Golfe du Morbihan : entre mer et terre

Pour se faufiler entre les dizaines d'îles du golfe du Morbihan, Herveline Guillouxn spécialiste de la faune et la flore et vice-championne de France de canoë-kayak dans les années 70, est la meilleure des guides. Sautons dans un Béluga II pour mettre le cap sur l’île d’Ilur à environ deux kilomètres au nord de la pointe de Ruault. En dépit d’une trajectoire assez éloignée d’une ligne droite idéale, on laisse rapidement derrière nous la petite île des Œufs. Sur son rocher isolé, un cormoran qui tel un Christ en croix garde ses ailes mouillées grand ouvertes pour les faire sécher.

Ilur, l'île nature
 

Encore un effort, nous abordons sur une plage déserte de l’île d’Ilur - environ 1 km de long, largeur maximale 800 mètres - couronnée de cyprès et de pins maritimes.

Aucune navette ne vient jamais ici, et il faut pour s’y rendre disposer d’une embarcation à moins d’avoir une paire d’ailes comme les bernaches, ces petites oies qui, plutôt que de se geler le croupion dans leur Sibérie natale quand soufflent les vents glacés de l’hiver, se payent un vol long-courrier jusqu’à cet éden breton. En arrivant ici fin septembre, elles ne risquent pas d’être dérangées par la foule. Rien à voir avec l’été où les visiteurs, certains jours, se marchent sur les tongs pour découvrir ce lopin de terre acheté par le Conservatoire national du littoral en 2008 et géré depuis 2014 par le Parc naturel régional du golfe du Morbihan. Personne n’est autorisé à dormir sur place à l’exception du bienheureux gardien à l’étoffe d’ermite, qui a trouvé un toit et un bureau dans le hameau rénové.

Vélo buissonnier dans les Landes de Lanvaux

Tournons le dos à la mer pour entrer dans les terres. Direction Grand-Champ, à la lisière des landes de Lanvaux, une longue crête granitique s'étirant d'est en ouest entre Redon et Camors. Qui dit crête dit relief, oh, pas de quoi éprouver le vertige mais assez pour qu'on parle des "balcons du golfe". L'heure est venue de s'emparer d'un VTT à assistance électrique à la mairie de Grand-Champ pour se lancer sur les chemins bucoliques des Landes de Lanvaux dépourvus, eux, de tout rond-point.

Roulant à travers champs, au cœur des sombres forêts, le long des ruisseaux bavards, on passe du hameau de Lhoperet, où la chapelle Sainte-Brigitte veille sur une poignée de petites maisons de pierre faisant penser à un village d'irréductibles Gaulois en Armorique, aux ruines moussues de la chapelle Notre-Dame de Burgo (XVI^ème siècle) dissimulée sous les frondaisons.

Un crochet pour voir le dolmen de Larcuste, un autre pour longer l'étang de la Forêt… Ici des chevaux, là des ânes, là-bas des vaches, on quitte un itinéraire pour en suivre un autre, notre monture électrique piaffe et en demande encore. Nous aussi.