mais en tous cas j’aurais essayé. A fond. Rien que cela représente une expérience de vie magnifique. Cela dit, si vous voulez nous donner un coup de main, on n’est vraiment pas contre ! ».

 

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