Tourisme durable

Inde, et dieu créa le Spiti !

08 Mars 2023 - Biodiversité / Nature / Patrimony / Préservation

A l’extrême nord de l’Inde, les trekkeurs et voyageurs français connaissent le Ladakh. Un peu plus au sud, se trouve un autre endroit d’exception rarement sur les circuits touristiques : la vallée du Spiti, accrochée sur le rebord de l’immense plateau tibétain.

 

La vallée du Spiti ©Carlos Adampol Galindo Flickr CC
La vallée du Spiti ©Carlos Adampol Galindo Flickr CC

 

 
Spiti, littéralement la “terre du milieu”, entre l’Inde et le Tibet, irradie par ses paysages grandioses de canyons et montagnes dorées. Ce labyrinthe minéral coiffé de hauts sommets enneigés est le refuge de la culture bouddhiste tibétaine.
 

Une contrée préservée, brute, authentique

 
Aucun aéroport à proximité et des routes rocailleuses parmi les plus hautes du monde laissent le Spiti à l’écart de la foule. Sans compter que les hivers rudes l’isolent une bonne partie de l’année. Le voyage se mérite et demande un peu de témérité. Il faut se rendre à Manali dans le piémont himalayen. Puis s’aventurer sur les routes du Lahaul, avant de franchir le Kunzum Pass, col mythique culminant à 4 550 m d’altitude. Tout à coup, apparaît magistralement la vallée du Spiti, du nom de la rivière aux reflets argentés et turquoise qui la traverse.


 

Le col du Kunzum (4550 m) ©Sophie Squillace

 

 

Dans son livre Kim, Rudyard Kipling avait décrit la vallée du Spiti comme “un monde dans un monde”. Plus d’un siècle s’est écoulé, et les choses n’ont pas vraiment changé. Même si les routes s’améliorent progressivement, on ne change pas les caprices du ciel et l’altitude de ces régions.
 
 

Trésor de monastères, de montagnes et de tranquillité


Des petits villages se détachent du tableau avec leurs maisons traditionnelles. L’été, lorsque les champs alentour prennent vie et se teintent d’un vert tendre, il y a des airs d’oasis perdues. Dans cette région parmi les moins peuplées du pays, chaque rencontre compte. L’hospitalité bienveillante et les traditions séculaires des habitants sont un enchantement.
 
 
Bienvenue au Spiti ©Joachim Götz Flickr CC
Bienvenue au Spiti ©Joachim Götz Flickr CC


 

Comme au Ladakh, la ferveur du bouddhisme tibétain est très ancrée. D’imposants monastères veillent sur ce monde oublié. Perché à plus de 4 000 mètres d’altitude, Kye est le plus grand de la vallée. Le Dalaï Lama en personne est venu inaugurer ce lieu sacré en l’an 2000.
 
Plus loin, le monastère de Dhankar trône magistralement. Point d’orgue du voyage : la découverte de Tabo, un des plus vieux monastères bouddhistes au monde, datant du Xème siècle. A l’intérieur, le visiteur admire solennellement l’inestimable collection de fresques couvrant les murs.
 

 

Monastère de Kye ©Wikimedia Commons
Monastère de Kye ©Wikimedia Commons

 

 

Spiti Ecosphère, acteur du tourisme durable


A Kaza, capitale de la région posée à 3 800 m le long de la rivière, le bureau de Spiti Ecosphère fait également office de café, servant l’incontournable jus d’argousier, une boisson locale survitaminée. Ishita Khanna, la fondatrice, œuvre depuis longtemps pour un tourisme responsable, au point d’avoir été récompensée à plusieurs reprises pour ses engagements.
 
 
Habitante du Spiti ©Kandukuru Nagarjun Flickr CC
Habitante du Spiti ©Kandukuru Nagarjun Flickr CC

 

 

Sa petite entreprise sociale et solidaire travaille sur la protection de l’environnement et la préservation de la culture locale. Au-delà des visites classiques de monastères, l’équipe propose diverses expériences avec les habitants de la vallée : cours de poterie, nuit chez l’habitant, rencontre avec un amchi – un médecin tibétain…

 

Maison traditionnelle dans le village de Tabo ©Krishna G S Flickr CC
Maison traditionnelle dans le village de Tabo ©Krishna G S Flickr CC

 


Ishita nous confie que depuis peu, quelques touristes indiens s’aventurent au Spiti en hiver.

C’est une espèce rare ! Il faut qu’ils soient prêts à rencontrer des imprévus car la neige bloque souvent les routes et les cols d’altitude.

En bravant les températures pouvant chuter jusqu’à -30 degrés, le voyageur pourra peut-être avoir la chance d’observer le léopard des neiges