Tourisme durable

Canoë sur le fleuve Charente

09 Juin 2022 - Art / Biodiversité / Culture / Histoire / Nature

La Charente, ce petit département collé à la Charente-Maritime, est principalement connu pour son Festival international de la bande dessinée et son eau-de-vie, le Cognac. Mais pour les initiés de randonnées en canoë, la Charente, c’est aussi le nom du fleuve qui traverse ce territoire de part en part. Loin des foules estivales rencontrées sur les autres fleuves français, ce cours d’eau sauvage et préservé offre des balades bucoliques au rythme des pagaies. Embarquement pour une immersion tranquille, confortablement assis dans un canoë indien à l'écoute de la nature charentaise.

 

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Embarquement à bord d’un joli canoë indien ©Olivier Caillaud

 

 

Tout d’abord, un petit cours d’histoire-géographie pour bien situer le lieu de notre aventure. La Charente est un fleuve long de trois cent quatre-vingt-un kilomètres qui prend sa source à deux cent quatre-vingt-quinze mètres d’altitude, sur la commune de Chéronnac, à l’ouest du plateau de Millevaches. Elle s’étire lentement à travers trois départements pour rejoindre l’océan Atlantique au pied du fort Boyard entre Fouras et Port-des-Barques.

Jusqu’au début du XXème siècle, la partie domaniale du fleuve était un axe de développement économique important. Les gabares, en grande partie construites sur le chantier naval de Saint-Simon, transportaient vers l’aval des billes de chênes servant à la fabrication des fûts pour le vignoble du Cognac. Ensuite, dans l’autre sens, les fûts remplis de l’eau-de-vie précieuse, partaient à la conquête du monde au départ de Rochefort. Depuis une trentaine d’années, les pénichettes de tourisme fluvial ont remplacé les gabares et grâce aux aménagements réalisés par le Département, les itinéraires de randonnées canoës se sont développés.

 

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Petite cabane de pêcheurs le long du fleuve Charente ©Olivier Caillaud

 

Maintenant que les présentations sont faites, il est temps de pagayer pour découvrir cet environnement vert où la quiétude est de rigueur. Il existe plusieurs bases de canoë le long du fleuve dont certaines ont vu éclore des sportifs de très haut niveau comme Martin Braud, Cédric Forgit ou encore Martin Thomas, tous champions internationaux en slalom.

 

 

Mais aujourd’hui, point de course au programme mais plutôt une navigation paisible dans cette zone Natura 2000 qui garantit une faune et une flore abondantes. Ainsi les poissons s’amusent avec le doux remous de l’embarcation et jouent à cache-cache dans les herbiers. La lumière charentaise est reconnue pour sa luminosité qui fait ressortir le charme des vieilles pierres mais là, c’est l’eau qui brille sous les reflets du soleil, un spectacle de toute beauté. Le passage du martin-pêcheur ajoute une note de couleurs dans cette forêt qui rappelle un peu l’atmosphère du marais poitevin voisin.
 

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Le côté sauvage du fleuve ©Olivier Caillaud

 


Le temps est suspendu mais la navigation n’est pas du tout monotone même si le courant est relativement faible et donc aucune crainte à se renverser ni se mouiller. Le passage des écluses est toujours un moment attendu et sportif car il faut attacher le canoë au ponton, monter à l’échelle pour tourner le volant qui permet l’ouverture des portes, entrer le canoë dans l’écluse, refermer la porte et refaire la même chose pour la deuxième porte. Un processus ancien qui nous rappelle le quotidien des gabariers que nous retrouvons dans le magnifique petit village de Saint-Simon dans le musée de la batellerie.
 

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Les nombreux petits ponts en bois ou en métal qui traversent le fleuve ©Olivier Caillaud

 


Tout du long, les petites cabanes de pêcheurs donnent une âme à ce fleuve tranquille qui voit passer aussi sur le chemin de halage les touristes en vélo et les sportifs qui dépassent à vive allure notre embarcation indienne. Et ici et là, un joli petit pont de bois ou de métal traverse le fleuve au-dessus de nos têtes pour faciliter les itinéraires comme celui par exemple de la “Flow vélo”, cette véloroute longue de deux-cent quatre-vingt-dix kilomètres qui relie désormais la Dordogne à l’île d'Aix. La Charente a la chance de recenser de nombreux moulins à eau encore en activité et cela permet des haltes pour reposer le corps mais aussi discuter avec les propriétaires de ces vieilles demeures qui sont tous passionnés et amoureux du fleuve.

 

UNE AUTRE DÉCOUVERTE EN MOBILITÉ DOUCE EN VIDÉO :
 

 

Après la pause, la proue glisse sous une haie végétale, puis le long de jardins bien entretenus de belles propriétés discrètes, comme c’est souvent le cas dans cette région où les grands porches cachent toujours la richesse de l’or local, à savoir le Cognac. Pour les inconditionnels de l’art roman, il ne faut pas hésiter à mettre pied à terre pour marcher vers les petits villages où se dressent toujours une jolie petite église ou une belle abbaye, comme celle de Bassac qui se dévoile au détour d’un méandre.

 

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Les belles demeures discrètes le long du fleuve ©Olivier Caillaud

 

De temps en temps, surtout en saison sèche, il n’est pas rare de pousser le canoë, mais quel plaisir de fouler le sol sablonneux à travers cette eau transparente peuplée de poissons joueurs ! Et aux abords des barrages, les enfants adorent emprunter les glissières à poissons qui font l’effet d’un super toboggan. Ambiance garantie et plaisirs solitaires car ce petit coin de paradis n’est pas encore très connu. Il est plus rare de croiser d’autres aventuriers en canoë que des silures, des hérons voire des loutres !

 

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Une glissière à poissons, un super toboggan ©Olivier Caillaud

 

Ainsi, lorsque les premières maisons des grandes villes comme Cognac, Angoulême ou Jarnac apparaissent au bout de ce tunnel de végétation, c’est un retour à la civilisation qui fait l’effet d’un choc émotionnel. Et pourtant la Charente n’est pas en Guyane au fond de la forêt primaire, mais bel et bien au cœur d’une région habitée. C’est là sa force, son pouvoir de séduction.
 

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 L’aventure à proximité des grandes villes ©Olivier Caillaud