L’île caraïbe recèle un petit trésor sur sa péninsule de Samaná. Loin des séjours standardisés, ce coin de République dominicaine est évidemment touristique mais demeure authentique et incroyablement paradisiaque.
Il existe bien des mots pour dire “bleu“, mais il n’est pas certain qu’ils suffisent pour qualifier les dégradés azur ou turquoise, bleu outremer, indigo ou bleu caraïbe qui s’offrent au regard sur la péninsule de Samaná, en République dominicaine.
Au bout du bout de l’île, sur sa façade nord-est, c’est à Las Terrenas sur le bras de la péninsule qu’il faut poser ses valises afin de mener l’enquête sur ce pantone de couleurs, aussi mouvant que les feuilles de cocotier sous l’alizé.
Bien loin du “all-inclusive“ des resorts de Punta Cana, le spot le plus couru des vacanciers en République dominicaine, on parle encore l’espagnol à Las Terrenas, et aussi, beaucoup, le français. Côté ville, les petites motos pétaradent dans une circulation erratique entre nids de poule et véhicules garés en double file devant une enfilade de boutiques et de maisonnettes sans grâce.
Côté mer, la beauté tropicale se déverse sur vous : un alignement de cocotiers à perte de vue bordant d’immenses plages de fin sable blanc qui contrastent, à l’horizon, avec la luxuriante végétation du rivage découpé en petites baies. En saison, entre janvier et mars, le spectacle des baleines à bosse qui viennent mettre bas dans la baie de Samaná attire de nombreux admirateurs.
Autrefois village de pêcheurs, Las Terrenas a séduit les touristes émerveillés par ce paysage idyllique, la gentillesse des habitants et la douceur de vivre sur l’île. De pêcheurs, il n’y a plus guère de traces : leurs cabanes ont cédé la place à des restaurants, et tout ce quartier de bicoques en bois a d’ailleurs brûlé en 2021.
Nombre de touristes ont pris racine ici. Ils ont investi dans des maisons d'hôtes, des boutiques, des ranchs ou des restaurants. L’ importante communauté française compte même son école.
À Las Terrenas, l’espace et le temps se confondent, le jour s’étire au gré de la baignade ou d’une randonnée à cheval sur des plages désertes et dans une campagne généreuse cultivée par des paysans qui, à en juger par leurs masures, ne roulent pas sur l’or. Deux mondes se côtoient manifestement à Las Terrenas : celui des touristes et des investisseurs, et celui des Dominicains modestes qui ne semblent guère tirer profit de la manne économique.
Au couchant, les langues se délient devant les cocktails vitaminés des kiosques de plage. La conversation se noue aussi bien avec les expatriés qu’avec les Dominicains, sans façons. C’est ainsi que l’on prend connaissance d’autres plaies de cet eldorado, comme le comportement irresponsable de vacanciers qui, certains jours de fête, abandonnent des monceaux de déchets et roulent en 4x4 sur la plage. Des habitants déplorent l’inaction de la municipalité et l’absence de campagne de sensibilisation du public tout comme de véritable gestion des ordures et d’assainissement de la rivière voisine.
Il fait bon s’enivrer de l’eau fraîche de la cascade d’El Limón, à 30 mn de voiture de la ville. Cette chute de 45 mètres de hauteur se niche au cœur d’un massif rocheux enserré dans les collines verdoyantes où poussent la banane, le café, le cacao et les fruits exotiques.
Le dépaysement ne serait pas complet sans la visite du parc national Los Haitises, surnommé la “baie d’Halong“ de République dominicaine.
Accessible uniquement par bateau, ce sanctuaire naturel abrite une mangrove couvrant d’imposants rochers percés de grottes et disséminés sur la mer. C’est là qu’habitaient les premiers autochtones, les Indiens taïnos, qui ont légué à la postérité de puissantes gravures et peintures rupestres.
La meilleure huile de coco au monde
Sur la très longue plage quasi déserte d’El Cosón, l’éblouissement vous gagne.
Tel un Robinson Crusoé, vous cheminez avec pour seules distractions le clapotis de l’eau sous vos pieds, les bois flottés et les piaillements d’oiseaux. Une mer cristalline déploie son nuancier émeraude. Ce n’est que bien plus loin que vous mangerez un poisson grillé au Rancho La Cigua qui vous apparaît comme un mirage. Et s’il est toujours là, un vieillard aveugle cornaqué par un jeune garçon vous proposera de l’huile de coco dans une bouteille de verre. Ne la manquez pas : c’est la plus pure, la meilleure que vous puissiez trouver. Une huile de paradis.