Tourisme durable

Inde, parenthèse enchantée au Meghalaya

29 Octobre 2018 - Culture
Dans le nord-est de l’Inde, l’État du Meghalaya, “la demeure des nuages”, offre une rupture très forte avec les images classiques de l’environnement et des cultures habituellement rencontrés en Inde. Différentes ethnies se partagent d’immenses territoires sauvages de forêts, loin du monde moderne, là où les hommes et la nature vivent en harmonie.
 
Montagnes célestes du Meghalaya, Inde ©Flickr CC – Roman Korzh
Montagnes célestes du Meghalaya, Inde ©Flickr CC – Roman Korzh

 

Bordé au nord par l’Assam et au sud par le Bangladesh, ce petit État est peuplé d’un peu plus de 3 millions d’habitants. Dans les collines humides du Meghalaya, la tribu des Khasi se distingue par sa tradition matrilinéaire : les femmes sont légataires uniques des terres et des titres. Les mères Khasi transmettent le nom de famille, et leurs filles cadettes sont les seules héritières de la propriété. Au Meghalaya, la naissance d’une fille est un évènement heureux !

 

Mawlynnong, le village le plus propre d’Asie

 
Ce système matrilinéaire est à l’origine d’une société plus égalitaire, respectueuse des femmes mais aussi de l’environnement. Pour les communautés Khasi vivant directement des ressources de la nature, celle-ci est sacrée, protégée et vénérée. À 80 km au sud de Shillong, la capitale, le village de Mawlynnong est un exemple réjouissant de ce particularisme culturel. 95 habitations occupent cette enclave fleurie qui a reçu en 2003 le titre de “Village le plus propre d’Asie”.
 
 
 
 
Des paniers en bambou servent de poubelles à l’entrée du village, le plastique y est banni, les rues sont propres et des fleurs décorent les allées. À la fin du XIXème siècle, face à une épidémie de peste, des missionnaires chrétiens et les habitants des villages avaient mis en place des règles de propreté très strictes qui ont perduré. Dans un pays où la gestion des déchets est un problème colossal, Mawlynnong fait véritablement figure d’exception !
 
Une tour d’observation en bambou haute d’une vingtaine de mètres permet d’admirer la vue sur la plaine du Bangladesh. Plus loin, une balade mène au “pont vivant” de Riwai, une architecture naturelle surprenante que l’on retrouve dans les montagnes Khasi environnantes.
 
 
 
Mawlynlong, Meghalaya ©Wikimedia Commons – Ashwin Kumar
Mawlynlong, Meghalaya ©Wikimedia Commons – Ashwin Kumar

 

Cheerapunjee, là où les ponts poussent

 
Dans cet environnement végétal dense et sauvage, traversé de rivières et de cascades spectaculaires, les Khasi se sont adaptés en construisant des ponts étonnants avec les racines d’arbres à caoutchouc, Ficus elastica, souples et aériennes.
 
 
 
À Cheerapunjee, pour se déplacer, les habitants empruntent un véritable parcours-aventure avec des sentiers et des escaliers reliant les villages au cœur de la jungle. Le pont du village voisin de Nongriat impressionne avec ses deux étages. “On ne vient pas dans le nord-est de l’Inde pour les monuments mais pour la nature très préservée, la vie sauvage et les rencontres authentiques”, nous confirme Laurige Boyer, un Français installé près de Shillong depuis plusieurs années.
 
Avec sa femme Khasi, Kriya, ils ont fondé la seule agence de voyage francophone organisant des séjours dans les États du nord-est, les “Seven sisters”. Spécialiste sur place, Eastern Routes propose des voyages thématiques en mettant l’accent sur le trekking, les festivals, l’artisanat ou encore la cuisine locale. Avec sa charte responsable et ses engagements envers le tourisme durable, l’agence partage des valeurs héritées de la tradition Khasi.
 
 
 
Ponts vivants du Meghalaya, Cherrapunjee ©Flickr CC – Roman Korzh
Ponts vivants du Meghalaya, Cherrapunjee ©Flickr CC – Roman Korzh
 
 

Traditions et percussions

 
À l’ouest de Cherrapunjee, les “Garo Hills“, territoire de forêts subtropicales, sont le refuge des Garo, un autre groupe ethnique important du Meghalaya. Chaque année au mois de novembre, ils célèbrent la saison des récoltes et la fin de l’année agricole en rendant hommage à la déesse de la fertilité, Misi-A-Gilpa-Saljong-Galapa. De deux jours, le festival de Wangala s’étend aujourd’hui sur une semaine dans de nombreux villages de la région.
 
 
 
La bière de riz coule à flot, les hommes et les femmes parés d’un turban rehaussé d’une plume chantent et dansent joyeusement au rythme des flûtes de bambou et des trompettes en corne de buffles. Artisanat, jeux, cuisine, les Garo célèbrent fièrement leur culture profondément unie à la nature. Temps fort du festival dans le village d’Asanang où 300 danseurs et musiciens se réunissent pour l’occasion.
 
 
 
Tribu Garo du Meghalaya ©Wikimedia Commons – Vishma Thapa
Tribu Garo du Meghalaya ©Wikimedia Commons – Vishma Thapa
 
 

Tout au long de l’année, une centaine de festivités se déroulent dans les régions du nord-est dont le fameux Hornbill Festival au Nagaland.
 
Un voyage dans les Seven Sisters sans festival n’est pas envisageable. En Arunachal Pradesh, un trek de quelques jours permet de relier les villages des ethnies Nocte, Wancho et Konyak, tous anciens coupeurs de tête ! Au mois de Novembre, le festival traditionnel Chalo Loku de l’ethnie Nocte est un moment inoubliable.” conclut Laurige, en attisant notre curiosité. À vos agendas…