Ils ne représentent pas 1% de la population brésilienne, mais leur rôle est essentiel dans la préservation des écosystèmes. Les peuples autochtones commencent à faire entendre leur voix. Rencontre avec les Huni Kuin de l’État de l’Acre.
A l’heure de l’urgence climatique, les peuples autochtones se font de plus en plus entendre à l’international… à juste titre : si leurs territoires n’occupent qu’un quart de la planète, ils protègent 80% de la biodiversité mondiale, faisant d’eux de véritables gardiens de la Terre.
Le Brésil compte aujourd’hui près de 1,7 million d'autochtones, soit 0,83 % de la population avec une mosaïque de plus de 300 peuples. La quasi-exclusivité de leurs territoires se trouve en Amazonie.
Si leur culture et leurs sols ont été détruits ou menacés depuis des siècles, les choses commencent à s’améliorer. En septembre 2023, les autochtones ont notamment remporté une victoire législative historique : la Cour Suprême brésilienne a conforté leur droit sur leurs terres, en rejetant les positions défendues par le secteur de l'agro-négoce. Ce dernier souhaitait réduire la protection des terres ancestrales et limiter la reconnaissance de nouvelles réserves indigènes. Trois mois plus tard, la Ministre des peuples autochtones a été nommée cheffe de la délégation brésilienne à la COP28, une première !
Léo Landon est un Français d’origine vietnamienne de tout juste 30 ans. Il découvre l’existence du peuple Huni Kuin lors de cérémonies culturelles en Europe. Un coup de foudre qui l’emmène à voyager sur leurs terres, au cœur de l’État de l’Acre. Sa rencontre avec ce peuple le confronte à son rapport à ses propres racines et change sa vie. Après plusieurs déplacements en Amazonie, il crée Jiboiana avec sa compagne Laetitia Jean-Pierre. Il explique :
C’est plus qu’une association : c’est un mouvement pour la reconnaissance du rôle des peuples autochtones.
- Léo Landon
L’État de l’Acre, situé à la frontière du Pérou et de la Bolivie, est tristement réputé pour les conflits entre les défenseurs de l'environnement et les propriétaires agro-industriels, ayant mené aux meurtres de nombreux activistes indigènes. Le peuple Huni Kuin y a subi la colonisation et des massacres liés à l’exploitation du caoutchouc. Dans les années 1970, ce peuple est sur le point de s’éteindre, avant que des chefs et hommes et femmes-médecines s’associent pour préserver leur culture. Depuis 2015, la communauté s’ouvre peu à peu au tourisme, car elle y voit un moyen de gagner des revenus pour vivre dans le respect de leurs coutumes.
Jiboiana s’inscrit dans cette démarche et répond à la volonté des Huni Kuin de créer un pont entre eux et le reste du monde, afin de faire connaître leur culture et leur lutte. Trois axes principaux sont développés depuis 2020 avec de nombreux projets autour de la reforestation, de l’eau potable et de la conservation culturelle : plantation de milliers d’arbres, dont des fruitiers, qui permettront aux habitants et à la faune de se nourrir, construction de puits à panneaux solaires qui permettent à des centaines de personnes d’avoir accès à l’eau potable, ou encore apprentissage linguistique… Les Huni Kuin souhaitent en effet assimiler l’anglais ou l’espagnol, afin de pouvoir communiquer directement avec le monde - les traductions trahissant parfois leur pensée.
L’association Jiboiana propose enfin des voyages autour des programmes de reforestation. Le moyen pour les Occidentaux de participer activement à la protection de l’environnement, mais aussi d’échanger avec les habitants des communautés. Car pour Léo, la place de la rencontre est essentielle.
Nous sommes tous des gardiens de la Terre potentiels, on l’a juste oublié ici en Europe, avec tant de distractions… Rencontrer et soutenir les peuples autochtones, c’est une invitation à devenir soi-même gardien de la Terre ! - Léo Landon
En savoir plus :
L’association et le peuple Huni Kuin : http://association-jiboiana.com/