Tourisme durable

Espagne : de Bilbao à Saint-Jacques, un voyage en train

26 Janvier 2024 - Patrimoine / Transports / Voyagistes

Le nord de l’Espagne est bien moins connu que d’autres régions, et c’est une occasion unique de le découvrir que propose la compagnie ibérique des chemins de fer. Un voyage basse consommation mais haute qualité. 

Les feuilletés du Musée Guggenheim envoient leurs éclats de métal sous un soleil radieux. Ce joyau de l’architecte Frank Gehry visité par plus d’un million de personnes chaque année a redonné à la ville de Bilbao un souffle que le déclin des industries lui avait enlevé dans les années 1970.
 

Le musée Guggenheim conçu par l'architecte Frank Gehry et inauguré en 1997 reçoit plus d'un million de visiteurs par an à Bilbao ©cbouyges

 

C’est précisément de Bilbao et de sa gare Belle Époque que la Renfe, la compagnie espagnole des chemins de fer, invite les voyageurs à poursuivre et à découvrir tout le nord de l’Espagne, à bord de son train Costa Verde Express. Soit un parcours de six jours et cinq nuits, tout confort et faible en émissions carbone, pour explorer, par étapes, un territoire méconnu de 457 km jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle, en poussant la porte de quatre régions chargées d’histoire et de culture
 

Le train Costa Verde Express circule sur une voie spéciale qui n'a qu'un mètre de largeur ©renfe.com
Le train Costa Verde Express circule sur une voie spéciale qui n'a qu'un mètre de largeur ©renfe.com


 

À lui seul, ce train est déjà un voyage : ses vieux wagons de luxe Pullmann des années 1930 ont été rénovés mais évoquent encore l’ambiance mythique de l’Orient-Express où l’on pourrait croiser, dans les étroits couloirs, le détective dandy Hercule Poirot cher à la romancière Agatha Christie. En raison de ses voitures d’époque, le Costa Verde Express, électrifié depuis lors, circule sur une voie étroite d’un mètre de largeur, réservée à ce matériel roulant.

 

Santander, capitale de la petite région de Cantabrie. La jolie promenade du bord de mer, couronnée d’imposantes demeures aristocratiques, attire les familles comme les amoureux ; c’est une vision familière, qui nous rapproche de ces inconnus. La ville, apprend-on, doit ce décor magistral à l’essor de la bourgeoisie au début du XXème siècle, lorsque nobles et hobereaux accouraient à la suite du roi Alphonse XIII et de la reine Eugénie, séduits par ce littoral.


Les Picos de Europa, pics d'Europe dans les Asturies, font partie de la cordillère Cantabrique et culminent à 2649 mètres d'altitude ©ShutterStock

 

À la ville succède bientôt le grand spectacle de la nature. Dans les Asturies, les pics d’Europe, un massif de la cordillère Cantabrique, se dressent à plus de 2600 mètres et leurs sommets pointus se reflètent dans des lacs profonds. Le parc national est l’un des plus anciens domaines protégés d’Europe, classé dès 1918 et aujourd’hui considéré comme une réserve de biosphère. Aucun des participants ne s’attendait à un site aussi grandiose, preuve s’il en est du plaisir que procure cette découverte.
 

Des régions au fort tempérament

 

La ville d'Oviedo est à l'origine du "chemin primitif" vers Saint-Jacques-de-Compostelle, initié par le roi Asturies Alphonse II en 834 ©ShutterStock

 

Le nord de l’Espagne a de quoi nous éblouir. De villages médiévaux en petites villes portuaires, en passant par de nobles cités comme Oviedo qui revendique être le lieu d’origine du chemin de Compostelle, les visiteurs ont rendez-vous avec une histoire mouvementée, un passé de royaumes qui ont laissé, du XVème au XVIIIème siècle, de vastes places entourées de bâtiments ornés de balcons en galerie, et des cathédrales majestueuses. Ils ont aussi laissé l’empreinte d’un caractère combatif qui parvint à résister aux invasions arabo-berbères en 722, et aventurier, comme en témoignent ces “Indianos“ qui, au XVIème siècle, partaient chercher fortune aux Amériques…
 

L'église de Covadonga dans les montagnes des Asturies témoigne d'un fastueux passé de royaumes restés indépendants durant des siècles ©sgrandadam

 

C’est encore à Viveiros, une petite ville de Galice où s’épousent la mer et un fleuve, que l’on s’étonne de ces maisons médiévales et classées, si étroites avec leurs deux mètres de largeur, tant et si bien que nul ne veut aujourd’hui les acheter. Et c’est enfin, non loin de là, que s’ouvrent sous nos pas, à marée basse, d’immenses falaises plantées dans le sable d’une plage féérique. Ces “cathédrales de la mer“, véritables sentinelles muettes, recèlent, dit-on, bien des secrets sur les sirènes et les marins.

 

Une masse de pèlerins
 

LLe palais Renaissance de Fonseca à Saint-Jacques-de-Compostelle, qui fut la première université de la ville en 1945 ©sgrandadam


Les sacs à dos et les chaussures de marche sèment une joyeuse pagaille sur les pavés de Saint-Jacques-de-Compostelle. Au terme de son périple, le pèlerin est roi, pour peu qu’il achète ou qu’il mange. Le visiteur un peu hagard peine à diriger son regard hors de cette foule compacte, et néanmoins, “Santiago“ mérite tous les éloges pour sa beauté. À l’écart du brouhaha, le train, lui, attend ses nouvelles recrues. Nous reviendrons. 
 

Pour en savoir plus : 
- Le train Costa Verde Express