
Qu'il se rende à l'autre bout du monde ou dans le pays voisin, tout voyageur responsable se retrouve tôt ou tard confronté à un dilemme : comment parcourir le globe de façon réellement écologique, sans laisser derrière moi l'empreinte de mes déplacements ? Autrement dit, comment réduire l'impact que je crée lorsque je prends l'avion, le train ou la voiture pour visiter d'autres contrées ? Car partir au Pérou ou en Chine pour participer à un projet durable ou à une action écologique, c'est louable, mais si c'est pour tout perdre en émissions de CO2 lors de son voyage en avion... c'est un peu dommage.
Heureusement, il existe depuis plusieurs années ce que l'on appelle la compensation carbone : principalement gérée par l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et le GERES (Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarité), tous deux à l'origine de la plateforme Info compensation carbone lancée en 2015, elle permet à tout un chacun de compenser ses émissions de CO2.
Comment ça marche concrètement ? En fait, compenser ses émissions carbone consiste à investir, en échange, dans des projets de développement durable, dont l'aboutissement permettra aux populations touchées de diminuer leur empreinte. On achète ce qui s'appelle des "crédits carbone", qui seront ensuite reversés à des associations ou ONG œuvrant à la mise en place de projets écologiques, dans des pays développés comme en voie de développement.
Sur le site de CO2 Solidaire, également géré par le GERES et destiné, lui, à mettre concrètement en place la compensation, on peut découvrir les projets actuellement en cours, et choisir celui ou ceux auxquels on souhaite que ses crédits carbone reviennent. Parmi eux, un projet de reforestation en Chine, la mise en place de cuiseurs à bois autonomes dans des provinces du Pérou ou du Cambodge, ou encore l'installation d'habitats bioclimatiques (à énergie solaire) dans des villages ruraux et reculés de l'Himalaya. Ce dernier projet, par exemple, a été financé à presque 6% par les crédits carbone ; le GERES estime qu'une réduction des émissions à hauteur de plus de 21 599 tonnes équivalent CO2 est attendue d'ici 2022. Ce sont donc ces tonnes de carbone économisées que nous achetons sous forme de crédits carbone lorsque nous faisons une compensation !
Ethique et transparence sont les maîtres mots du GERES, qui explique clairement sur son site comment est utilisé l'argent récolté. Chaque projet est clair et détaillé, de la conception aux finitions, et les financements impliqués sont toujours présentés noir sur blanc. De quoi compenser l'esprit tranquille !
Si la compensation carbone touche tous les types d'activités (tourisme mais également commerces, banques, événementiel, communication, etc) ainsi que toutes les structures (collectivités, entreprises ou simple particulier), c'est ici le cas du tourisme qui nous intéresse. Alors, concrètement, combien ça coûte de voyager responsable ? Voici quelques exemples : pour un aller-retour long courrier, comme un Paris-Santiago du Chili, la compensation carbone s'élèvera à 119€ par personne. Une belle somme, certes, mais sur un voyage qui coûte plusieurs milliers d'euros, le jeu en vaut la chandelle !
Pour des trajets plus courts, comme un aller simple Paris-Berlin, la compensation carbone équivaut à 6€ pour un trajet en avion ou en voiture diesel, et à 2€ pour un voyage en car : une somme cette fois dérisoire pour nous, mais qui a toute son importance quand on sait que celle-ci participe à la création de quelque chose de concret en matière de développement durable. Plus d'excuse, alors, pour ne pas compenser ! C'est facile, rapide, et on reçoit même un petit diplôme à la fin...
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Malgré tout, la pratique semble être encore marginale : peu de voyageurs la connaissent, et parmi ceux qui la connaissent, combien l'utilisent ? Simone Allibert, de l'agence de voyage Allibert Trekking, a constaté que les voyageurs sont encore trop peu nombreux à utiliser cet outil : "Je pense qu'environ 10% des personnes qui voyagent avec nous pratiquent la compensation carbone. Nous les informons sur la démarche, mais chacun est libre de ses choix, et probablement que le prix doit souvent refroidir les meilleures intentions, surtout pour les longs voyages."
Allibert Trekking encourage ses voyageurs à compenser leurs déplacements en avion, mais cela reste optionnel car l'inscrire dans le prix du voyage forcerait l'agence à augmenter ses tarifs. Si tous les voyageurs n'entrent pas dans la démarche, Allibert peut toutefois se féliciter de montrer l'exemple : tous les salariés voient leurs trajets en avion compensés, et la plupart d'entre eux le font également lors de leurs déplacements personnels. L'éthique est donc ancrée pour ceux qui ont à cœur de réellement voyager responsable et en ont fait leur métier.
Reste donc à nous, touristes d'un jour ou voyageurs de toujours, à nous engager plus concrètement et à acquérir le réflexe de compenser nos déplacements, pour que les voyages que nous voulons responsables le soient réellement.