Il est toujours délicat d'approcher les peuples indigènes des pays que l'on traverse. "Je hais les voyageurs" écrivait l'anthropologue. Comment mettre en lumière des peuples dont nous avons tant à apprendre sans les mettre en danger ? Les Himbas, au cœur de la Namibie, sont depuis une célèbre émission de télévision un bon exemple de cette question à se poser. C’est un peuple fier de ses traditions avec les pieds bien sur terre. Prenons donc le volant pour découvrir ce peuple méconnu, magnifique et plein de ressources.
D'abord, des pistes à perte de vue entrecoupées çà et là de barrières et de troupeaux, de cactus et d'éléphants du désert. Peuplée d'ethnies multiples, la Namibie est très étonnante avec son territoire équivalent à la France pour trente fois moins d'habitants. Le meilleur moyen de l'approcher est de louer un véhicule tout terrain avec tente sur le toit et une bonne réserve de nourriture car les villes sont rares et le plaisir de bivouaquer, seul, au milieu de nulle part, est inoubliable.
Chez les ethnies emblématiques du pays, les Himbas, les Hereros ou les Bushman, pas de folklore mais plutôt un passage obligé par des associations pour entrer en contact avec respect et un retour financier direct aux communautés. Les Himbas vivent dans la région du Kaokoland à la frontière de l’Angola. Pour s’y rendre, le mieux est de passer par le célèbre parc animalier Etosha où il est très facile de croiser la plupart des animaux sauvages aux points d’eau. Après plusieurs jours et nuits sous les étoiles dans un décor de western, le bourg d’Opuwo est le lieu idéal pour refaire ses provisions. Nouvelle piste dans une savane bordée de forêts lointaines avant d'apercevoir quelques huttes de terre à l'ombre d'épineux. Les mythiques Himbas, à l’origine peuple nomade de chasseurs-cueilleurs et désormais sédentarisés, sont là, au bout du monde et pourtant si réels et fidèles à leur beauté légendaire.
Les Himbas ont leur propre langue et peu parlent encore l’anglais d’où l’obligation d’avoir un interprète. Ce dernier explique donc au chef le pourquoi de cette visite et lui donne les offrandes achetées à Opuwo, à savoir un sac de sel et un autre de farine. Le courant passe, la bonne humeur délie les langues à défaut de se comprendre. Aussitôt, une jeune fille invite les femmes à la suivre dans sa petite case conique pour partager un moment unique. Assis à même le sol, un léger feu et quelques objets en cuir, le décor est planté.
Démonstration de fumigation à base d'écorces odorantes pour remplacer l'eau qui n'est jamais utilisée pour se laver. Être aussi résistante et belle qu'une "vache rousse", c'est ce dont rêvent traditionnellement les femmes de ce peuple éleveur de bétail. La terre rouge mélangée à du beurre dont elles s'enduisent le corps les subliment. De plus, cette crème naturelle protège la peau des piqûres d'insectes et du soleil. Les coiffures aussi sont tout un art et à chaque période de vie correspond un style qui permet en un coup d'œil de savoir qui a déjà passé quelle étape.
Il y a cent ans, cette ethnie, après avoir été chassée par les colons allemands, fut contrainte d'abandonner sa culture et mendier pour survivre. Aujourd’hui c'est un chef fier et pragmatique qui veille sur sa communauté avec un regard sur l'avenir et un attachement très fort à ses racines.
Le quotidien se tourne essentiellement vers le bétail comme le soulignent ces cases disposées en cercle autour d'un enclos mais cela n'empêche pas les Himbas de faire de temps à autre leurs courses au supermarché d'Opuwo, de rêver à un avenir différent pour leurs enfants et de vendre des objets souvenirs aux quelques touristes de passage. Grâce à leur volonté et un gouvernement favorable, le changement se fait doucement à leur rythme et selon leur bon vouloir. Longue vie à ce peuple éternel.