De l’hospitalité à la solidarité…

Séné dans le Morbihan ©Google Maps

Au bord du golfe du Morbihan, à Séné, le premier gîte de la famille Rouaud reçoit généralement des touristes sans discontinuer. Le second gîte, situé dans le centre de Vannes, accueille d’habitude le personnel des entreprises de passage dans la ville. 

Il y a maintenant 15 jours, en voyant qu’ils étaient « bien plus débordés par les annulations que par les réservations », le couple Rouaud s’est dit que puisqu'ils allaient continuer de payer les charges, autant que leurs gîtes servent à quelque chose.

Golfe du Morbihan ©ap

En regardant les informations locales à la télévision, ils se sont inquiétés pour le personnel hospitalier engagé dans leur lutte épuisante face au coronavirus. Ils se sont aussitôt dit que les personnes appelées en renfort, venant d’autres régions, seraient plus à l'aise dans un gîte que dans un hôtel. Excellente idée car – ils ne savaient pas encore –, tous les hôtels avaient entretemps dû fermer leurs portes...

Ironie du sort, lors de l’ouverture de leurs gîtes 5 ans auparavant, les Rouaud avaient déjà contacté les structures hospitalières locales pour proposer leurs hébergements. On leur avait alors répondu que c'était impossible en raison de la législation des marchés publics.

Cette fois-ci cependant, l’accueil téléphonique fut tout autre. La secrétaire leur passa immédiatement la directrice des Ressources Humaines de l’hôpital Chubert de Vannes qui les remercia vivement et chaleureusement. Les cadres de santé appelés en renfort depuis Rennes, à 1h30 de voiture de là, seraient ravis de ne plus avoir à faire la route matin et soir pour rejoindre l'hôpital... 

Le gîte mis à disposition du personnel soignant ©ap

En refusant toute compensation financière en échange de ce service, le couple Rouaud n’eut pas à attendre longtemps pour voir son second gîte trouver preneur. L’hôpital n’en ayant pas immédiatement besoin, c’est un informaticien en mission dans la ville qui repéra le post sur Facebook et les contacta pour mettre fin aux nuits qu’il devait passer dans… sa voiture. Seule solution à sa portée étant donné que son hôtel venait de fermer.

Il existe en ce moment des milliers d'autres initiatives de ce genre en France. Si l’hôpital de Vannes n’eut pas besoin du second gîte des Rouaud, c’est parce qu’un particulier de la ville venait de les appeler juste auparavant pour mettre à disposition l’appartement que lui-même n’occupait pas durant cette période. Appartement qui fut donc mis à la disposition d’une autre personne appelée en renfort.

Du côté des grandes structures d’hébergement, on appréciera particulièrement l’action du réseau Vaovert (plateforme d'hébergements écologiques) qui a conseillé à tous ses membres de se mettre au service de la communauté autant qu’ils le pouvaient. A noter également, celle du groupe Accor qui a annoncé le 24 mars sa volonté de mobiliser une quarantaine de ses hôtels dans ses différentes enseignes (soit entre 1000 et 2000 lits) pour héberger le personnel soignant dans toute la France.

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