
Il y a une quinzaine d’années, Grand Angle lançait ses premiers itinéraires de découverte en vélo et bateau à travers l’Europe Centrale. Une idée plébiscitée par les voyageurs, qui a fait son chemin. Anne-Marie, la fondatrice du Tour-opérateur, David, son directeur, et Juliette, la spécialiste de ce type de voyages, nous racontent comment l’aventure s’est déployée et quelles nouvelles destinations s’ouvrent à présent. Rencontre.
L’équipe Grand Angle : Naturellement portés à associer deux activités douces et contemplatives qui nous plaisaient autant, nous avons proposé, il y a 15 ans, un retour en bateau plutôt qu’en autocar, comme il avait été prévu. C’était la dernière étape d’un circuit vélo (un trajet Vienne – Passau) et cela a tout de suite été l’engouement. Les gens ont adoré et on s’est dit : pourquoi ne pas associer le bateau au vélo aussi souvent que possible ?
L’Allemagne et l’Autriche possédant des fleuves aménagés et déjà utilisés pour des croisières ou des escapades sur des bateaux habitués à accueillir des cyclistes, l’association s’est faite tout naturellement. À tout seigneur tout honneur, nous avons commencé par le Danube. La Hollande et ses canaux se sont d’autant plus vite imposés ensuite que les demandes de circuits à vélo ne cessaient de pleuvoir. C’est ainsi que tout a commencé.
GA : Leur parfait équilibre. Entre nature et culture, activité physique et contemplation, le tout grâce à deux moyens de transport absolument complémentaires, car lorsque vous redécouvrez le paysage que vous avez traversé à vélo depuis le bateau, c’est une seconde approche, totalement différente, un second voyage qui s’offre à vous.
Et puis il y a la grande convivialité qui s’établit très vite au sein de nos petits groupes : on découvre au quotidien des choses que l’on est heureux de partager avec d’autres, sachant que ce concept du bateau « refuge » rassure beaucoup les moins costauds, eux qui avaient des doutes sur leur capacité à accomplir la partie vélo. Appréhension non fondée d’ailleurs car tout le monde a, toujours, fini tous les circuits qui n’ont rien de sportifs…
GA : (rire général) On reste en Europe, là, quand même. La vraie rencontre s’effectue entre les voyageurs et ces pays dont en fait on connaît souvent mal l’Histoire. Une compréhension par le terrain : les nombreux musées de plein air hollandais par exemple racontant de manière très pédagogique l’histoire étonnante des polders. Ailleurs, ce sont par exemple ces nombreux monuments romains qu’on ne s’attend pas du tout à rencontrer en Europe de l’Est. Et puis la convivialité du bateau se prête également beaucoup au rapprochement avec « les autres », si on le souhaite.
GA : Déjà, pour rejoindre nos points de départ, pas besoin d’A380, le train suffit ; une bonne manière de faire prendre conscience de la portée de ces modes de transport, très pratiques en l’occurrence. Les voyageurs découvrent ensuite combien le vélo-tourisme est finalement accessible à tous, facile, plaisant… une nouveauté pour beaucoup. Ils s’aperçoivent également qu’un vrai voyage, pétri de découvertes, est possible tout près de chez eux, au cœur de cette Europe que beaucoup découvrent aussi. Enfin, sur un bateau, les ressources étant en partie limitées, ils sont forcément sensibilisés à la notion de gaspillage.
GA : Nous recevons beaucoup de groupes d’amis, des familles également, car tout est hyper organisé, sécurisé, adapté à des enfants de tous âges ; les familles adorant le côté cocoon mobile de la péniche. Des couples également, et enfin toute une clientèle senior rassurée par la possibilité de rester sur le bateau (ce qu’ils ne font généralement jamais) et d’utiliser un vélo électrique ; toutes les personnes désirant faire un voyage à la fois actif et paisible.
GA : De fin mars à mi-mai, la croisière « Tulipes » attire beaucoup de personnes. La floraison des tulipes en est le thème central, mais on voit également d’autres champs de fleurs et mille autres choses, sans oublier le parc Kukenhof qui, à cette époque, est une véritable œuvre d’art géante. La promenade à vélo le long des petits canaux du côté de Leiden est impressionnante, ses paysages vous marquent ; sans oublier la ville emblématique de Delft (faïence), toutes les petites visites locales si instructives ou encore la vente aux enchères des tulipes. Et puis, sur place, tout est fait pour le vélo et, à cette période, le temps se révèle souvent clément.
GA : Ils mettent rarement telle ou telle chose en avant comme sur certaines autres destinations. C’est plutôt un contentement global : changer de lieu sans avoir à faire ni défaire ses bagages, découvrir ensemble des tas de choses, partager « l’aventure » des virées à vélo puis la détente idéale des fins de journée sur le bateau. La formule plaît énormément et le succès ne cesse de croître, les gens revenant et testant les autres destinations. Raison pour laquelle nous ne cessons d’étendre notre gamme.
Seul bémol : nous ne sommes pas les seuls à voyager de la sorte, et les autres Européens sont bien plus disciplinés que nous dès qu’il s’agit de prévoir ses vacances, même en Europe ! Ici, s’y prendre 3 mois avant, c’est déjà trop tard. Tout est pris et il nous a déjà fallu refuser du monde. Mais les gens sont tellement demandeurs qu’ils ont réussi à s’auto-discipliner et réservent de plus en plus tôt. Des Français … pour se rendre en Europe ! Bravo !
GA : Disons deux mots de l’avenir. Grand Angle a été fondé par Anne-Marie et Jean-Claude (son mari) en 1983, sur des propositions de randonnées et de ski de fond. Lui était guide accompagnateur et elle, une enfant de la plaine qui passait ses vacances dans la Beauce ou sur les côtes de la mer du nord et adorait le vélo comme le bateau. Raison pour laquelle le vélo-tourisme a rapidement fait son apparition dans nos catalogues.
Notre TO a rapidement pris de l’ampleur, s’enrichissant des apports et passions des divers membres de l’équipe et n’hésitant pas à innover, comme lorsque Grand Angle, parmi les premiers, a lancé les randonnées en liberté, convaincus que la Liberté était une dimension du voyage méritant bien d’être expérimentée (avec quelque succès puisque tous ont suivi). Et puis il y a un an, concerné par l’avenir de l’entreprise et de ses clients, Anne-Marie et Jean-Claude ont décidé de passer le flambeau à Thomas et David, leurs enfants, tout en demeurant à leurs côtés jusqu’à la fin de l’année 2017, pour une transition douce à quatre mains.
Alors voilà, ce qui était un vrai challenge au départ : installer une agence de voyage au cœur du Vercors ! s’est révélé une idée magnifique, tant bénéficier de ce cadre idyllique nous inspirent tous ; une équipe d’une douzaine de passionnés, chacun expert dans un ou deux domaines, très soudée, tournant, question âge, autour de la trentaine. C’est une passation envisagée au bon moment, bien préparée et bien vécue, qui s’accompagne en conséquence d’une redynamisation des troupes, de plusieurs embauches et d’un foisonnement de projets, au premier rang desquels se trouve un développement important des circuits vélo-bateaux…
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Le site Grand Angle : www.grandangle.fr/