C’est à Ouarzazate, au Maroc, que s’est tenu fin janvier la 8ème édition du FITS, le Forum International du Tourisme Solidaire. Dédié cette année aux oasis du monde, ce rassemblement d’acteurs engagés fut l’occasion de pousser un grand cri d’alerte et de parler résilience climatique, développement durable et tourisme solidaire.
Comme lors de chacune des précédentes éditions du FITS, tous les participants qui le pouvaient, avaient été conviés à arriver sur place trois jours avant l’ouverture officiel du forum. Le but ?... Découvrir la réalité du terrain, ses problématiques et les initiatives locales déjà mises en œuvre pour y remédier. En mettant, cette année, le projecteur sur le miracle de fraîcheur et de vie que sont les oasis. Des oasis malheureusement aujourd’hui pour la plupart en grande difficulté, en attestent, lors du forum, des oasiens venus du monde entier (du Mexique, de Chine et de... Sibérie).
Mais avant cela, tandis qu’une caravane de véhicules emportait son lot de participants vers les oasis du Tafilalet et les portes du désert à Merzouga, une autre se faufilait à travers l’Atlas (sublimes villages de montagne !) jusqu’à la légendaire vallée des Roses et Tinghrir. Ceux qui avaient opté pour Zagora s’initiaient pour leur part aux anciennes routes caravanières s’élançant à travers l’immensité du Sahara. Quant à ceux qui avaient choisi de demeurer dans les environs de Ouarzazate, ils en découvraient les perles architecturales : kasbahs et ksours remarquables, ainsi que les bases de la vie oasienne.
L’occasion pour chaque groupe de participants (voyagistes, experts, ONG, associatifs, journalistes, acteurs du tourisme...) de s’émerveiller de la richesse touristique du territoire certes, mais également d’en approcher les diverses problématiques : climatiques, économiques, environnementales... et de voir comment les communautés locales étaient impactées et tâchaient d’y faire face.
Ainsi, par exemple, ceux qui avaient opté pour l’exploration de la région de Tinghir découvrirent, entre autres initiatives, un projet de palmeraie collective, de nombreuses coopératives villageoises essentiellement féminines, une enthousiasmante école primaire écologique ou encore le miracle accompli dans un petit village de montagne grâce à quelques fours solaires offerts par une association. Résultat ? La déforestation locale y fut stoppée net.
Puis tout les participants se retrouvèrent au palais des congrès de Ouarzazate. Les conférences introductives sur le tourisme mondial et le changement climatique furent suivies d’un état des lieux, inquiétant, des oasis du monde et du tourisme oasien.
Qu’elles viennent du Niger, de Palestine, du Maroc ou du Sénégal, les voix qui s’élevèrent, confirmèrent que les urgences étaient partout les mêmes : surexploitation des ressources naturelles, dégradation des équilibres de la biodiversité, tendance au réchauffement, à l’aridité et à la sécheresse, urbanisation anarchique, surexploitation des ressources hydriques, modernisation abusive des techniques de production agricole, surpopulation ou, au contraire, désertification, du fait d’une émigration massive des plus jeunes...
L’après-midi et le lendemain furent entièrement consacrés à des ateliers pratiques où les participants proposaient chacun des solutions : « méthodologie de mise en place d’un projet de tourisme responsable et solidaire », « gestion des ressources hydriques », « importance de la mise en réseau des acteurs », « commercialisation des produits du tourisme solidaire », « valorisation des territoires par les labels ».
Une douzaine d’ateliers en tout dont celui dédié à la « complémentarité entre activités agricoles et touristiques » qui fut l’occasion de découvrir le formidable travail effectué par une association française, l’Accueil Paysan, ayant inventé dans les années 80 les fameuses « vacances à la ferme ». Aujourd’hui présente dans 31 pays, cette association encourage les petits exploitants agricoles à ouvrir leurs portes à un tourisme chez l’habitant fraternel, durable, solidaire et pour eux, souvent salvateur. Comme en témoignèrent les représentants de cette association venus du Brésil, du Sénégal ou de Russie, qui dirent tous combien cette activité complémentaire était pour eux précieuse, tant économiquement qu’humainement.
Chaque atelier regroupant plus d’une dizaine de participants, ce sont, en tout, plus d’une centaine de spécialistes qui apportèrent leur pierre à l’édifice et alimentèrent cet échange de bonnes pratiques.
Et comme lors de chaque édition précédente, l’ensemble des interventions et travaux fut réuni dans un document numérique mis à la disposition de tous : une déclaration officielle venant clore ce premier événement international dédié aux oasis.
Une déclaration rédigée sous forme d’appel lancé aux grands acteurs mondiaux pour leur faire part de l’urgence qu’il y a à intégrer dans leurs actions « l’option d’un tourisme responsable et solidaire comme alternative vitale pour les populations locales des oasis ». Une déclaration réclamant également que l’ensemble des oasis du monde (25 pays concernés) soient reconnues en tant que « Patrimoine naturel et culturel de l’Humanité » par l’Unesco et que soit créé par les organisations internationales un « Fond Mondial pour la Préservation et le Développement Durable des Oasis du Monde ». Dont acte ! comme disent les juristes...
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