Tourisme durable

À Berlin, fais ce qui te plaît

10 Octobre 2018 - Culture

Berlin est souvent désignée capitale mondiale de la culture alternative. À chaque voyage, on ne peut que s'étonner de découvrir de nouveaux lieux qui détonent. Petite balade en 2 étapes à l'effet whaou. 


Collection Boros, prendre un bunker par la main

 
 
Au dix-huit, dix-neuf, vingt, peu importe de la Reinhardtstrasse, si vous levez les yeux, vous verrez s'élevant bien au-dessus de vous un colossal cube de béton gris, un bunker en fait. Pas n'importe quel genre de bunker. Celui-ci a des airs de palais florentin et ses plans s'inspireraient de ceux de Palladio, l'architecte de la Renaissance italienne.
 
 
Le musée Sammlung Boros, un bunker transformé en lieu d'exposition ©SammlungBorosBerlin
Le musée Sammlung Boros, un bunker transformé en lieu d'exposition ©SammlungBorosBerlin
 
 
Vouloir se protéger des bombes ne dispensait pas d'un certain souci du style. Sorti indemne de la guerre du côté est de Berlin, on y entassa d'abord des prisonniers puis des bananes de Cuba, ce qui lui valut le sobriquet de Bananen-Bunker. La chute du Mur mit fin à son régime. Il dévoila alors son côté « rock around the bunker » en se transformant en reine de la nuit. Qui l'aurait cru en 1942 lors de sa construction ? Il abrita un club échangiste. Après sa fermeture par la municipalité en 1995, il connut encore quelques évènements, mais son avenir restait morose.

 
 
Collection Boros - Kris Martin ©SammlungBorosBerlin
Collection Boros - Kris Martin ©SammlungBorosBerlin
 
 
En 2003, Christian Boros, un publicitaire, l'acheta pour y déployer sa fabuleuse collection d'art contemporain et accessoirement construire au sommet son appartement non moins fabuleux, mais que l'on ne visite pas. Le béton étant très bien armé, l'aménagement du site nécessita cinq années de travaux et l'extraction de 1500 tonnes de gravats.
 
 
 
Collection Boros - Santiago Sierra ©SammlungBorosBerlin
Collection Boros - Santiago Sierra ©SammlungBorosBerlin
 
 
Aujourd'hui, si l'on pousse la porte blindée, on peut découvrir sur 3000 m2, dans un décor stupéfiant des artistes tels que Olafur Eliasson, Sarah Lucas, Santiago Serra… À l'accueil, une cloche suspendue pesant une tonne et demie se balance en silence. Son battant a été ôté par l'artiste qui a voulu tuer le temps et je dois avouer qu'elle m'angoisse à rester muette au-dessus de ma tête.
 
 
 
Collection Boros - Olafur Eliasson ©SammlungBorosBerlin
Collection Boros - Olafur Eliasson ©SammlungBorosBerlin

 

Liquidrom, mariner au fond de la piscine

 
Au bas des escaliers, il y a bien une porte pour le vestiaire femmes et plus loin au bout du couloir, une autre pour le vestiaire hommes. Bizarrement, une fois l'une ou l'autre franchie, c'est bien le vestiaire du sexe opposé que l'on peut voir à l'extrémité de la salle... commune. Est-ce une porte qui est de trop ou une cloison qui manque ? Peu importe.
 
En sortant, c'est à gauche. Il faut longer le bar afin de rejoindre la piscine. Derrière un sas, sous un dôme de béton qui forme comme un couvercle, elle se dissimule dans une pénombre apaisante. L'eau est salée. Elle est aussi incroyablement chaude. Un DJ joue une musique planante qui apporte la touche finale. Relax. Deux gaillards, crânes rasés et barbes taillées en carré sortent de l'eau. L'un a dans son dos, à la hauteur des trapèzes, un tatouage en lettres gothiques : bear.
 
 
 
Liquidrom, un des spas les plus design d'Europe ©LiquidromBerlin
Liquidrom, un des spas les plus design d'Europe ©LiquidromBerlin
 
 

Son acolyte en porte un d'inspiration maorie classique en travers de ses pectoraux. Ils sont à poil. Très naturels. Pendant ce temps, un tourtereau pelote sa tourterelle, mais pas trop. Des haut-parleurs diffusent la musique sous l'eau. Tiens ? Des paroles françaises qui flottent : « elle était étourdie… mais elle aimait les enfants... ». Comme c'est étrange. Aujourd'hui, c'est samedi et la piscine reste ouverte jusqu'à une heure du matin. Ça me laisse encore une bonne heure à me prélasser.
 
 
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