Pour se remettre des festins de gruyère, de fondue « moitié-moitié », de meringues plongées dans la double crème, rien de tel qu'une randonnée autour du massif escarpé des Gastlosen, qu'on pourrait traduire par les Inhospitalières. Peu engageant et pourtant...
Au cœur des Préalpes fribourgeoises, Jaun - prononcer Yaun -, la seule commune germanophone du canton, est le point de départ de notre randonnée autour des Gastlosen qui s'élancent fièrement vers le ciel. Cyrille Cantin, notre accompagnateur, les connaît comme sa poche :
« Nous allons contourner nos petites Dolomites, comme on aime appeler les Gastlosen, une barre de calcaire de 400 mètres de haut et de 15 km de long, aux frontières des cantons de Berne, Fribourg et Vaud. Ici, le diable a été pris de remord. Un jour de divine colère, il a lancé sa grand-mère contre la montagne avec une telle rage que la roche s'est transpercée. Depuis il y a un trou géant dans la paroi, baptisée Grossmutterloch. »
Le réservoir de légendes semble sans fond et ça commence en longeant la cascade de Jaun qui jaillit mystérieusement après avoir mis 7 jours pour faire 12 km :
« On ne connaît pas son chemin sous la roche, mais c'est un haut lieu énergique en Suisse. »
Rechargés en énergie, on plonge dans une forêt touffue pour déboucher une bonne heure plus tard sur des champs qui explosent en un véritable feu d'artifice en ce mois de juin. Notre accompagnateur, fin botaniste, énumère chacune des plantes qui tapissent les pentes jusqu'en juillet :
« orchidées, centaurées des Alpes, ancolies, marguerites, fleurs de pissenlit, myosotis, gentianes des neiges... un champ en bonne santé devrait avoir au moins sept couleurs ».
Commence alors une tranquille marche d’approche qui nous permet d’appréhender pas après pas les rugueuses, solides et presque inquiétantes Gastlosen. Paradis des alpinistes, ils peuvent grimper pas moins de 1200 voies, dont la plus ardue porte le doux nom de Torture physique 9a+/b. Nous nous contentons du sérieux raidillon qui nous mène au Wolfs Ort, le col du Loup. Petite pause pour reprendre notre souffle et contempler le panorama sur les Alpes.
« Soldatenhaus – 30 min » : la flèche jaune nous indique le chemin vers le Châlet du Soldat à 1752 mètres. On dévale le sentier rocailleux en pente raide pour arriver éreintés au refuge. À l'origine, cette bâtisse avait été construite par l'armée suisse pour servir de camp de base à l'entraînement du Régiment d’infanterie de montagne 7. Les militaires ont déserté la place. Denise et Marcel Horst-Jaquet ont repris le châlet pour en faire un refuge pour les randonneurs. Depuis la terrasse, un spectacle nous attend : le coucher de soleil enflamme les montagnes en dents de scie. Puis un remontant. Une fondue "moitié-moitié" et une meringue avec sa double crème. Impossible de refuser, ce serait malpoli.
Pour préparer son voyage :
http://www.suisse.com/allibert
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