Tourisme durable

Il faut sauver le parc des Virunga

05 Mai 2022 - Biodiversité / Nature / Patrimoine / Préservation

Dans la région des grands lacs, au croisement de la République démocratique du Congo, du Rwanda et de l’Ouganda, se trouve le parc national des Virunga, le deuxième poumon de la planète après la forêt amazonienne. Les animaux et les humains y ont cohabité depuis la nuit des temps, mais aujourd’hui, la zone est devenue une des plus conflictuelles du monde. Heureusement, les gardiens de ce parc luttent tous les jours pour protéger cette nature en détresse. Le directeur du parc, Emmanuel de Mérode, ouvre aussi les portes aux touristes du monde entier pour permettre aux rangers d’être bien payés car le métier est dangereux. Quand le tourisme peut aussi servir la bonne cause...

 

Troupeau d’éléphants dans la savane ©Virunga park
Troupeau d’éléphants dans la savane ©Virunga park
 
 
Ce premier parc africain, créé en 1925 sur sept-mille-huit-cents kilomètres carrés, recèle la plus grande biodiversité d’Afrique avec plus d’un millier d’espèces de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens ainsi que les fameux gorilles des montagnes. Il représente aussi la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. Un paradis sur terre qui, malheureusement, souffre et se détériore. En cause, la pauvreté et les conflits territoriaux dus à l’afflux de populations menacées venues du Rwanda et à la convoitise liées à ses richesses.

 
Dans ce contexte tendu, le monde animal paye un lourd tribut avec la disparition progressive de nombreuses espèces. Les trophées animaliers rapportent beaucoup d’argent. Le charbon de bois se vend cher auprès de la population qui n'a pas d’autres moyens pour se chauffer, s'éclairer ou cuisiner, ce qui conduit à une forte déforestation.
 
 
Une population pauvre sous la menace des miliciens ©Virunga park
Une population pauvre sous la menace des miliciens ©Virunga park


 

Pour protéger le parc et sa biodiversité, le gouvernement et ses dirigeants ont décidé de former des gardiens qui risquent quotidiennement leur vie pour protéger ce patrimoine inscrit à l’UNESCO. Pour financer ce projet, le parc est ouvert aux touristes désireux de contribuer à la sauvegarde de cet écosystème unique au monde. Il est ainsi possible de visiter cette forêt dense mais aussi des lacs de lave bouillonnants, des vastes plaines de savane et des montagnes recouvertes de glaciers. 
 
 
Un spectacle époustouflant devant les volcans actifs ©Virunga park
Un spectacle époustouflant devant les volcans actifs ©Virunga park


 

Il y en a pour tous les goûts : tandis que certains iront toucher les neiges éternelles des montagnes Rwenzori, d’autres feront du kayak sur les magnifiques eaux turquoise du lac Kivu. Les hébergements ne sont pas en reste pour que le séjour se déroule au mieux avec, par exemple, le merveilleux campement de l’île Tchegera, ce croissant de lune posé sur le lac face aux volcans Mikeno et Karisimbi.
 
 
Joli campement dans le Parc ©Virunga park
Joli campement dans le Parc ©Virunga park

 

 
Mais le clou du spectacle est le trekking à la recherche des derniers gorilles des montagnes. L’aventure se mérite car il faut randonner au minimum trois heures dans un labyrinthe végétal et humide pour tenter d’approcher une famille et son chef, l’imposant “dos argenté”. 
 
 
©Virunga park
©Virunga park

 


Ce tourisme éco-responsable n’est réalisable que grâce au courage des rangers qui luttent contre des miliciens avides pour sauver la vie des animaux et les arbres. Afin de les soutenir dans cet engagement à haut risque et préserver cette grande forêt tropicale, il faut aller sur place et témoigner du danger qui menace ce parc emblématique.
 
Les séjours sont ouverts à des petits groupes car les grands singes sont sensibles et le but du directeur est avant tout de protéger le parc des miliciens mais aussi du tourisme de masse. Les quelques visiteurs seront chanceux mais pour tous ceux qui ne pourront pas venir, il leur sera possible de faire un don. L’essentiel est de participer à l’effort écologique.
 
 
Femme ranger ©Virunga park
Une femme ranger ©Virunga park


 

Il y a deux ans, le 24 avril 2020, seize gardes du parc ont été tués par une fraction armée rebelle, le journaliste Hugo Clément alors sur place commentait : “En vingt ans, cent soixante-seize gardes du parc national des Virunga ont été tués, mais ces combattants de l’environnement ne sont pas morts pour rien. Grâce à eux, les gorilles des montagnes vont de mieux en mieux”.
 
 
La beauté de ce parc unique en Afrique ©Virunga park
La beauté de ce parc unique en Afrique ©Virunga park