
L’artiste nomade Alexandre Sattler nous emmène au Bénin : là-bas comme ailleurs, son travail humaniste donne un sens au voyage.
Côte Atlantique sauvage, mangroves, mais aussi montagnes et villes pittoresques : le Bénin, délaissé des autoroutes touristiques, a beaucoup à offrir au voyageur. Spirituelle par son vaudou, endiablée par sa danse, ou encore colorée et chaleureuse, cette langue de terre ouest-africaine saura toucher celui qui fait l’effort de la connaître.
C’est là qu’Alexandre Sattler, photographe humaniste et réalisateur de documentaires sonores, s’est récemment rendu. Il a arpenté le pays du sud au nord, dans le cadre d’un travail artistique pour le No Mad Festival.
"Pour moi le Bénin, c’est le retour à l’Afrique de l’Ouest, après un premier voyage quand j’avais 19 ans ; c’est à cet endroit que je me suis mis en mouvement. Même si le quotidien des Béninois est aussi difficile qu’il y a vingt ans, il y a cette incroyable notion qui perdure : le vivre ensemble, où la communauté est si importante."
L’artiste se définit comme un rêveur qui crée chaque jour sa réalité désirée. Ce cheminement pétri d’utopie et de pérégrinations lui a permis de trouver sa place, à part dans le monde. Il cite volontiers Krishnamurti pour illustrer sa démarche : "Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade."
Les rencontres sont le moteur d’Alexandre :
"J’ai longtemps été fasciné par les peuples premiers, qui ont gardé un lien fort avec la Terre et leur environnement, par opposition au monde matérialiste. J’ai eu envie de rencontrer ces peuples, mais aussi des ethnies et traditions différentes. La rencontre y est un émerveillement. Si au début l’autre est un inconnu, je cherche rapidement comment en faire un ami."
Alexandre se fait volontiers blagueur, même joueur, il a toujours des tours de magie dans sa poche, un moyen pour lui de sortir de la position de touriste-consommateur. Le lien ainsi créé est primordial pour lui : "Au Bénin, je me souviens d’une vendeuse d’ananas en bord de route, une petite fille. J’ai joué avec elle. Si je gagne l’attention des enfants, j’obtiens celle des parents. Alors je peux prendre un cliché qui a du sens."
Cette relation permet un travail artistique unique : des photographies spontanées, où le public ressent lui-même la force de la rencontre. L’image devient un puissant outil de transmission et se déploie une réelle humanité.
Alexandre n’est pas seulement photographe, avec son micro, il récolte aussi des sons inédits. Son podcast, Regard’ailleurs, donne la parole à des voyageurs ayant une action qui le touche. Ces deux médias, images et sons, transformés en de puissants instruments de partage, donnent sens à ses périples. Car les émotions relient tous les êtres humains, elles sont au cœur de sa démarche. Il précise :
"La plus belle des émotions à cultiver, c’est la joie. Nos sociétés sont en famine de l’essentiel, il y a une urgente nécessité de se connecter à la joie intérieure. Le sourire est pourtant le langage le plus universel, c’est cliché, mais réel. Dans un contexte où les sourires ont longtemps été cachés, j’ai voulu un projet positif, joyeux, universel".
Le livre Éloge du sourire a ainsi vu le jour. Parmi des dizaines de sourires comme autant de miroirs de notre humanité commune, on trouvera une fillette béninoise, rencontrée lors d’une cérémonie dans un monastère vaudou où elle résidait. À découvrir !
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