Tourisme durable

Équateur : rencontre avec l’ambassadrice des droits de la nature

22 Novembre 2022 - Culture / Histoire / Nature / Portrait

Les femmes autochtones sont plus de 238 millions et incarnent une autre manière d’être au monde. Patricia Gualinga, du peuple Kichwa en Équateur, est l’une des plus inspirantes !


L’Amazonie en Équateur © Kiyoshi / unsplash
L’Amazonie en Équateur © Kiyoshi / unsplash

 

 

Un laboratoire d’idées pour demain

 
"La Voix des Femmes Autochtones" est une plateforme documentaire qui transmet la parole de femmes inspirantes issues des peuples indigènes. Depuis 2003, avec France Inter puis avec la Fondation Chanel, plus de 60 portraits audio et vidéos ont vu le jour. Comme le dit Anne Pastor, la journaliste-documentariste à l’origine de ce projet "la manière d'être, d'agir et de penser le monde de ces femmes est un laboratoire d'idées pour demain." Alors qu’aujourd’hui encore, être femme et autochtone est une double peine, elles ont beaucoup à nous apprendre. 

 

La voix de la nature

 
Qu’ont en commun des Amérindiennes des États-Unis, des Kichwas d’Équateur et des Dayaks d’Indonésie ? Anne répond : "Elles se sont retrouvées en première ligne dans la lutte contre l’extractivisme. Elles proposent des alternatives originales pour créer un monde plus solidaire et plus durable." Parmi elles, Patricia Gualinga, du peuple indien Kichwas de Sarayaku, située dans la forêt amazonienne d’Équateur.

 
 
Patricia Gualingua © La Voix des Femmes autochtones
Patricia Gualingua © La Voix des Femmes autochtones
 


 

La messagère de la lutte amazonienne 

 
Patricia est la troisième génération de résistants de sa famille et fille de chaman. En 2002, sa vie bascule avec l’exploration pétrolière, dans un pays où 40 % du PIB provient des hydrocarbures, principalement situés en Amazonie. 
 
Elle raconte ce jour fatal :
 
600 militaires se sont cachés dans la forêt pour ouvrir un chemin aux 400 ouvriers de la compagnie CGC et leur installer un camp de base pour explorer notre territoire afin de l’exploiter. Un jour, ils ont quasiment violé une fillette de 11 ans dans la forêt. Alors, nous les avons tous réunis et les avons désarmés, nous les femmes, avec des mots et la seule force de dire Non. (…) Nous ne nous laissons plus faire. Nous avons plus de voix pour pouvoir nous défendre. Tout l’argent du monde ne vaut pas la terre, l’eau, la vie naturelle et l’harmonie de celles et ceux qui y vivent. - Patricia Gualinga
 
Patricia est devenue une Saramanta Warmikuna, une messagère de la lutte amazonienne et l’ambassadrice des droits de la nature. Menacée de mort en 2018, elle poursuit son combat sans relâche. 

 

La faune d’Amazonie en Équateur © Kiyoshi / unsplash
La faune d’Amazonie en Équateur © Kiyoshi / unsplash


 

Harmonie et ouverture sur le monde

 
Les Sarayakus ont réussi à refuser le pétrole et à créer des alternatives. La clé de ce succès trop rare ? Le Sumak Kawsay, le bien-vivre en harmonie. Cette philosophie de vie guide la communauté : les enfants fréquentent une école dans la forêt, ils y apprennent leur culture, leur langue, leur cosmogonie ; une radio communautaire émet en quechua pour continuer la transmission, notamment auprès des jeunes qui n’ont pas connu les tensions des dernières décennies…
 
La communauté s’est récemment ouverte au tourisme. Les voyageurs peuvent loger chez l’habitant et découvrent ce mode de vie unique, grâce à un tourisme autogéré. Les Sarayakus sont en effet ouverts sur le monde : formés aux communications modernes, ils promeuvent avec brio leur cause sur internet.
 
 
 



En savoir plus :  
 
  • Cette voix et bien d’autres peuvent être lues dans l’ouvrage "La Voix des Femmes autochtones" (éditions Akinomé) qui rassemble 40 portraits de femmes de seize pays. Elles racontent elles-mêmes leur propre parcours.
  • La plateforme : www.femmesautochtones.com
  • Sur le peuple Sarayaku : sarayaku.org/en/ (en anglais)