Tourisme durable

Français du Japon : une question d’affinités profondes…

26 Juin 2017 - Actualité / Culture / Portrait

Pays mondialement réputé pour son histoire, sa culture et sa créativité uniques, le Japon, en dépit de son dynamisme naturel, accueille assez peu d’étrangers sur son sol. Mais ceux qui choisissent d’y vivre durablement éprouvent généralement pour ce pays des affinités très profondes. 

 
 
 
Bénédicte : "Au Japon, tout me parle !"
Bénédicte : "Au Japon, tout me parle !"

 

 
 
 

« Je suis ici chez moi ! »

 

 

Bénédicte vit au Japon depuis 5 ans.

 

« Alors qu’en France, je me suis toujours sentie un peu "en décalage", explique-t-elle, je me sens ici parfaitement chez moi ; la mentalité japonaise me convient à merveille : c’est la mienne ! Un exemple tout simple : hier, j’étais en retard et j’ai quitté mon appartement un peu vite. Rendue dans le bus, j’ai réalisé que j’avais oublié mon portefeuille. "Ce n’est pas grave, m’a dit le chauffeur, vous paierez demain". 
Et je ne vous parle pas là d’une petite ville de province où tout le monde se connaît ; Fukuoka compte plus d’un million et demi d’habitants ! »
 
 
 
 

Un rêve d’enfant

 

 

Pour Bénédicte, le Japon était un rêve d’enfant. Un vrai, un grand rêve. Pour cette raison, elle choisit de s’initier au japonais dès le lycée, puis, ses études terminées, ayant économisé sou par sou pour se rendre plusieurs fois sur place et payer une école de langue intensive, elle se met au japonais « sérieusement » un an et demi durant, tout en effectuant de petits boulots le soir pour pouvoir réaliser son rêve : s’installer et travailler au Japon.

 
C’est aujourd’hui chose faite et Bénédicte vit et travaille dans la ville de Fukuoka, sur l’île de Kyushu, l’une des… 6000 îles qui composent le Japon.
 
 
 
 
Le jardin Yusentei de Fukuoka en automne
Le jardin Yusentei de Fukuoka en automne

 

 
 
« Ici, au Japon, tout est hyper simple et fait pour vous faciliter la vie : on fait ses courses de jour ou de nuit, on voyage très facilement… partout dans le pays, les gens sont d’une serviabilité absolue et, personnellement, je n’ai jamais éprouvé la moindre difficulté à me faire des relations. Surtout si vous parlez la langue, ce qui est ici très apprécié.
 
 
Bien sûr, la culture est différente : on ne mange pas les uns chez les autres le soir, ne pas avoir de carte de visite, c’est un peu comme de se présenter nu à quelqu’un, on conduit à gauche, on retire ses chaussures avant d’entrer, il faut apprendre à décrypter les idéogrammes, des tas de petites choses comme ça qui vous rappelle que vous êtes ailleurs ; mais moi j’adore. Et puis il règne au Japon un sentiment de sécurité… étonnant. Mais attention : pas pesant du tout. On ne se sent pas surveillés ».
 
 
 
 

A préjugé, préjugé et demi…

 

 

Bénédicte poursuit : « Alors, oui, bien sûr, les Japonais passent jusqu'à 14 h au travail et y restent fort tard (pas moi, cela dit et d’ailleurs, personne n’y est obligé), mais… leur productivité n’est pas la nôtre, ils s’assoupissent parfois au travail, arrivent aussi en retard que nous (et sont même plus nombreux à le faire !). Ce n’est donc pas la machine anonyme parfaitement huilée qu’on nous présente parfois. De même, pour rectifier un autre aspect "légendaire" du pays : il faut savoir que les Japonais, avant-gardistes en matière de production des nouvelles technologies, sont restés eux-mêmes très vieux jeu, traditionnalistes ; ils utilisent énormément le fax (bien plus que les mails) et, jusqu’à il y a peu, ma carte de crédit ne me servait à rien ou presque : impossible de l’utiliser à Fukuoka ! »

 

 
 
Bénédicte : « J’adore aussi la cuisine ici, le poulet Nanban »
Bénédicte : « J’adore aussi la cuisine ici, le poulet Nanban »

 

 
 
Bénédicte fait partie des quelques 10 000 Français vivant aujourd’hui au Japon. 
 
