Tourisme durable

Barentsburg, vestige russe au Svalbard

21 Février 2018 -

En hiver au Svalbard, le soleil affiche de bien pâles lueurs. Mais les habitants russes de Barentsburg ne regrettent pas trop la lumière de la surface, tout occupés qu'ils sont à travailler au fond d'une mine. Pour enrayer la baisse de l'activité minière, le village polaire, vestige de l'ex-URSS, s'ouvre au tourisme. 

 

Barentsburg, ville minière russe en territoire norvégien ©ChristopheMigeon
Barentsburg, ville minière russe en territoire norvégien ©ChristopheMigeon


 

Direction Barentsburg où une petite communauté russe s'active autour de l'extraction de charbon. Car si l'archipel est sous souveraineté norvégienne, les pays signataires du Traité du Svalbard en 1920 ont le droit d'en exploiter les ressources naturelles. La Russie est aujourd'hui le seul pays étranger à exercer ce droit. Pour atteindre le village situé à 55 km de Longyearbyen, il n'y a que le bateau l'été et la motoneige l'hiver. 

 

Cabane éclairée la nuit près de la capitale Longyearbyen ©ChristopheMigeon
Cabane éclairée la nuit près de la capitale Longyearbyen ©ChristopheMigeon

 


Ce matin, l'air est plutôt vif : l'intérieur des narines se colle à chaque inspiration. Lorsqu'on demande la température ambiante à Fyodor, le guide russe prend son thermos d'eau bouillante, remplit un gobelet qu'il jette en l'air. L'eau se dissipe instantanément en un nuage de givre. "Voilà, il fait au moins -20 °C !" Béni soit l'inventeur des poignées chauffantes sur les motoneiges ! Les engins s'enfoncent dans le feutre de la neige et du froid sous des cieux qui semblent avoir été repeints pour des chambres d'enfant, entre le rose parme et bleu layette. 

 

Paysage emblématique du Svalbard ©ChristopheMigeon
Paysage emblématique du Svalbard ©ChristopheMigeon

 

Ici et là, des rennes grattent le manteau neigeux à la recherche de lichens bientôt broutés avec une gourmandise de vaches normandes. À mi-chemin, les premiers rayons de soleil de l'année illuminent enfin le sommet des plus hautes montagnes. Il faudra s'en contenter, l'astre lui-même ne daignera se montrer que le 8 mars. 

  

« Notre but , le communisme » 

 
Après des kilomètres de nature immaculée, au détour d'un virage, surgit soudain la banlieue d'un complexe industriel sibérien. Un fatras de grues rouillées, de wagonnets remisés, de débris indéfinissables agonise à moitié enseveli sous la neige au pied de deux cheminées rouge et blanche dignes de Novossibirsk. L'une crache blanc, l'autre fume noir. Bienvenue à Barentsburg, 300 habitants, dont 120 mineurs.
 
 
 
Le buste de Lénine sur la place de Barentsburg ©ChristopheMigeon
Le buste de Lénine sur la place de Barentsburg ©ChristopheMigeon

 

 
Sur la place centrale, le buste du petit père Lénine est toujours à l'honneur, entouré de barres d'immeubles construits sous l'ère Brejnev. Un architecte a jugé bon de les repeindre en orange et bleu cobalt, sans doute avec l'idée d'infuser un soupçon de gaieté dans ce décor d'apocalypse post-nucléaire. Le long de la rue principale, des hommes emmitouflés dans leur parka s'adressent de tonitruants "zdravstvuite", autant pour se saluer que pour se réchauffer. Au pied des HLM, une longue sculpture donne le ton : "Notre but, le communisme". Peut-être que les gens qui vivent là n'ont pas la radio et ignorent la chute du mur de Berlin... Et si les Russes avaient voulu faire de Barentsburg une capsule temporelle

 
Plus d'infos sur www.visitnorway.fr 
 

 
Bloc de glace qui perdure de Novembre à Mars ©ChristopheMigeon
Bloc de glace qui perdure de novembre à mars ©ChristopheMigeon