Tourisme durable

En Nouvelle-Zélande, le Whanganui a tous les droits

27 Mars 2019 - Actualité / Culture / Préservation

En 2017, Le fleuve Whanganui, s'est vu attribuer la qualité d'être vivant par le parlement néo-zélandais. Il a maintenant les mêmes droits qu'une personne. Une reconnaissance qui ravit les Maoris pour qui ce fleuve est sacré.

 

 

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Le fleuve Whanganui est depuis 2017 considéré comme un être à part entière par le parlement néo-zélandais ©Christophe Migeon

 

 

Le Whanganui, troisième plus grand cours d'eau de la Nouvelle-Zélande, prend sa source sur les pentes du volcan Tongariro dans l'île du nord et file vers le sud pour se jeter dans la mer de Tasman, quelque 300 km plus loin. C'est ce fleuve qu'ont emprunté les Maoris pour aller cultiver les terrasses de l'intérieur du pays et ce pendant 800 ans. Avec la construction de barrages dans les années 1970, le niveau de l’eau a baissé de plus de cinq mètres. Le fleuve paisible de jadis a laissé place à un cours d’eau nerveux, aiguillonné par plus de 230 rapides, qui serpente le plus souvent au fond de gorges encaissées. Il y a dix ans, il était presque mort à cause des eaux usées de la ville de Whanganui. Mais voilà qu'il renaît grâce une tribu locale qui a lutté pour la reconnaissance de ses droits sur ce fleuve.

 

 

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Il faut 3 jours pour descendre le Whanganui en canoë ©Christophe Migeon

 

 

 

Je suis le fleuve et le fleuve c’est moi

 

 

Depuis quelques années, la Nouvelle-Zélande a engagé un processus de réconciliation avec ses autochtones — aujourd’hui 15 % de la population — et s’acquitte progressivement d’excuses publiques et de compensations envers les Maoris. L’un des plus beaux exemples de réparation s’incarne dans le Te Awa Tupua Act voté le 15 mars 2017 par le parlement qui reconnaît au Whanganui sa qualité "d’être vivant unique" et à ce titre lui garantit sa santé et son bien-être.

 

 

Le guide Haki arrose le canoë pour s'attirer les bons augures du fleuve avant de le descendre ©Christophe Migeon

 

 

 

Au terme d’un litige juridique de plus de 80 ans, les cinq iwis, ou tribus, qui vivent le long de ses rives ont vu enfin reconnue leur connexion spirituelle avec leur fleuve ancestral... et empoché par la même occasion 123 millions NZD, soit 72 millions d’euros. De quoi mettre un peu de baume sur les plaies. Le cours d’eau a désormais les mêmes droits qu’un être humain. Quiconque lui cause dommage est poursuivi comme s’il avait causé tort aux tribus.

 

« Je suis très heureux d’avoir vu la signature de cet accord de mon vivant, reconnaît Tahi notre guide. Mes enfants n’auront pas à gérer cette affaire. Pour nous le fleuve a toujours été un taonga, un trésor, indissociable de nos tribus. On a l’habitude de dire “Ko au te awa, Ko te awa ko au”, Je suis le fleuve et le fleuve c’est moi. »

 

Cette nouvelle "personnalité juridique", qui fait d’un cours d’eau une entité vivante en matière de droit, commence à faire des émules ailleurs dans le monde : le Gange et son affluent la Yamuna, tous deux sacrés pour les hindous qui viennent y faire leurs ablutions, lui emboitent le pas, qualifiés depuis le 20 mars 2017 "d’entités vivantes ayant le statut de personne morale" par la Haute Cour de l’État himalayen de l’Uttarakhand.

 

 

 

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Un Hongi se fait front contre front pour échanger le souffle de la vie qui lie le visiteur à la tribu ©Christophe Migeon

 

 

 

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