 
« Un nombre d’expatriés relativement faible, explique Séverin Guiton chez expat.com (le spécialiste des Français de l’étranger). Car si près d’un million de Japonais vivent à l’étranger (principalement aux Etats-Unis), leur pays accueille sur son sol moins de 2 millions de résidents. Des étrangers qui sont prioritairement chinois (650 000), coréens du Sud (520 000) et philippins (210 000). Le fait qu’il y ait assez peu d’échanges de population entre nos deux pays contribue sans doute à entretenir sur le Japon un certain nombre de « légendes » persistantes ».
 
 
« Alors que tout comme nous, les Japonais ont plusieurs visages, reprend Bénédicte. Celui de la politesse et de la sociabilité la plus exquise d’un côté… qui ne les empêchent absolument pas de vous pousser sans aucun ménagement dans le bus ! En revanche, vous ne verrez personne téléphoner dans les transports, acte considéré ici comme une impolitesse majeure, idem dans certains lieux publics et les rues passantes ; même combat pour la cigarette ».
 
 
 
 

« Une grande beauté… »

 

 

Bénédicte conclut : « Et puis, naturellement, il y a la beauté du pays. On vient de vivre la floraison des cerisiers et c’était juste magique. Personnellement, par exemple, j’adore les volcans. En activité ! Et, par chance, Kyushu en regorge (enfin, de la chance pas vraiment puisque c’est pour ça, entre autres, que j’ai choisi de m’installer ici !).

 

Au sud de l’île, notamment, un vieux volcan fidèle à sa réputation crache des cendres chaque jour et c’est un spectacle magique. Bon, c’est vrai qu’ici, on a peu de congés payés (16 jours par an), mais il y a également pas mal de jours fériés dont je profite pour visiter un maximum le pays. Ou mettre à jour mon blog, car quand je suis arrivée, il n’existait rien sur ce coin du Japon, en Français en tous cas. Il fallait y remédier ».

 

 

 

Le volcan Sakura-Jima, régulièrement en activité
Le volcan Sakura-Jima, régulièrement en activité ©flickr

 

 

 

Autre témoignage, celui d’Elodie qui travaille à Tokyo depuis 4 ans et rêvait également, « depuis toute petite », de se transporter au Japon dont elle adorait les dessins animés et mangas… sur lesquels elle oeuvre désormais, dans les jeux vidéos ! 
 
 
Si, elle aussi vante la grande praticité de la vie quotidienne japonaise (« circuler dans Tokyo est d’une facilité absolue »), elle prévient que pour trouver un emploi, même dans les domaines porteurs (design, informatique, etc.), la barrière de la langue est réelle, sa pratique constituant un atout considérable.
 
 
 
 
 
Tokyo de nuit
Tokyo de nuit

 

 
 
 
 
Pour sa part, en revanche, elle se « sent vraiment obligée » de rester au travail tard le soir avec ses collègues, pratiquement tous les jours, alors que son mari est seul à l’appartement. 
 
 
Et elle regrette que la grande ville ait dévoré traditions et penchants naturels des habitants, l’importance de la famille notamment, pour focaliser leur attention quasi exclusivement sur le travail et cette « incessante quête de la perfection, du progrès, de l’amélioration. Raison pour laquelle sûrement tout ici est si pratique ! »
 
 
Elle rappelle également que Tokyo est une ville chère (la sixième du monde), que les salaires y sont plutôt bas et les logements petits. À part ça, elle goûte aux mille plaisirs du pays et conseille vivement à tous ceux qui envisagent de s’y rendre, même en simple voyage, « d’apprendre au moins quelques mots de la langue, car cela change tout dans le rapport que l’on a alors avec les Japonais »…
 
 
 
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