Tourisme durable

Découverte du Svalbard : une voix pour les glaciers

05 Novembre 2023 - Actualité / Initiatives / Nature / Préservation

Situé en mer de Barents au-delà du cercle polaire arctique, le Svalbard est un archipel norvégien sensible au changement climatique. Découverte des enjeux de la région aux côtés de l’explorateur Vincent Colliard.

 

Paysages polaires du Svalbard © Vincent Colliard et Caroline Côté
© Vincent Colliard et Caroline Côté



Instantané d’un archipel polaire


Dans cette combinaison polaire de mer et de montagne, les étendues sauvages se déclinent en glaciers pour 60% du territoire, banquises, plateaux et fjords.

Seulement 3 000 habitants peuplent l’archipel, principalement au Spitzberg, la plus grande île du Svalbard, dont la superficie égale la moitié de la France. Les deux activités historiques de la région, la chasse à la baleine et l’exploitation minière ont laissé place aux explorations et au tourisme.

Si le mot Svalbard signifie littoral froid, ce territoire est particulièrement sensible au réchauffement climatique. Selon une étude réalisée pour la Norwegian Environment Agency, entre 1970 et 2020, la température moyenne a augmenté de 4 degrés, et de 7 degrés en hiver. Une hausse entre 7 et 10 degrés est attendue d’ici 2100.

 

Paysages polaires du Svalbard © Vincent Colliard et Caroline Côté
Paysages polaires du Svalbard © Vincent Colliard et Caroline Côté


 

Un territoire sensible


Vincent Colliard et Caroline Côté sont un couple dans la vie comme dans leurs expéditions. Ils ont entrepris la première traversée hivernale du Spitzberg, en autonomie complète, un périple de 1135 km réalisé en 63 jours au cœur de l’hiver polaire. De cette expédition de la pointe nord à la pointe sud est né le film Njord, a Svalbard Tale. Dans ce "voyage au pays de la pureté minérale", ils retracent avec sincérité leur préparation et leur quotidien éprouvant, ils partagent aussi leurs réflexions.

Les deux mois d’expédition sont impactés par le changement climatique. Leur itinéraire se modifie en fonction de la banquise qui fond sous leurs yeux.
 

Pour les régions polaires, une variation de à 1 ou 2 degrés est majeure, car elle transforme la glace en eau… On le remarque peu dans les régions tempérées, mais quand la banquise devient océan, ça métamorphose totalement l’endroit - Vincent Colliard

 

© Vincent Colliard et Caroline Côté
© Vincent Colliard et Caroline Côté

 


La faune aussi est impactée. Entre peur et fascination, l’explorateur commente : "les ours polaires semblent plus agressifs. Même s’ils ont chacun leur caractère, on les sent plus inquisiteurs."

Par la diminution de la banquise, les habitudes de chasse des prédateurs ne sont-elles pas en train de se modifier ? Les habitants s’interrogent.

Les ours se mettent à chiper des œufs, à manger des algues, à pêcher en rivière. Car il n’y a plus de banquise, ils sont contraints de changer leur régime alimentaire. Certains attaquent même des rennes ou des morses… Normalement, le renne creuse la glace pour manger du lichen. Mais, avec la hausse des températures, beaucoup de glace se forme par-dessus le lichen et les rennes ne peuvent pas toujours gratter cette couche et certains finissent par mourir de faim… - Vincent Colliard

 

© Vincent Colliard et Caroline Côté
© Vincent Colliard et Caroline Côté


 

Quelle place pour les visiteurs ?


Dans ce si fragile équilibre, le questionnement sur la place des visiteurs est légitime. Dans le territoire norvégien autonome et démilitarisé du Svalbard, le tourisme est uniquement possible avec des guides officiels, dans certaines zones autour de Longyearbyen, la principale ville de l’archipel. Chaque expédition est contrôlée par les autorités locales.

Vincent approuve : "l’intervention de l’homme pour gérer les espaces sauvages est nécessaire, elle protège des accidents potentiels et des effets néfastes du tourisme. Il faut se donner les moyens, acquérir expérience et compétences pour découvrir ces endroits rares et précieux. Cela m’a pris les quinze dernières années de ma vie pour réaliser cette expédition et je ne souhaite pas que le Svalbard devienne un second Everest !"

Cette expédition s’inscrit dans le projet Ice Legacy. Vincent et l’explorateur norvégien Børge Ousland ont entrepris la traversée des vingt plus grandes calottes glaciaires de la planète et partagent avec des universités leurs observations et prélèvements sur le terrain.

Vincent s'enthousiasme :

Nous désirons donner une voix aux glaciers et à leur fonte, pour comprendre quelle est la part de responsabilité de l’homme et limiter la fonte des glaces.

Une voix indispensable, que nous leur souhaitons de continuer à porter haut et fort.

 

Vincent Colliard, une des voix des glaciers © Caroline Côté
Vincent Colliard, une des voix des glaciers © Caroline Côté


 

En savoir plus :

Njord, a Svalbard Tale : Bande annonce du film.
Il a reçu le prix du public au festival Objectif Aventure, nous remercions l’équipe du festival qui a permis cette rencontre.
- Office du tourisme du Svalbard (en anglais)
- L'étude de la Norwegian Environment Agency (en anglais)
- Projet Ice Legacy