Tourisme durable

Everest Green, une grande opération de dépollution de l'Everest

04 Décembre 2017 - Actualité / Evénement / Initiatives / Préservation / Voyagistes

Grâce à un financement participatif, le documentaire Everest Green, produit par la Société Lyonnaise Block 8 production, a pu voir le jour. L’association française Montagne & Partage est à l’origine de cette expédition engagée. L’objectif : collecter les déchets sur le toit du monde, les redescendre, trouver une solution pour les recycler, et même les ramener en France le cas échéant. Quel meilleur outil qu’un documentaire pour sensibiliser aux problématiques de déchets au sommet de l’Everest ?
 

 

 
Affiche du film Everest Green
Affiche du film Everest Green

 

 


L’opération Everest Green s’est déroulée du 5 avril au 29 mai 2017 avec une équipe et une logistique importante : 16 Sherpas, dont 10 spécialement dédiés à la collecte des déchets. Fred Delloye, vice-président de Montagne & Partage, a assuré la coordination de la collecte au-dessus de la cascade de glace.
 
 
Gérard Clermidy, président de l’association, gérait l’ensemble du projet depuis le camp de base, avec l’appui de son ami népalais Pemba Sherpa. Sans oublier l’himalayiste et réalisateur Jean-Michel Jorda, la journaliste Sandra Stavo-Debauge et l’équipe népalaise de porteurs, muletiers et cuisiniers.
 
 
 

L’Everest est-il si mal en point ?



 
La situation des déchets qui s’amoncellent sur l’Everest depuis des années d’expéditions est pire que jamais. La fréquentation touristique est en plein développement au Népal et sur ses sommets. Depuis une dizaine d’années, l’Everest est entré dans une période excessive, que l’on peut qualifier de folie : ascension de l’alpiniste le plus jeune, le plus vieux, descente en snowboard ou en parapente, ascension en courant.

 
Au mois d’avril dernier, un DJ anglais a même organisé la plus haute fête du monde en mixant au camp de base, à 5364 m. Ce printemps, on estime qu’il y avait au total entre 1500 et 2000 personnes au camp de base de l’Everest, certains en partance vers d’autres sommets, la plupart pour atteindre le toit du monde. Au final, 450 grimpeurs sont arrivés au sommet. Tous laissent une trace sur Sagarmatha, la montagne sacrée.
 

 
 
L'équipe Everest Green au camp de base ©Everest Green 2017
L'équipe Everest Green au camp de base ©Everest Green 2017

 

 
 

L’Everest : le rêve des grands alpinistes ou des touristes fortunés ?

 

 
La situation de cette pollution relève en premier lieu de comportements humains individuels, venant d’alpinistes étrangers. Est-ce un effet du mal aigu des montagnes ? On est tous surpris par les conduites de ces alpinistes, qu’on croyait sensibles et respectueux du milieu montagnard. Sans doute, parce qu’ils dépensent beaucoup d’argent pour réaliser le défi de leur vie, entre 30 000 et 100 000 dollars par personne selon les agences et la qualité des prestations fournies.

 
Ils n’ont alors qu’une obsession : atteindre le sommet, et relèguent leur conscience environnementale aux agences népalaises qu’ils ont rémunérées. Ont-ils opté pour une logistique suffisante et une agence responsable ? Au-delà des pollueurs de premier plan, que font les autorités locales ? À qui profitent les royalties des permis (11 000 dollars par permis) délivrés aux alpinistes chaque année ?
 
 
L’expédition Everest Green a collecté plus de 5,2 tonnes de déchets de toute nature, le plus souvent non biodégradables, entre le camp de base et les camps supérieurs.  Débris d’échelles en aluminium, sardines de tentes, boîtes de conserve, cannettes de boissons, ustensiles de cuisine, cartouches de gaz, débris de skis, crampons, chaussures, bouteilles en plastique…
 

 
 
Caravane de yaks dans la descente vers Syangbuche avec 1,2 tonnes de déchets ©Everest Green 2017
Caravane de yaks dans la descente vers Syangbuche avec 1,2 tonnes de déchets ©Everest Green 2017

 

 

Les déchets collectés ont d’abord été descendus à l’aide d’une cinquantaine de yaks, puis par hélicoptère russe et ensuite par camion jusqu’à Katmandou. Ils ont été remis à un marchand en métaux qui les a envoyés dans la région voisine du Bihar, en Inde, pour être recyclés.


 

En effet, le Népal ne possède aucune usine de traitement des déchets sur son territoire. Environ 25 kg de déchets hautement nocifs, piles au lithium et batteries, ont été descendus et ramenés en France. L’équipe n’a pas trouvé sur son chemin de bouteilles d’oxygène vides de nouvelle génération puisque celles-ci sont consignées, 100 dollars par bouteille. Les agences népalaises les ramènent tout naturellement à Katmandou pour récupérer leur bonus. Serait-ce la solution ? Donner une valeur marchande aux déchets ?
 
 
 

Passer de l’éveil à l’action

 

 
Au-delà de ce grand nettoyage citoyen, le travail de sensibilisation et les recommandations de Montagne & Partage sont essentiels et s’organisent autour de trois axes : formation des guides et sherpas, responsabilisation des alpinistes et éthique des agences de trekking. Ce documentaire tente de nous alerter et de nous montrer qu’il est possible de grimper au sommet de l’Everest sans laisser de traces avec une conscience environnementale forte et les moyens humains et financiers de redescendre ses déchets. S’ils sont arrivés à le faire au sommet, il doit même être possible de le faire dans la vallée…
 

 
 
Everest
L'Everest

 

 
 
Plus d’infos sur la page Facebook de Everest Green 2017 
 
Le film Everest Green, nettoyer le toit du monde, de Jean-Michel Jorda sera projeté le samedi 9 décembre à 20h30 à Autrans.