Des palaces pour touristes pleins aux as. Des îles désertes sur lesquelles des stars font main basse. Difficile d’avoir une autre image de cet archipel corallien des Caraïbes. Et pourtant, les Bahamas renferment un patrimoine naturel exceptionnel et des habitants soucieux de le préserver.
L’avion amorce sa descente vers l’aéroport de Nassau. De minuscules tâches vertes semblables à des confettis annoncent la myriade d'îlots qui composent les Bahamas. 2 700 en tout, éparpillés sur 260 000 km2, à cheval sur le tropique du Cancer, juste en face de la Floride. Les hublots affichent un dégradé de bleu turquoise à mesure que l'avion se rapproche de la piste d’atterrissage.
Nassau, sur l’île de New Providence. Le paradis pour jeunes mariés, milliardaires ou agents 007. C’est en effet à l’hôtel Ocean Club que Daniel Craig alias James Bond joue du pistolet contre des méchants dans le film Casino Royale.
Si le pays donne plutôt l’image du faste clinquant, il est en réalité très soucieux de son environnement. L’archipel est conscient qu’en 50 ans, la pêche a considérablement réduit les stocks de poissons. Il a donc bien fallu agir. Et c’est l’ONG Bahamas Reef Environmental Educational Foundation qui a impulsé le mouvement.
Grâce à elle, les Bahamas ont imposé des quotas et des saisons de pêche qui ont encouragé le renouvellement des populations. Cinq réserves naturelles sous-marines ont aussi été délimitées.
Et les premiers résultats sont encourageants. La proportion de conques, le coquillage national proche du lambi guadeloupéen, est aujourd'hui 30 fois plus importante dans les réserves qu’en dehors !
Ce souci de l'environnement ne date pas d'hier. En 1958, le pays crée son premier parc national dans les îles Exumas (au sud de l’archipel). L'année qui suit, voit la naissance du Bahamas National Trust, un organisme gouvernemental qui gère aujourd'hui 27 parcs nationaux et réserves naturelles terrestres et marins.
Le Trust protège aussi un certain nombre d'espèces endémiques comme le Hutia (un pigeon à couronne blanche), le flamand rose des Indes Occidentales ou le perroquet des Bahamas (un volatile aux plumes vertes et à la tête blanche). Si les Bahamas, c'est le paradis sur terre, c'est donc aussi un paradis vert.
Depuis le ciel, l'archipel d’Andros, criblé de trous bleus, ressemble à de la dentelle de pierre. C'est l'érosion des roches calcaires qui a fait naître ces énigmatiques piscines intérieures dont certaines sont reliées à la mer par un système de grottes sous-marines.
Andros compte 250 de ces "trous bleus", classés Parc national, soit la plus grande concentration au monde. En 2009, une équipe de biologistes rassemblés au sein de la Bahamas Blue Hole Expedition a entrepris d’analyser les conditions de vie des espèces dans ces eaux uniques au monde.
Uniques car les eaux des trous bleus des Bahamas sont anoxiques, c’est à dire sans oxygène. Comme aux premiers instants de notre planète. Du coup, elles sont un formidable objet d’études pour les scientifiques mais aussi pour les astrobiologistes qui y voient les conditions d’un développement similaire de la vie sur Mars ou Jupiter...
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