
A l’heure où la maîtrise des langues étrangères est devenue un atout professionnel majeur, le succès des séjours linguistiques ne se dément pas, bien au contraire. D’autant que, depuis quelques années, les organisateurs ont su leur donner mille nouveaux visages, moins scolaires et plus attractifs, pour engager enfants, adolescents et jeunes adultes à pratiquer la langue « in situ ».
On estime à un peu plus de 500.000 le nombre de jeunes Français qui effectuent chaque année un séjour linguistique à l’étranger. Un nombre en croissance légère mais très régulière dont le gros des troupes est fourni par le bataillon des adolescents de 12 à 18 ans.
Puisque le but recherché est d’ajouter une corde à l’arc de ses compétences en vue de trouver plus facilement du travail, c’est naturellement l’anglais qui tient - et de loin - le haut de l’affiche avec plus de la moitié des séjours dédiés ayant pour cadre l’Angleterre et l’Ecosse. Puis viennent l’Irlande, Malte, les Etats-Unis...
Côté langue de Cervantès, « Auberge espagnole » et ambiance festive obligent, Barcelone fait la course en tête devant Madrid puis les villes du Sud. Le (petit) reliquat des séjours organisés se répartissant ensuite entre Italie, Allemagne, Russie et de plus en plus : la Chine !
La formule la plus classique est celle qu’ont fréquentée les parents des jeunes qui partent aujourd’hui. Elle connaît toujours son brin de succès : cours le matin dans un collège et après-midi libre ou sortie en groupe (de Français uniquement, le plus souvent).
L’hébergement y étant, selon les cas, collectif (logés dans ces mêmes collèges possédant un internat) ou assuré chez l’habitant, plus efficace côté apprentissage. La tendance, maline et plébiscitée par les jeunes, est à l’internationalisation des groupes façon campus, dans l’idée de renforcer la pratique de l’anglais même lorsque l’on se trouve « entre soi ».
Quant à savoir ce qui a changé dans cette formule classique depuis l’époque du film « À nous les petites Anglaises ! » (il y a 30 ans) :
« Rien !, répond du tact au tac Benjamin Huau, fondateur de Kids Vacances, une place de marché regroupant plusieurs milliers d’offres de séjour. Rien dans le fond, ni l’ambiance, même si les choses sont aujourd’hui bien plus « carrées » en matière d’organisation. Pour des raisons de sécurité, entre autres : vigiles devant les centres, davantage d’animateurs et, surtout, parents beaucoup plus vigilants sur le volet pédagogique qui comporte à présent un vrai programme tandis que des évaluations des progrès effectués sont de plus en plus souvent fournies par les organisateurs ».
Sachant qu’un séjour linguistique revient entre 1000 et 6000 € pour deux semaines (1500 € en moyenne sur les séjours linguistiques en Angleterre), on comprend le regain d’attention porté au « sérieux » de ces vacances éducatives. D’autant qu’à la différence des colonies, les séjours linguistiques, situés hors territoire national, ne sont pas contrôlés par le ministère de la jeunesse et des sports et bien moins souvent subventionnés par des aides financières ! (alors que plus de 85% des départs en colonie de vacances le sont)…
Pourtant, côté organisateurs, la grande préoccupation est précisément de faire oublier à ceux qui partent le côté scolaire du séjour, en les attirant au moyen de leur passion personnelle. De ce point de vue, comme pour les colonies, toutes les thématiques possibles et imaginables s’affichent en catalogue. On trouve donc beaucoup de programmes mixtes langue-sport (tous les sports, du foot au golf), langue-culture, langue-BD, cuisine, cinéma, « Star Ac », nature, etc. Dans des conditions d’hébergement identiques : chez l’habitant ou en collège.
Existe également de vrais voyages (un petit 5% des propositions), "road movies" exotiques et attractifs sillonnant les USA, l’Australie ou le Brésil en petit groupe, sans cours pour le coup ! À mi-chemin entre les deux formules, des destinations comme Malte, ont la réputation d’être moins scolaires et plus festives. Tout étant naturellement une question de budget ET de négociations avec… les parents !
Mais d’évidence, si l’on recherche d’abord l’efficacité, rien ne vaut l’immersion. On appelle aujourd’hui « One to one » l’hébergement chez un professeur qui vous consacre plusieurs heures de cours chaque jour. Une formule qui donne bien sûr les meilleurs résultats, raison pour laquelle elle a entretemps gagné les formations pour adultes.
Autre tendance, très prisée : la résidence en campus internationaux aux États-Unis et, version adulte, l’immersion en famille d’accueil avec participation à la vie d’une entreprise en tant que stagiaire, voire salarié ! Sachant que les voyages solidaires proposés par quelques organisateurs, en plus d’être utiles, sont excellents pour perfectionner une, voire deux langues (celle du pays et l’anglais), les groupes de participants étant internationaux.
Enfin, la demande ne cessant d’augmenter, les séjours de longue durée progressent aussi. En Australie, par exemple, des organismes proposent stages et jobs d’été (la grande vogue chez les 18 - 25 ans) ou bien encore des séjours au pair voire la poursuite des études… à l’étranger !
UNOSEL (Union Nationale des Organisations de Séjours Educatifs, Linguistiques et des Ecoles de Langues) : www.unosel.org
L’Office National de Garantie des Séjours et Stages Linguistiques : www.loffice.org