Leader du voyage sur mesure en direct avec une agence locale, EVANEOS a réalisé une levée de fonds historique de 70 millions d’euros en septembre dernier. Cette levée, l’une des plus conséquentes de la French Tech en 2018, pose clairement les objectifs de la marque qui souhaite poursuivre son développement à l’international tout en devenant une référence absolue sur le marché français. Une croissance exponentielle qui interroge aussi l’identité et l’ADN d’une start-up qui a toujours eu à cœur de concilier les intérêts du groupe avec les valeurs du tourisme durable.
Evaneos va bientôt fêter ses dix ans (en 2019 !) et en dix ans, la progression a été fulgurante avec déjà plus de 300 000 voyageurs partis, 160 destinations de voyage sur le marché francophone, 180 salariés au siège parisien et 1 300 agents répartis dans le monde. Directeur Evaneos France, Samy Bailly précise :
« Nous sommes passés de 100% de voyageurs français en 2009 à plus de 50% de voyageurs internationaux aujourd’hui. Ils viennent notamment d’Allemagne, d’Espagne, d’Italie, de Grande-Bretagne et des États-Unis. »
Avec cette quatrième levée de fonds, Evaneos souhaite s’imposer comme une marque reconnue en France et à l’international, continuer à améliorer l’expérience digitale proposée à ses voyageurs via des outils et des applications de plus en plus performants et bien sûr, poursuivre son développement à l’international. Pour l’heure, le site est traduit en cinq langues (dont le français), ce qui lui permet de toucher plus d’un milliard de personnes. D’ici un an, afin de s’adapter à cette nouvelle donne, 70 recrutements sont prévus : des agents formés aux besoins des voyageurs internationaux mais aussi des développeurs, des data scientists, des web marketing, ce qui portera à 250 le nombre de salariés fin 2019.
Alors, comment expliquer un tel succès, une telle progression. Sûrement à travers plusieurs facteurs conjugués et notamment, d’avoir su marier à un moment où le marché était mûr, l’envie et la capacité des voyageurs à s’autonomiser dans la construction de leur voyage en ligne, leur besoin grandissant de se sentir au plus près des destinations convoitées (tout le principe du voyage en direct qui saute l’intermédiaire de l’agence classique) tout en était finement accompagné grâce à l’expertise des agents locaux qui, basés dans les destinations, apportent une expérience et une crédibilité réelle.
Autre point déterminant, la grande maitrise de l’ensemble des outils techniques et digitaux qui, à l’ère d’internet, offre à la fois une plateforme mais aussi des applications pratiques et souples aptes à répondre à une clientèle 2.0. D’ailleurs, on est particulièrement frappé, lorsque l’on se promène à travers les étages de la start-up, de la jeunesse et de la diversité de l’ensemble des salariés (plus de 22 nationalités !). Dans l’espace cuisine-cantine, où ceux qui le souhaitent peuvent se retrouver pour le lunch (l’anglais a tendance à cannibaliser totalement le français en ce lieu), c’est un bourdonnement incessant dans toutes les langues.
Jusqu’où ira Evaneos ? La question se pose, forcément, et pas seulement parce que la start-up semble poursuivre une courbe ascendante sans fin, mais aussi parce qu’il y a une dizaine d’années, ses deux fondateurs, Yvan Wibaux et Éric de la Bonnardière, ont été à l’origine de Viatao, éditeur de guides voyages durables et responsables, porteurs de valeurs fortes qu’ils avaient également à l’esprit quand ils ont créé Evaneos. Pour l’heure, la start-up met un point d’honneur à concilier ses valeurs avec ses objectifs de développement. Si elle a peu communiqué sur ses engagements dans un premier temps, une étude de 2014 lui permet d’assurer que son modèle – le voyage en direct – permet de minimiser le taux de fuite des devises. Concrètement, près de 70% des devises dépensées par les voyageurs reviennent directement au territoire.
En outre, la start-up est pourvoyeuse d’emplois en France et dans toutes les destinations qu’elle propose via ses agents locaux, des agents soigneusement sélectionnés, formés, et aptes à identifier des projets sociaux ou environnement sur place pour que le tourisme ne nourrisse pas que le tourisme.
Alors, jusqu’où grossir ? Samy Bailly précise :
« Pour nous, grossir n’est pas une fin en soi. Nous avons un modèle qui parle aux voyageurs et si on se développe, c’est aussi parce que le marché du voyage sur mesure se développe. Toutefois, nous prévoyons de redéfinir notre stratégie durable dans les mois à venir, et récemment, nous avons recruté une responsable développement durable, Dana, que j’accompagne. »
De fait, il reste de nombreuses questions en suspens sur lesquelles Evaneos va devoir se positionner : la compensation carbone, volontaire ou imposée d’en haut, la sensibilisation des voyageurs au tourisme durable, l’interaction avec les réseaux du tourisme durable puisqu’un membre d’ATR, le groupe a pour l’heure fait le choix de s’en séparer – autant de prises de position, et bien d’autres, qui permettront d’éclairer l’ensemble de la stratégie de la start-up, qui a toujours à cœur de revendiquer son ADN « durable ».
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