Créé voici douze ans pour définir les règles mondiales du tourisme durable, le GSTC (Global Sustainable Tourism Council) tenait sa conférence annuelle en décembre aux Açores. L’occasion de faire le point sur cet organisme et ses avancées…
Le GSTC (Global Sustainable Tourism Council) fut créé en 2007 à l’initiative des Nations Unies, de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) et de diverses ONG avec pour mission de définir les critères généraux de durabilité applicables au tourisme dans le monde entier.
Dès 2008, ses membres commencèrent à définir les critères de durabilité pouvant s’appliquer au secteur privé : hôtels et tour-opérateurs en priorité. Cet énorme travail d’exploration (puisqu’il existait déjà des centaines de programmes de certification !) déboucha sur un corpus relativement simple de règles contenant l’essentiel des critères répartis en 4 piliers : gestion, environnement, aspects sociaux-économiques et aspects culturels. Un résultat obtenu au terme d’une étude qui ne fut pas seulement « de cabinet » puisque dès le départ, le GSTC œuvra en étroite collaboration avec les acteurs privés, mena de nombreuses consultations publiques et réalisa des enquêtes de terrain auprès de plusieurs centaines de milliers d’acteurs du secteur.
Rapidement, les institutions et gouvernements trouvèrent dans le travail du GSTC des éléments les intéressant pour monter leur propre régulation et les liens avec les autorités publiques de nombreux pays se multiplièrent au point qu’en 2013, les membres du GSTC passèrent des acteurs privés aux destinations et aux pays, sachant que les nouveaux critères auxquels le concile aboutit furent dès lors utilisés non seulement pour certifier, mais également pour former ; de nombreuses universités et écoles professionnelles des cinq continents les adoptant comme référence dans leurs programmes.
Douze ans plus tard, où en est-on ? Une cinquantaine d’acteurs majeurs du secteur touristique sont arrivés à intégrer les critères du GSTC (sachant que les accréditations sont difficiles à obtenir et les changements impliqués longs à opérer). Et aucun greenwashing n’est possible : face à la certification du GSTC, les voyageurs ont l’assurance d’être dirigés vers des acteurs vraiment engagés, comme le montre l’exemple du tour-opérateur TUI. Depuis début 2008 en effet, plus de 9 millions de voyageurs ont choisi de rejoindre les hôtels proposés par TUI, tous certifiés. Résultat : 24% de déchets et 10% de CO² en moins, 19% d’eau économisée, 23% d’énergie verte en plus utilisée, sans négliger – élément essentiel – un taux de satisfaction de la clientèle plus élevée. Ainsi, contrairement à ce que pensent encore certains professionnels, la durabilité ne consiste pas à « réduire » ou « empêcher », mais à obtenir de meilleurs résultats, pour être davantage apprécié.
Le chemin vers l’accréditation étant néanmoins souvent long et difficile ; le GSTC n’hésite pas à se transformer en agence de conseils et est enchanté lorsque des pays comme l’Équateur ou l’Indonésie s’emparent de ses critères pour créer leur propre politique et avancer à leur rythme. À ces destinations qui cherchent simplement à se mettre en route, le GSTC propose d’envoyer un expert pour faire le point sur la situation et les aider à mettre en place un groupe de travail qui abordera sereinement ce grand chantier.
Si les membres humains du GSTC ont tous un autre emploi, zéro bureau et sont bénévoles (son président, par exemple, Luigi Cabrini, est directeur en charge du tourisme responsable au sein de l’OMT), ils se réunissent chaque année pour faire le point lors d’une conférence mondiale. Comme cette année, aux Açores où de nombreux aspects importants furent abordés, tel le marketing de la durabilité, l’élimination progressive des matières plastiques, l’amélioration de la politique des achats, la lutte contre le changement climatique, etc.
Et si les membres du GSTC n’en sont pas encore à supprimer leurs propres déplacements aériens ni l’organisation de congrès mondiaux (comme l’ont déjà fait, entre autres, les ethnologues du monde entier), ils ont écouté avec intérêt les représentants de plusieurs pays nordiques qui en sont déjà, de leur côté, à réduire officiellement les voyages en avion.
Au final, lorsque l’on demande à Luigi Cabrini s’il estime que le tourisme durable progresse dans les mentalités, sa réponse est claire :
« On constate des progrès évidents, oui, même si les résultats sont encore très insuffisants face au challenge actuel. Néanmoins, deux faits majeurs m’autorisent à être optimiste. D’une part la jeune génération a des idées parfaitement nettes sur le sujet et aucune envie de tergiverser, seulement celle de sauver la planète ; bravo ! Nous leur préparons des outils précieux pour y parvenir. D’autre part, comme le montre l’exemple de TUI (et nous avons un programme similaire en cours avec les croisiéristes), si la durabilité est encore discutée par certains sous ses aspects économiques, elle n’est plus une option mais est devenue LA voie. Sur laquelle la majorité des organismes concernés s’engageront tôt ou tard selon la pression exercée par les voyageurs qui – seuls ! – définissent la demande réelle en modelant leur comportement d’après les informations qu’ils reçoivent.
D’où l’importance capitale des médias qui doivent non seulement donner une vision réaliste du paysage, mais aussi inciter les gens à changer ! Nous pouvons alors, de notre côté, prendre le relais et les y aider. Car il est important de savoir que tout le monde peut approcher le GSTC. Et travailler avec nous ! »
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