Dans le Parc national Corcovado, le plus grand du Costa Rica, prière de ne pas déranger les résidents. La jungle, enrobant cet immense territoire de 450 km2, n’hésite pas à révéler ses dix-mille espèces d’insectes ou encore ses centaines d’essences d’arbres… Des trésors inestimables.
Dans la pénombre hagarde du crépuscule, les semelles enchaînent glissades et dérapages sur la boue poisseuse. D’obscènes bruits de succions accompagnent nos pas. Pas de quoi décontenancer Eduardo Castro, pour autant. L’ancien orpailleur trépigne lorsque le faisceau de lumière de la lampe torche illumine un spectacle bien étrange pour les novices que nous sommes. Un serpent aux yeux de chat, un iguane casqué et une blatte aussi grosse qu’une grenouille se pavanent là, fiers, semblant se donner en représentation sur une scène dont ils connaissent assurément les moindres recoins.
Pour accéder à ce havre de biodiversité, il faut accepter de mouiller la chemise. Au sens premier du terme. Depuis le poste d'entrée de La Leona tout à l'est jusqu'à la station de La Sirena, centre névralgique du parc, le sentier ne cesse d'hésiter entre la forêt étouffante et la plage baignée d'une buée d'embruns tièdes.
Des bouquets de bananiers, ici et là, rappellent la présence passée de quelques "fincas" (fermes) installées sur le littoral et qui ont dû fermer à l'ouverture du parc. Progressivement les troncs s'épaississent, prennent leurs distances les uns des autres. La forêt secondaire cède la place à la forêt primaire.
"Contrairement aux idées reçues, on voit souvent plus d'animaux dans la forêt secondaire" explique le guide Emilio. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela s’entend. Cigales et autres insectes mystérieux y font chaque jour un vacarme à s'en faire péter les élytres. Ici, pas de pudeur.
La forêt se met à nu, livre sans façon ses habitants au regard des visiteurs, leur dévoile sans pudeur toute son exceptionnelle biodiversité. Une mise en musique en forme de conte de fées pour le voyageur quidam.
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L’Isla del Cano, à 20 km des côtes, a la réputation d’abriter les plus beaux sites de la plongée du Costa Rica continental. Aujourd'hui, l'île érigée en réserve biologique, est tenue par une poignée de gardes en uniforme chargés d'enregistrer les plongeurs et de surveiller l'activité des bateaux de pêche alentour.
Bien ancré au large, l’îlot reste hors d'atteinte des sédiments charriés par les rivières, mais connaît parfois des booms planctoniques. Des orages de milliers de poissons s'abattent alors sur les plongeurs, dévalent les parois des tombants en torrents silencieux, tourbillonnent dans des cirques sableux avant de rejaillir dans le bleu-vert pour se recomposer en nuages compacts et frémissants prêts à éclater de nouveau à la première occasion.
Sur terre, dans le vert des canopées, sous la surface, dans le maelström de courants prolifiques, la péninsule d'Osa continue de faire mijoter la vie à gros bouillons. Et cela ne semble pas prêt de s'arrêter.
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